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Publié le dimanche 28 février 2021 à 07h04 Un petit passereau vient d’être vu à Bornéo près de 180 ans après avoir été recensé pour la dernière et la première fois. Ces dernières années, plusieurs espèces que l’on croyait disparues ont été à nouveau aperçues. Enfin de bonnes nouvelles dans ce monde de brutes ? Son nom l’Akalat à sourcils noirs, malacocincla perspicillata en latin, ou brown-browed babbler en anglais. C’est un petit passereau de quelques dizaines de centimètres aux yeux rouges, dont nous ne savons presque rien. Et pour cause personne ne l’avait vu depuis près de 180 ans ! Éclaircie dans un monde bien sombre, il vient de réapparaître, comme auparavant le chien chanteur, le coelacanthe ou le kangourou de Wondiwoi. De quoi réellement espérer ? "La plus grande énigme de l'ornithologie indonésienne"Le 5 octobre 2020, deux habitants, partis en forêt près de chez eux dans la partie indonésienne de l’île de Bornéo, "sont tombés sur une espèce d’oiseau inconnue", écrit l’Oriental Bird Club dans un article publié ce 25 février. "Ils ont attrapé cet oiseau puis l’ont relâché après avoir pris des photos." Ils contactent alors deux groupes d’ornithologie locale, BW Galeatus et Birdpacker, qui soupçonnent la découverte d’un Akalat à sourcils noirs. Découverte confirmée ensuite par des scientifiques locaux. La nouvelle, publiée dans la revue BirdingASIA, est "comme une illumination", explique son principal auteur Panji Gusti Akbar. "Cet oiseau est souvent considéré comme la plus grande énigme de l’ornithologie indonésienne. Il est époustouflant de se dire qu’il n’est pas éteint et qu’il vit dans les forêts de faible altitude." Il n’existait en effet jusqu’alors qu’un seul et unique spécimen connu de cette espèce, collecté dans les années 1840 et décrit en 1850 par un ornithologue français, Charles Lucien Bonaparte, suite à la découverte de l’Allemand Carl Schwaner au cours d’une expédition. Depuis, personne ne l’avait officiellement observé à nouveau. Le spécimen du XIXe siècle est empaillé et exposé au Muséum national d’histoire naturelle des Pays-Bas. Le spécimen trouvé dans les années 1840 et exposé au Muséum national d'histoire naturelle des Pays-Bas. Les yeux sont artificiels, d'où l'absence de couleur rouge. L'oiseau trouvé en octobre 2020, bien vivant, et pas plus gros qu'un billet de banque Depuis la découverte du spécimen vivant en octobre, les chercheurs attendent impatiemment de retourner sur place, mais leurs projets sont mis à mal par le contexte sanitaire. "Il n'y a pas de restrictions de déplacement pour l'heure, mais nous redoutons d'importer le virus dans la communauté locale à Bornéo", explique Panji Gusti Akbar, auteur principal de l'étude. "Nous espérons cependant explorer le site en août prochain, si la situation se stabilise." Les prochaines étapes qui attendent l'équipe scientifique "Identifier la population d'oiseaux, l'habitat, et surtout la menace. L'Union internationale pour la conservation de la nature n'a aucune donnée sur l'Akalat à sourcils noirs, il est classé "data deficient". Nous espérons d'abord collecter plus d'informations pour mieux comprendre la situation de la population d'Akalats, avant de prendre des mesures de conservation de l'espèce", ajoute Panji Gusti Akbar. "Il y a là une occasion unique de sanctuariser ces forêts pour protéger l'Akalat et les autres espèces", estime Ding Li Yong, co-auteur de l'article, et membre de BirdLife International. Quoi qu'il en soit, "les découvertes comme celles-ci sont incroyables et nous font croire qu'il est possible de retrouver d'autres espèces qui sont perdues du point de vue scientifique depuis des décennies ou davantage", a déclaré à l'AFP Barney Long, de la fondation Global Wildlife Conservation. Chien chanteur, cœlacanthe, kangourou de Wondiwoi... Ces animaux que l'on pensait disparus à tout jamais ont été retrouvésCe n’est pas la première fois qu’une espèce disparue réapparaît aux yeux du monde. En août 2020, une étude américaine confirmait le retour des chiens chanteurs de Nouvelle-Guinée. Observés en 2016 et 2018, il a fallu des analyses ADN pour confirmer leur appartenance à cette espèce, censée avoir disparu à l'état sauvage depuis un demi-siècle. Ces chiens au cri très surprenant, à mi-chemin entre le hurlement de loup et le chant de baleine, ne subsistaient plus qu'en captivité, l'espèce s'appauvrissant au fil des croisements et de la consanguinité. "La population de chiens chanteurs sauvages n'est pas seulement importante pour la préservation de l'espèce, c'est aussi un chaînon important pour la compréhension de la domestication du chien", écrivent les auteurs de l'étude. Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt. L'une des "réapparitions" les plus incroyables est celles du cœlacanthe, un poisson massif résidant dans les eaux comoriennes et indonésiennes. Et pour cause il était censé être éteint depuis 70 millions d'années. En 1938, un spécimen vivant est pêché et confié à une scientifique, Marjorie Courtenay-Latimer, qui l'étudie avec l'aide d'un confrère, James Leonard Smith. Les chercheurs sont face à un "fossile vivant" ou presque la nageoire caudale de l’animal a trois lobes, caractéristique des cœlacanthes, prospères il y a 350 millions d’années ! Aujourd'hui, le cœlacanthe est souvent qualifié de "faux poisson" car il possède, vestige de l'évolution, deux humérus et deux fémurs, comme les mammifères. Le nom scientifique du cœlacanthe est "Latimeria chalummae", en hommage à Miss Latimer. C'est le plus ancien vertébré encore existant sur Terre. Un autre "fossile vivant" la chelonoidis phantasticus, une tortue des Galapagos, a été redécouverte en février 2019, déclarée éteinte depuis plus de 100 ans. Le dernier spécimen en vie avait été répertorié en 1906. Dès 1942, des faisceaux d'indices excréments, traces de repas semblaient indiquer la présence de tortues sur cette île volcanique de l'archipel, mais il aura fallu plusieurs décennies pour parvenir à mettre la main sur un spécimen. La tortue femelle identifiée en 2019 "dépasse les cent ans, c'est une tortue très vieille", déclarait alors à l'AFP Washington Tapia, directeur du programme de récupération des tortues géantes de l'ONG américaine Galapagos Conservancy. L'enjeu est désormais de trouver un partenaire mâle afin de perpétrer l'espèce. Le seul et unique spécimen de Chelonoidis phantasticus, redécouverte en 2019 Chez les mammifères, il aura fallu attendre 90 ans pour retrouver la trace du kangourou arboricole de Wondiwoi, ou dendrolagus mayri de son nom scientifique. Ce marsupial de Nouvelle-Guinée n'avait été vu qu'une seule fois en 1928, et décrit en 1933. "C'est l'un des mammifères les moins connus au monde", explique Mark Elridge, biologiste australien, au magazine National Geographic article en anglais. En 2017, Michael Smith, un botaniste amateur se rend dans les montagnes de Papouasie à la recherche de rhododendrons. Il entend parler du dendrolagus mayri, introuvable depuis des décennies. En 2018, il retourne sur place et monte une expédition spécialement dédiée à la recherche du kangourou arboricole. Une semaine plus tard, il revient de la jungle avec plusieurs clichés de la bête. Aujourd'hui, le site Global Wildlife Conservation répertorie l'espèce comme "critiquement menacée" et indique être "en train de préparer une expédition avec des partenaires locaux, afin de vérifier l'observation et de confirmer qu'il s'agit, en effet, de cette espèce disparue. Il est impératif que des mesures de conservation soient mises en place dès confirmation de la redécouverte par le biais de techniques scientifiques, notamment des analyses ADN." Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage 2020, à Madagascar, une équipe de chercheurs annonçait dans la revue Salamandra la redécouverte du caméléon de Voeltzkow, une espèce endémique de l'île que personne n'avait vue depuis 1913. Les scientifiques espéraient le trouver en forêt, c'est finalement dans le jardin en friche d'un hôtel qu'ils ont mis la main sur 18 spécimens, trois mâles et 15 femelles. Les femelles, vertes à l'état normal, se parent de vives couleurs noires, bleues, blanches et oranges lorsqu'elles sont soumises à un stress. Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage million d'espèces restent pour autant menacées d'extinction à travers le mondeCes découvertes réjouissantes ne doivent pas pour autant nous faire oublier l'extinction de masse qui touche des milliers d'espèces animales. En 2018, le WWF démontrait dans son rapport annuel qu'en quarante ans seulement, la population de vertébrés avait chuté de 60%. En 2019, l'IPBES plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques faisait état dans son rapport d'un constat encore plus alarmant "un taux d'extinction des espèces sans précédent et qui s'accélère un million d'espèces menacées d'extinction". Le responsable est désigné l'Homme. Selon ce rapport, depuis 1900, l'activité humaine a altéré 75% de l'environnement terrestre, et plus de la moitié de l'environnement sous-marin. A cause de la surpêche, un tiers du stock de poissons marins a été exploité en moins de temps qu'il ne faut pour renouveler les populations. La pollution de l'eau aux métaux lourds et aux engrais, la défaillance des systèmes d'épuration, la vague de plastique son usage a été multiplié par dix depuis les années 80 sont autant de facteurs contribuant à la destruction des espèces. Selon la liste rouge mondiale de l'Union internationale pour la conservation de la nature UICN de 2020, "sur les 128 918 espèces étudiées, 35 765 sont classées menacées". Aujourd'hui, plus de 150 espèces d'oiseaux sont considérées comme "disparues", n'ayant pas été observées ces dix dernières années. 40% des amphibiens, 26% des mammifères et 14% des oiseaux sont actuellement menacés d'extinction, de même qu'un tiers des requins et raies. Nous pouvons citer le crocodile des Philippines, qui ne compterait qu'entre 90 et 130 adultes à l'heure actuelle ; l'oryx algazelle, qui n'existe plus à l'état sauvage ; le rhinocéros de Java qui ne compte plus que 18 représentants ; ou encore l'esturgeon, chassé pour son caviar mais dont la reproduction, très lente, ne permet pas de compenser les pertes d'individus adultes. Août 2020 un esturgeon juvénile dans une ferme russe. Cette ferme vise à repeupler les eaux de la Volga face à l'extinction des esturgeons sauvages. En septembre 2019, nous publiions une enquête de Philippe Reltien pour la Cellule investigation de Radio France sur les pesticides, principale cause de la disparition des oiseaux en France. On y découvrait une situation alarmante pour le chardonneret élégant, le coucou, le milan royal, le pigeon ramier, la perdrix grise, l’alouette. Quand, en trente ans, l’Europe a perdu plus de 421 millions d’oiseaux. Vous trouvez cet article intéressant ? 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faitattention de laisse reproduire que tes bleu de gascogne qui non pas de barre sur les ailes sinon sa devien des biset. papi62630, Posté le mercredi 04 juin 2008 19:10. pas See other formats 1^ Je donne au prieuré de Sainte-Foi cinq sous morlans sur la course de chevaux qui a lieu à Mor- làas à la fête de Toussaint. Le prieuré était obligé de loger et de nourrir pendant trois jours le vainqueur delà course {qui vicerit cursuuï avec deux hommes de sa suite. Gaston fut un des héros des croisades. Tude- bcuf racontj qu'un jour, marchant contre les Sarra- zins avec Godefroy, Tancrède et d'autres chevaliers, les chevaux de bagage les suivaient sans garde, ce qui fut regardé comme de bon augure. L'affection des guerriers pour le cheval allait jusqu'à la superstition. L1- CHi^VAi.. 19 Ce qui passionnait surtout les esprits aux temps che- valeresques, c'était le tournois, image de la guerre, école de prouesse, divertissement de braves. Les seigneurs de Béarn, en bâtissant le château de Pau, avaient réservé ce que nous appelons la basse ville pour le caui hatailhc le champ de bataille. Ressusci- tons par la pensée un des nombreux tournois que Ton y donna. L'espace destiné aux combattants est entouré de hours, espèces d'échafiiudages en planches ornés de guirlandes de buis, de fleurs et de tentures, afin de recevoir les populations accourues de toutes parts. En ce temps-là, le choix du costume n'était pas fa- cultatif. Chaque classe de la société avait le sien, et y tenait. La variété des habillements était très pittores- que. L'écuyer ne pouvait porter d'aussi riches four- rures que le chevalier, qui avait seul le droit d'orner son manteau de soie, d'hermine et de petit-gris. La femme du peuple ne portait que des robes de laine sans ornements d'or ni d'argent. Le costume des gens de la campagne ne variait pas seulement de province à pro- vince, mais encore de village à villaJ BEARN. Foix et de Béa m. Il portait au cou un écu aux armes de Monseigneur; il avait à la main une belle épée. L'cpée fut offerte à l'évèque ; le comte prit l'écu, le montra à l'assemblée, puis en fit don avec le cheval à l'écuyer qui ôta sa cotte de maille et la livra. Le cheval de la bannière fut offert par un noble per- sonnage de la famille du comte; celui-ci portait les di- verses pièces de l'armure du défunt, jambard, cuissards, gantelets^ bassinet, et cotte de maille armoriée. Le cheval du peunon et celui de la devise furent re- mis à leur tour, l'un par un écuyer armé de toutes pièces, l'autre par un seigneur également armé et coiffé d'un cabasset de fer entouré de guirlandes et de fleurs. Alors les communautés et les seigneurs présentèrent à l'oftrande des draps d'or au nombre de 221 et des cierges au nombre de 2,251. Tous ces dons furent aussitôt placés dans le lieu destiné à cet usage. La messe dite, l'évèque d'Oloron prononça quelques paroles touchantes, et récita les dernières prières. Madame se leva ensuite de son banc et fut conduite au caveau où reposait celui qu'elle avait tant aimé et qui l'avait toujours adorée. L'accompagnaient les ba- ronnes, d'autres grandes dames et des femmes qui avaient obtenu la permission d'exprimer, selon Tusage populaire, leur vive douleur par des pleurs, des cris et des déplorations bruyantes. Dans l'ordonnance des funérailles du comte Jean, il est dit que toutes les dames suivraient l'affligée au lieu de la sépulture, pleureraient et crieraient doucement tout bas, kl scf^uiran tôt es la doues ploran et doceinent r rida h DI-S l'NTI-KKhMKNTS. 93 ti vas. l^uLir les obsèques d'Archaniband, l'autorisation avait été donnée de pleurer et de crier fort. Quand toutes les cérémonies turent terminées, les 1,200 prêtres et clercs, les abbés et les évéques se ran- gèrent à la hasalhiqiic et reçurent chaque prêtre un florin, chaque clerc 3 florins, chaque évéque, abbé ou grand clerc, un écu. En rentrant au château, on se mit à table, et les convives, dont le nombre était très considérable, trou- vèrent assez de vivres de toutes sortes et de vin pour boire et manger complètement à souhait conipIcUvnen à plascr. Tout le peuple fut invité au repas, et à tous on donna la pitance, piliviça. Le lendemain, une messe lut célébrée pour les morts de la famille comtale, et, le sm-lendemain, une autre messe pour les vivants i\c la même famille. Le premier jour, il y eut trois grands repas ; le second jour, il y en eut deux ; le troisième jour, on donna à plus de cent pauvres du pain, de la viande et du vin. Pour tenir noblement, pendant trois jours, envers une foule si grande d'invités, de toute classe et de tous pays, table ouverte où l'on mangeait sans compter f^vw coude, il avait fallu faire bien des préparatifs. L'ordonnance avait tout prévu, tout réglé. On enplova 120 conques de blé pour fiiire le pain et il fallut quatre jours pour le iaire cuire. Les provisions principales consistaient en 30 bœuls, 100 moutons, 50 chevraux et 200 poules. On fait observer que, s'il n'y a que ça de poules, c'est qu'il est d'usage en pareil jour de ne pas dépenser trop de volailles, // lui j'orn no 94 LA SOC[ÉTE ET LES MŒURS EN BEARN. / despence trop poralhe. On but 25 pipes de vins 6 hec- tolitres à la pipe dont sept étaient de vin blanc. Dans les repas funèbres, même chez les princes, on ne se servait pas de vaisselle d'argent, mais d'assiettes de bois. Les évoques et les hauts seigneurs avaient seuls droit à des assiettes d'étain. Comme pour faire cuire tant de viandes, toutes les chaudières de la ville n'auraient pas suffi, l'ordonnance désigne les villages voisins où il faudra en emprunter. Il n'y avait pas de salle assez grande pour contenir cette énorme fouie de convives. On avait eu soin de se procurer d'avance assez de tables, de bancs ^ d'esca- beaux et de serviettes. Le couvert fut dressé dans toutes les chambres, et jusque sous les porches. Enfin l'ordonnance avait prescrit des mesures pour la bonne exécution du service ; elle recommandait de se procurer un nombre suffisant de domestiques et de choisir dans le pays des personnes connues, afin que les étrangers fussent bien soignés que lotis eslrangers si an pi à a pensat. II L'histoire des funérailles des seigneurs de Béarn deve- nus rois de Navarre et lorsque de cette royauté le titre seul leur fut resté, cette histoire serait trop longue. Les Etats votèrent souvent, dans ces occasions, des fonds extraordinaires. Par exemple 4,000 écus pour les obsè- IiS ENTKRKliMENTS. 95 qucs de Jean d'Albert '. Les litats participèrent égale- ment aux frais des funérailles de Marguerite de Valois-'. Il y eut des difficultés de préséance aux honneurs fu- nèbres de la reine de Navarre, entre les pays de Béarn et de Foix \ De la cour de France et de divers pays était venue une foule considérable de person- nages; le roi de France s'était fiiit représenter. C'est lui qui, d'accord avec le roi de Navarre, fixa le rang que devaient occuper les grands seigneurs et régla l'ordre de la cérémonie. Le vicomte de Lavedan était le i^rand maître du convoi. Après la duchesse d'Lstouteville, le duc do Montpensier, M. le Prince, le duc de Nemours, le duc d'Aumale, le duc d'Estampes, le marquis du Maine et M. de Rohan. Les grands deuils étaient conduits par le duc du Vendômois, le comte de Caraman, qui descen- dait d'Isabeau de Foix portait la couronne royale; deux gentilshommes portaient le sceptre et la main de justice. Le vice-chancelier de Navarre et les trois plus anciens conseillers tenaient les coins du drap mortuaire. Les Etats de Navarre, de Foix, de Béarn, de Bigorre et de Nebouzan assistaient en corps aux funérailles i\ la ca- thédrale de Lescar. L'eifigie de la reine, vêtue de noir, fut étendue sur une estrade dans une chapelle ardente. De Thou * rapporte qu'en 1388 Vejji^ie du duc de Joyeuse fut portée dans les funérailles, honneur qui n'c- ' Aicliivcs de Pau C. CSo. • IbiJ., C. 38 i. ' Ibid., C. ôSj. * Livre X. C. h - 8 114 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. dues démontrent sa sagesse et ses sentiments d'hu- manité. Guiraude Biélère avait blessé méchamment Bertaud deCarresse, curé de Castagnède. Un acte notarié cons- tate que Gaston condamna le coupable à ne plus entrer de sa vie au presbytère, à payer dix florins et à ve- nir le dimanche, pendant la grand'messe, en chemise, offrir au curé, en lui demandant pardon, une torche de cire de dix livres. Un trésorier concussionnaire fut condamné par le même Gaston Phébus à payer 25 florins et à demander pardon an peuple, à genoux, à l'église. Cette peine d'amende honorable était tout à fait dans les idées béarnaises . Ramonet de Garde avait frappé un moine de Lucq auquel il reprochait de grosses injures. Un acte de notaire de Lescar, daté de 1419, rapporte qu'il n'eut d'autre punition que d'aller en chemise devant la porte de l'église demander pardon et déclarer que le moine n'avait jamais traité sa femme ni sa belle-mère de ce qu'on disait... Depuis Gaston Phébus, aucun acte de cruauté ne tache la mémoire des souverains du Béarn. Les fiers barons féodaux, dans leurs châteaux à hautes tours, à larges fossés et à pont-levis, commirent- ils des horreurs en Béarn ? Aux vieilles déclamations contre la tyrannie seigneu- riale, il est d'abord facile d'opposer les principes trop oubliés de l'ancienne chevalerie office principal de che- valier est de soutenir femme veuve et orphelins , et hommes mal aisés et non puissants. MŒURS SEIGNEURIALES. I I > On a dit que hi rnfTale n'était pas plus dans la tctc des Béarnais que dans l'atmosphère de leur pays. Or, avant la llévolution, on vantait leurs inaHicrcs aisées, leur politesse séduisante ^ leur noblesse sans orgueil et leur peuple sans grossièreté. Ces éloges de la douceur des mœiu's béarnaises sont justifiés par l'histoire. Il nous est resté plusieurs testaments du xiV^ siècle ; j'en ai publié /// extenso. Le testateur, en général, fiiit aux pauvres des legs considérables. Parfois il ordonne la vente de sa vaisselle et de ses jo3'aux pour que le produit en soit distribué en bonnes œuvres ; il laisse ses beaux vêtements pour l'ornement des églises ; il n'oublie pas les mendiants et les pauvres filles sans dot; il songe aux défunts. Ainsi, dans son testament de 1392, Pées de Laxague laisse de l'argent pour être partit et distribuit aux paubres niendicans, et à paubres punceles maridar, et en niissas cantar en loc de pietat per ma anime et per tôles las aninws que io soy tengut. Les documents hitoriques et la tradition fournissent la preuve que le seigneur béarnais cherchait à être le père et non le tvran de son village. Lorsque l'heure d'abolir le servage eut sonné, Henri II et Marguerite Tirent les plus généreux etïorts pour qu'il n'y eût plus de serfs sur leurs terres. La résistance à cette tentative d'affranchissement général vint des serfs eux-mêmes. La liberté qu'on leur offrait à bon marché ne les séduisait pas. Sans doute ils devenaient libres, mais ;\ la condition de travailler pour vivre. Qui les soignerait en cas de maladie ? dui Il6 LA SOCIÉTÉ HT LES MŒURS EN BEARN. les nourrirait dans la vieillesse ? Qui marierait leurs • filles ? QjLii leur donnerait un toit pour s'abriter ? Qui leur assurerait le pain quotidien ? Henri II voulut prouver qu'il établissait l'égalité entre les serfs et ses autres sujets il fit entrer un serf dans la noblesse, malgré de grandes résistances du procureur général de la cour de Béarn. Les seigneurs de Béarn avaient intérêt à se faire aimer de leurs sujets. Il leur en coûtait cher d'être mal vus par eux. En tête du vieux For du pays, on raconte qu'an- ciennement le Béarn n'avait pas de seigneur. Les Béarnais en choisirent un en Bigorre. Au bout d'un an, comme ils en étaient mécontents, ils le tuèrent, et en choisirent un autre en Auvergne. Celui-ci se montra trop orgueilleux, la cour de Béarn le fit mettre à mort par un écuyer qui le férit d'un tel coup d'épieu que l'arme ressortit par le dos. Il me semble que ce début du For devait vivement impressionner les seigneurs. Anciennement, il y avait en Béarn douze barons, C'étaient de puissants hommes ; ils composaient la cour majeur et tenaient à la fois dans leurs mains le -glaive de la justice et celui de chevalier. Un jour le baron de Mirepeix se montra dur pour les pauvres. Et voici ce que dit là-dessus le vieux For Item judice lo seignor de Mirepeix qui si auguus deu da diers et no los posque pagar que posque et fo déposât de judice qui era deus doutée de Bearn. Idem a jugé le seigneur de Mirepeix que si quelqu'un doit de l'argent et ne peut MŒURS SKIGNiURIALiS. II7 le payer, il faut qu'il puisse, et il fut déposé de la qua- lité de juge, et il était l'un des douze de Béarn. » On a publié un livre sous ce titre Un baron béarnais au xVa^ siècle. QjLiand bien même un baron aurait com- mis des horreurs, ce ne serait pas une raison de répé- ter ab II no disce onines. En matière historique comme en matière judiciaire, il ne sulïït pas de dire la vérité, il faut la dire toute- entière. Pour juger une affaire, surtout une affaire poli- tique, il ne faut pas se contenter d'une pièce unique, en l'isolant de celles qui peuvent en modifier l'impor- tance, ou en détruire la valeur. J'ai examiné, avec mes habitudes de magistrat, le dossier de l'affaire du baron de Coarraze. Il se compose de cinquante -sept pièces réunies aux archives des Basses-Pyrénées'. Ce dossier n'est, d'ailleurs, pas com- plet et l'on courrait risque de se tromper si on ne tenait compte des influences sous l'empire desquelles l'affaire a été instruite et jugée, par deux cours, en sens con- traire. Il importe d'abord de bien connaître les faits. Ils ne sont pas racontés dans la procédure, ils sont constatés par riîistoire. François Phébus, roi de Navarre et seigneur de Béarn, mourut jeune à Pau. Sa sœur Catherine lui suc- céda, sous la régence de sa mère Madeleine. Jean de Foix, vicomte de Narbonne, père de ce t'ameux duc de Nemours surnommé V Achille français, voulut intro- ' K. ri Il8 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. duire la loi salique en Béarn. Il organisa donc une conspiration à Pau, et tenta de faire comprendre aux Béarnais qu'il leur valait mieux prendre pour seigneur un chevalier qui put les défendre que deux Jîlaridiêres c'était son expression. Louis XII, beau-frère du vicomte de Narbonne^ désirait faire passer la couronne de Navarre sur la tête du duc de Nemours, qu'il affection- nait particulièrement. J'ai raconté toute cette histoire ' dont l'aftaire du baron de Coarraze n'est qu'un épi- sode. Gaston de Foix, baron de Coarraze, avait pris parti pour le vicomte de Narbonne ; il paraît qu'il s'enten- dait avec le roi de France. Catherine et Jean d'Albret redoutaient ce voisin puissant et rebelle. Il ordonnèrent une information contre lui. Le baron présenta requête pour s'y fliire représenter par procureur. Ordre lui fut donné de com- paraître en personne ; mais il n'eut garde d'aller se mettre aux mains de ses ennemis. Sa terre fut immé- diatement saisie par Gaillardet de Lavignole, viguier de Pau. L'irritation du roi de Navarre était visible; il voulait perdre le baron révolté l'enquête eut lieu sans que le baron fut admis à se faire défendre. Cette enquête^ qui a été publiée sans commentaire, prêterait fort à la critique si elle était examinée par un juge impartial. Les témoins qui déposent sont parfois très suspects. Ciarmontine, âgée de trente ans, déclare qu'elle a été la maîtresse du baron ; elle ajoute qu'elle Voir Navarre française, t. I. p. 271. MŒURS SEIGNKURIALES. II9 n'aurait rien dit contre lui s'il l'avait bien payée etc.. QjLiels sont, dans cette enquête, les faits assez prou- vés pour que la justice pût les retenir ? Sept. Un seul est relatif à un acte d'immoralité non prévu par notre code pénal; les six autres sont relatifs à la conspiration ourdie contre le Roi de Navarre, en faveur du vicomte de Narbonne ou du duc de Nemours. Gaston de Foix a-t-il promis de livrer son château de Coarraze d'abord au vicomte, ensuite au roi de France ? A-t-il proféré des menaces contre la reine de Navarre ? N 'a-t-il pas mis son château en état de guerre ? N'a-t-il pas agi constamment contre les intérêts de Jean et de Catherine ? Voilà l'accusation vraie. On redoute le voisinage du château de Coarraze le baron est déclaré par défaut coupable d'avoir troublé le repos public, et son château est brûlé sans retard ni merci. Le baron, si durement traité par le roi de Navarre, était fort protégé par le roi de France. Il s'adresse au parlement de Toulouse qui, ayant quitté cette ville in- festée par la peste, siégeait à Montauban. Pierre Ferrant, un des juges de Pau, qui avaient condamné le baron, se trouvait à Montauban pour des affaires personnelles. Le parlement réclama de lui toutes les pièces du procès et, sur son refus formel de les communiquer, le fit ar- rêter et mettre en prison. Ferrant parvint à s'évader, et, dès qu'il tut à Saint-Gaudens, il porta plainte au pape et lit appel au prochain concile Qîcuménique. Devant le parlement de Toulouse, le baron de Coar- 120 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. raze gagna complètement le procès qu'il avait non moins complètement perdu à Pau. Un arrêt, en date du 1 1 jan- vier 1507, déclare le roi et la reine de Navarre coupables du hmslement du château de Coarraze; en conséquence, les condamne à cent pistoles d'amende envers le roi de France, à 5,000 livres de dommages-intérêts envers le baron et à la reconstruction du château dans le délai de quatre ans. De plus, Gaston de Foix était délié, sa vie durant, de la juridiction du roi de Navarre et de la fidélité qu'il lui avait promise. Cet arrêt, qui portait atteinte à la souveraineté du Béarn et aux droits de Jean et de Catherine, fut l'objet de longues discussions. Les Etats de Béarn soutinrent vivement leurs seigneurs et l'indépendance nationale; le roi de France menaça, par lettres patentes, de faire exécuter par la force l'arrêt rendu en faveur du ba- ron de Coarraze. L'exécution en fut ordonnée le 17 juin 1509. Mais^ en ce moment-là même, un événement im- prévu fit tout-à-coup succéder à l'inimitié la plus vio- lente la réconciliation la plus complète. Louis XII per- dit son neveu le duc de Nemours à la bataille de Ra- venne {13 12 et il sentit la nécessité d'une alliance avec Jean et Catherine contre Ferdinand le Catholique. Le traité fut signé le 17 juillet 13 12. Le même jour, l'arrêt du parlement de Toulouse fut cassé, et personne ne contesta plus l'autorité du seigneur de Béarn. Lorsque toute l'afîaire est ainsi expliquée, il n'est plus logique d'en conclure que Gaston de Foix était un odieuxtyran de village, et il n'est pas surtout juste défaire MŒURS SKIGNKURIALKS. I 2 1 entendre que tous les barons de Bcarn étaient taillés sur le même modèle. Que dit donc l'histoire ? Est-ce que les seigneurs féodaux ne commirent jamais de violences? Non pas. Elle dit seulement que le Béarn avait des tors qui ac- cordaient au peuple plus de garanties qu'ailleurs contre les violences des grands. Les vieux fors racontent qu'un seigneur élail très orgueilleux^ et ils approuvent qu'on l'ait mis à mort; ils racontent qu'un baron fut un juge trop dur et ils approuvent qu'on l'ait dégradé. Même en admettant que le baron de Coarraze ne dût être jugé que sur l'enquête fliite en son absence, il n'en résulterait qu'une chose la punition sévère qui l'avait atteint par le brusknienl de son château. Or, c'est le seul château brûlé par autorité de justice comme châtiment de l'inconduite d'un baron du pays. Dieu nous garde de fausser l'histoire pour calomnier la mémoire des anciens chevaliers béarnais, braves et doux entre tous ceux de leur temps. CHAPITRE XIV LA SORCELLERIE Histoire de la sorcellerie. — Un génie télégraphiste. — Thiltres d'amour. — Compte rendu d'une affaire de sorcellerie devant le conseil souverain. - Prétendus sorciers brûlés vifs au XIV^ siècle une sorcière béarnaise en 1882. - Transformation moderne de la sorcellerie. La croyance à la magie, à la sorcellerie remonte aux premiers siècles du monde ; peut-être ne finira-t-elle jamais. On la rencontre chez les anciens et chez les modernes, chez les Hébreux, les Grecs et les Romains, comme chez les Barbares. Elle existe encore, plus ou moins, chez tous les peuples de la terre, aussi bien à Naples qu'en Laponie. De nos jours, des juges ont condamné des sorciers. Le Neiu-York Herald nous a appris qu'une vieille femme indienne avait été lapidée, en décembre 1872, comme sorcière, en vertu d'une condamnation à mort prononcée par le conseil de Pina- Met, État de Nevada. LA SORCELLKKIK I23 De récents travaux ont paru sur la sorcellerie en I3éarn. J'avais trouvé dans les anciens manuscrits de Larcher de curieux détails sur des pratiques supers- titieuses que je croyais spéciales à nos régions pyré- néennes ; mais en relisant le livre de Bodin et d'au très ouvrages de démonologie, j'ai été surpris de trouver ces superstitions populaires répandues partout avec de légères variantes. De Lancre, dans son livre fameux et bizarre de Fln- constarice des Démons s'occupe des Basques et non des Béarnais. L'histoire des superstitions qui, par leur ori- gine et leur caractère, n'appartiennent qu'au Béarn, exige un triage qui n'est pas sans difficulté. Une quarantaine de textes de pièces relatives aux sorciers, ont été extraits des archives des Bassses- Pyrénécs. Les laits embrassent une longue période^ du 20 juillet 1392 au 19 mars 1671. Personne ne doute que les sorciers n'aient été jadis traqués en Béarn comme dans toute la France. Mais, comment ces affaires étaient-elles discutées et jugées ? Sous quel aspect se présentaient-elles ? 11 est intéressant de le savoir. Froissart raconte ' coiiiincnl Pierre de Béarn fui ma- lade par janlôme, et aussi '' eommetil un malin esprit, nommé Orlon servit pour un temps le sire de Corasse et lui rapportait nouvelles de par tout le moniie d' hu\ à len- demain . ' Liv. m, ch. XIV. 2 Liv. m, ch xxii. 124 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. Cette dernière histoire est trop longue; elle a été trop souvent répétée pour être reproduite ici dans tous ses développements. Froissart paraît profondément convaincu de Texac- titude de ce qu'il rapporte Le sire de Coarraze avait eu, devant le pape à Avignon, un procès contre un clerc. Il le perdit, mais malgré toutes les supplications et les menaces du clerc, il ne voulait pas exécuter la sentence. Or, une nuit que le sire était couché avec sa femme, messagers invisibles commencèrent à bûcher et à tempêter tout ce quils trouvèrent parmi ce chastel, en telle manière quil semblait qu'ils dussent tout abattre, — La dame est fort effrayée ; mais le sire asse^ hardi pour attendre toutes aventures ne sonnait mot, car il ne voulait pas montrer courage d'homme ébahi. Bref, il découvre que c'est un messager du clerc qui lui jouait ce tour. Il par- vint à s'attacher ce messager invisible qui lui déclara se nommer Orton. Orton s'énamoura tellement du seigneur de Coarraze, qu'à nuit passée, il venait lui conter à l'oreille les nouvelles de ce qui se passait en Angleterre, en Ecosse, en Allemagne, dans les Flandres, en Bra- bant, en Hongrie et autres lieux. Lorsque le sire de Coarraze allait voir Gaston Phé^ bus, il l'émerveillait en lui contant ce qui s'était passé la veille dans les pays lointains. Un télégraphe n'eut pas mieux fait. L'ébahissement du comte de Foix est facile à com- prendre. Il excita la curiosité du sire et lui conseilla de chercher à voir ce nouvelliste mystérieux. Le sire se mit à solliciter Orton de se laisser voir. Orton refusa LA SORCELLKRIE. 12 longtemps et finit par lui dire la première personne chose que vous verrc{OH enconlrere{deniain an matin quand vous soudre^ de votre lit, ce serai-je. Le matin, il eut beau chercher, il ne vit rien. Le soir, il se plaignit à Orton /// n'es qu'un lourdeur. Orton répondit Rappelez-vous bien ce que vous avez vu ? » — Je n'ai vu que deux longs fétus sur le pave- ment qui tournaient ensemble et se jouaient. — Lh bien ! c'est dans cette forme-là que je m'étais mis. Regardez demain. Le matin, en se levant, il vit une truie haute et maigre comme il n'en avait jamais vu. Il lui lança les chiens. La truie jeta un cri, regarda le sire de Coarraze et s'évanouit. Depuis, Orton n'a plus reparu. Cette croyance aux génies invisibles apportant les nouvelles des lointains pays paraît avoir été assez ré- pandu dans nos contrées et ailleurs. Almanzor perdit en 998 une bataille sur les frontières de Léon et de Castille et ne survécut guère à sa défaite. 3r, le jour même où les musulmans avaient été vaincus et bien qu'aucun messager n'eût humainement pu fran- chir la distance du lieu du combat à Cordoue, un homme, vêtu en pécheur, parcourut les rues de la ville, d'une voix lamentable, d'abord en arabe, ensuite en espagnol^ la perte de la bataille. Ow accou- rut, on voulut s'approcher de cet homme Soudain, il s'évanouit, » CHAPITRE VII UN DRAME VECU AU CHATEAU Personnages Catherine de Navarre. — Corisande. — Palma Cayet. — Sully. — Henri IV, personnage muet. Pau cesse d'être capitale. Comme toutes les grandes demeures féodales , le château de Pau a été le théâtre de sanglantes tragédies et de drames mystérieux. On raconte qu'un jour Montgonmery fit passer d'un repas au trépas de braves gentilshommes à qui d'ailleurs il avait promis la vie sauve. Au lieu de rapporter ce que l'histoire a consigné, faisons revivre un véritable drame vécu. La scène se passe au château. Personnages Cathe- rine de Navarre, Corisande, le comte de Soissons, Sully, Palma-Cayet. Personnage muet Henri IV. Catherine avait le cœur aussi sensible, mais plus constant que son frère Henri IV. Dix ou douze princes sollicitèrent sa main. Le roi faisait bon accueil à tous, mais ne voulant déplaire à aucun, il n'arrêtait pas UN DRAME VECU AU CHATEAU. I93 son choix. Celui de Catherine était fliit. Elle aimait le comte de Soissons qui, après avoir gagné l'affection d'Henri IV, encourut toute sa haine. Catherine, qui avait donné son cœur, n'était pas femme à le reprendre pour le porter à un autre. Son amour profond résista pendant vingt-six ans à tous les efforts faits pour l'amener à y renoncer. Henri IV adorait sa sœur, mais il était résolu à em- ployer tous les moyens pour empêcher ce mariage. Co- risande prit parti pourHenri, tant qu'elle en fut aimée; lorsque sa beauté fut flétrie et son amant infidèle^ elle prit parti pour Catherine. Corisande était une femme supérieure. A Pau, elle occupait une haute situation; elle pleurait toujours Henri qui l'avait tant adorée, mais elle cachait ses larmes et ne montrait pas son dépit. Le peuple la saluait lors- qu'elle traversait les rues de la ville. Elle ne sortait, même pour aller à l'église Saint-Martin, qu'avec un cortège qui paraîtrait aujourd'hui bien bizarre elle était accompagnée d'un mercure, d'un bouffon ^ d'un More, d'un basque avec une robe verle, d'un nia^ot appelé Bertrand, d'un page anglais, d'un barbet el d'un laquais. Son influence était grande au château. Elle était la confidente, le conseil, l'intime amie de la régente. Palma-Cayet était aussi fort considéré à la cour béar- naise^ c'était un homme d'une immense érudition. Savant et poète, il a composé des ouvrages fort esti- més. Il avait été à Genève l'élève et le prosélyte de Calvin; il finit par se convertir et mourut docteur de la faculté de théologie de Paris. A Pau, il était ministre i3 194 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. protestant attaché à la princesse qui le tenait en estime et affection. On a sérieusement accusé Palma-Cayet de s'occuper de sciences occultes, d'avoir fait un pacte avec Satan sons le nom de Terrier, prince des esprits sou - terrains. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il avait de l'esprit comme un diable. Sully, qu'il ne faut pas appeler ici l'austère Sully, joue le vilain rôle. Les personnages sont connus. Ils vont agir. Corisande devient pressante Catherine ne pouvait point laisser passer sa jeunesse sans conclure son union avec le prince qu'elle aimait. Une fois le mariage accompli, Henri chérissait trop sa sœur pour ne pas tout lui pardonner. Catherine cède à ces raisonnements qui répondent si bien aux désirs secrets de son cœur. Le comte de Soissons et la princesse de Navarre signent en bonne et due forme une promesse de ma- riage. Palma-Cayet est appelé pour célébrer la cérémonie nuptiale. Il refuse. Il ne fera rien sans les ordres du roi. Le comte insiste. Palma-Cayet reste inflexible. Après les promesses, viennent les menaces a Obéis, dit le comte furieux en tirant son épée, obéis ou je te tue.» — J'aime mieux, répond Palma, périr de la main d'un prince en faisant mon devoir, que de la main du bourreau après avoir trahi mon maître. » Henri apprend que sa sœur a signé à son insu, la pro- messe de mariage avec un prince qu''il accusait de con- voiter sa couronne avec l'aide du pape et du roi d'£s- UN DRAME VÉCU AU CHATEAU. 195 pagne. Il donne des ordres sévères. Le sieur de Pangeas, président du conseil souverain de Béarn, se rend au château, en chasse le comte et met des gardes autour de la princesse, afin qu'elle ne puisse se laisser enlever. Soissons promit à Pangeas de se venger, mais il n'en tira qu'une tardive et mesquine vengeance l'ayant un jour rencontré à Poatoise, il le fit roule r du haut d'un escalier. Le roi, inquiet et tourmenté du traité signé par Ca- therine, appelle Sully, lui ordonne de partir pour Pau et de rapporter cet acte. // me prit un fré/nissenient, dit Sully, quand je reçus cet ordre. Le roi ne voulut rien écouter, il fiillut obéir. Mais lorsqu'il fut seul, Sully réfléchit aux difficultés de sa mission. Faire renoncer Catherine à épouser Soissons est impossible si l'on n'y emploie que de douces paroles et des moyens honnêtes. Il fiiut user d'artifices. La fourberie lui répugne sans doute ; mais il faut plaire au roi, et l'austère calviniste trouve des accommodements avec sa conscience. Après tout, c'est rendre service à Catherine que de conjurer les mal- heurs que l'irrégularité de sa conduite peut attirer sur elle et sur le royaume. Sully prend le rôle de fourbe et le joue à merveille. Il redouble d'amabilité auprès de Madame; elle le retrouve plus charmant, plus empressé que jamais. Sully savait que du Perron avait de l'influence sur la princesse ; il gagna complètement sa confiance, afiec- tant un air d'insouciance qui éloignait tout soupçon, si bien qu'au moment de p.itir, il n'avait encore rien 196 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. dit. Enfin, comme cédant au besoin de s'épancher dans le cœur d'un ami, il a l'air, sous la promesse formelle du secret, de lui faire une confidence le roi s'était beau- coup apaisé ; il aimait sa sœur et ne voulait pas la rendre malheureuse ; bref, pour qu'il donnât son con- sentement il ne restait plus que quelques difficultés faciles à aplanir. Du Perron fut pressé de tout raconter à la princesse et àCorisande. Sully avait bien compté sur cette indiscré- tion. Il feignit d'être à la veille de son départ et vint prendre congé de la princesse qui lui fit le meilleur accueil. Corisande épuisa toutes ses séductions pour qu''il prit le parti de Catherine et qu'il les aidât à ter- miner le mariage. Sully le lui promit avec tant de cha- leur d'agir que Corisande l'embrassa avec élan. Alors, on retint Sully ; on ne douta plus de son concours les deux amoureux lui en auraient une éter- nelle reconnaissance. Mais, au moment où on croyait tenir Sully, il se refroidit subitement ; il éprouvait le regret d'avoir commis une imprudence ; il ne disait plus rien, comme s'il en avait trop dit. Catherine et Corisande mettent tout en œuvre pour le flûre parler ; enfin il paraît vaincu par leurs caresses il lui est impossible de rien cacher. Le roi, dit-il, n'aurait pas été fâché que le comte de Soissons, prince du sang, épousât sa sœur, puisque sa sœur adorée l'avait préféré à tout autre. Mais ce qui l'avait profondément blessé, ce qu'il ne lui pardonnait pas, c'était de vouloir épouser sa sœur contre son aveu. > UN DRAME VI'XU AU CHATEAU. I97 — Que f^iire, alors, dit Corisnndc ? Sully se tait et paraît réfléchir profondément. Catherine et Corisande, dupes de cette sincérité ap- parente, le pressent, le supplient de leur dire comment on pourra calmer le roi. Sully se tait toujours. Enfin, à de nouvelles instances, il répond Vous avez aigri le roi en manquant de confiance envers lui; vous pou- vez gagner son cœur en adoptant le système contraire ; il faut vous en remettre entièrement à lui ; sacrifiez- lui cet engagement qui l'a tant irrité; faites-lui une déclaration constatant que vous renoncez à vous ma- rier sans son consentement, et je vous assure qu'après cet acte de complaisance, il ne s'écoulera pas trois mois que le bon Henri ne soit heureux de combler vos dé- sirs et de cimenter une union, d'ailleurs^ bien as- sortie. » La déclaration demandée coûtait à si2ner il ne fal- lait pas seulement la signature de Catherine, il fal- lait aussi celle du comte de Soissons. Sully parvint à lever tous les obstacles, donnant sa parole d'honneur qu'il ne remettrait jamais l'écrit au roi si les choses tournaient autrement qu'il comptait. Sullv ne livra pas cette déclaration à Henri IV, mais il s'en servit pour empêcher l'union qu'il avait promis de favoriser. Le dernier acte du drame, c'est la fureur du comte de Soissons contre Sullv. Mais cette fureur, bruyante autant qu'impuissante, n'cnipécha pas la rupture du mariage d'être définitive. Lorsque son tronc lut atlormi et sa gloire complète, 198 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. Henri IV voulut dédommager sa sœur des peines qu'i lui avait causées. Il l'appela auprès de lui. Depuis ce jour, Pau cessa d'être une résidence royale, et la société royale y prit fin. CHAPITRE VIII L ENLEVEMENT DE LA FIANCEE Aveu t lires d'Amie de Fonteiuoret et de Jean de Piiy Giiyon. Dans le cours des xv^ et xvi'' siècles, à côté des grandes figures de chevaliers comme Gaston de Poix et Bayard, on trouve des hommes qui faisaient bon marché de la vie humaine, qui enrôlaient les spadas- sins aussi disposés au rôle de bandit qu'au métier de soldat. Le pays de Béarn était trop petit, le seigneur était trop puissant pour que la répression des violences et le châtiment des coupables y fussent diOicilcs. En France, au contraire, et surtout en Italie, la justice ne pouvait atteindre tous les grands criminels. Voici un drame qui ne se passait pas à la cour et qui nous lait voir que le malheur des temps s'étendait aux diverses classes de la société. Anne de Fontemoret, unique héritière du sire de Parcy, était à la fois jeune, belle et riche. Aussi les 200 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. prétendants étaient nombreux. Plus d'un fut éconduit. En ce temps-là , bien des hommes regardaient un refus comme un affront, et la vengeance paraissait licite. Un brillant écuyer, Jean de PuyGuyon, maître d'hôtel de Jean d'Albret, roi de Navarre, conçut le désir de gagner le cœur d'Anne de Fontemoret et d'obtenir le consentement de sa mère, Jeanne de Laporte. Les articles et convenances du futur mariage furent ré- glés d'un commun accord, les fiançailles célébrées avec pompe. Mais on décida qu'avant la bénédiction nuptiale on ferait un voyage ; Jeanne de Laporte désira que h fiancé fût content de les amener dans sa maison, en France loin de Pau . Le voyage fut long, mais charmant au début. Rien n'abrège les heures comme les tendres propos et les rêves d'amour entre deux cœurs prêts à s'unir pour toujours. Non loin de Tours, ils naviguaient sur la Loire, s'arrêtant dans les hôtelleries, qui bordaient le rivage, pour y prendre leurs repas et se reposer. Un jour qu'ils sortaient joyeux de l'une de ces hôtelleries, des cava- liers se jetèrent tout à coup sur eux, enlevèrent la de- moiselle et disparurent. Jean de Puy Guy on, désarmé par surprise, accablé par le nombre, n'avait pu s'op- poser à ce rapt odieux. Mais Jeanne de Laporte en avait reconnu l'auteur. C'était du Mesnil, frère puîné du sieur de Maupas. Plusieurs fois il avait demandé la main de la jeune fille pour laquelle il éprouvait une L j;nlivhmknt di-; la i-ianche. 201 passion violente ; son âge, sa personne, son caractère brutal avaient fait repousser ses sollicitations. Du Mesnil jura de se venger. Informé de l'arrivée des fiancés en Touraine, il ne recula pas devant un enlèvement à main armée. Jeanne de Laporte s'adressa au parlement de Paris. Sa plainte y fut accueillie. Un arrêt condamna du Mesnil à être pendu, et ses complices à une amende de 4,000 livres; mais les coupables n'avaient eu garde de comparaître. Cependant, la mère et le fiancé ont reconquis la jeune fille. Ils ont hâte de fuir ces rivages maudits et de revenir à Pau ; mais voici que, repassant au même endroit, ils voient avec terreur une troupe d'hommes armés en guerre, les arbalètes bandées et les traits dessus. Une voix terrible s'écrie Tue^le, tiiC/^-Ie! et aussitôt une grêle de flèches s'abat sur Puy Gu3^on. Le fiancé eut beau résister, la mère crier au secours ; la jeune fille se rouler à terre en poussant des cris la lutte ne fut pas longue. Puy Guyon put s'échapper; mais les assaillants, taisant cette fois main basse sur les bagages, l'or, l'argent, les bijoux et le trousseau valant mille écus, garrottèrent solidement la mère et la fille, qu'ils emportèrent au château de Maupas. Là, on renvoya la mère. L'écuyer tenta vainement de recourir à la justice toutes ses réclamations restèrent sans résultat. Vovant l'insuccès de ces démarches, il se retira chez le sire d'Al- bres, puis rejoignit le roi de Navarre qui n'était pas très bien en ce moment avec le roi de l'rancc, Louis XII. 202 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. La mère désolée ne pouvait pas s'éloigner des lieux où sa fille était retenue captive. Elle tenta des efforts inouïs pour la revoir. Elle parvint un jour à se glisser sous un déguisement dans la chapelle où, pendant la messe, elle aperçut enfin la pauvre Anne de Parcy. Mais Anne était bien gardée; à partir de ce moment, elle ne reparut plus dans aucune église. Brisée de douleur, Jeanne de Laporte finit par aller rejoindre Puy Guyon qui avait repris ses fonctions à la cour de Navarre. Ce fut pour y mourir. Une commu- nauté d'infortunes lui avait encore rendu plus cher celui qu'elle avait choisi pour son fils. C'est entre ses bras qu'elle expira, emportant la promesse formelle que le fiancé sacrifierait tout pour la délivrance de sa fiancée.. L'écuyer avait trop d'honneur pour manquer à sa parole ; il avait trop d'amour pour ne pas hasarder sa vie, afin de reconquérir celle qu'il avait tant pleurée. La cour de Navarre ne manquait pas de braves ca- valiers, avides de périlleuses aventures. Plusieurs s'at- tendrirent aux récits de l'amant malheureux, et lui promirent le secours de leur épée. A la tête de ces amis dévoués, Puy Gu5^on entreprit un long et difficile voya- ge. Il n'était pas bien fixé sur le lieu où se trouvait le château de Maupas. On y arrive enfin. Il saute de cheval et frappe à la porte ; mais le guetteur l'a recon- nu et refuse d'ouvrir. Il enfonce la porte, pénètre dans le château, se livre avec ses compagnons aux plus mi- nutieuses recherches Anne de Parcy ne paraît point. Cependant, un sayon de satin et un pourpoint de da- L ENLEVEMENT DE LA ELANCEE. 20 3 mns cramoisi disent assez qu'elle était là. La dame de Maupas crut qu'on venait l'outrager, a Mademoiselle, lui dit l'écuyer, je ne suis pas venu ici pour faire dom- mage à votre personne ni à vos biens. Je garderai qu'il ne soit rien touché de ce qui est à vous. » Mais toutes les perquisitions restèrent sans résultat Anne de Parcy, à la première alerte, avait été conduite dans un château éloigné. Puy Guyon revint à Pau plus désespéré qu'il n'en était parti. Quatre ans s'écoulèrent. Il fut un jour, obligé d'al- ler à Dax, qui était terre française. A peine y était-il arrivé qu'en vertu d'un ordre de la chancellerie, il était arrêté et mis en prison. Voici ce qui s'était passé Le sire de Maupas, cachant les circonstances du rapt et les fiançailles d'Anne de Parcy, s'était plaint à la justice de la violation de son domicile et des violences commises par une compagnie d'hommes d'armes organisée pour le crime et le pillage. Ajour- nement avait été donné à Puy Guyon pour comparaître devant le parlement de Paris. Mais l'écuyer qui était déjà à cent cinquante lieues de distance, n'avait eu aucun avis de l'information. 11 ignora l'accusation portée contre lui, ut jugé par contumace; la sentence devint définitive, et, lorsqu'on l'arrêta, il eut beau réclamer, sa plainte ne put être entendue. Dans le cachot oii il était enfermé, Puy Guvon avait perdu toute espérance. Un prince étranger le vit, en visitant la prison ; il l'interrogea et fut frappé de la sin- 204 L'^ SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. cérité de ses paroles, et, usant du droit de grâce dont il joussait pour première venue et joyeuse entrée, il lui rendit la liberté. Tous ces faits, exactement résumés, sont extraits d'une pièce des archives des Basses-Pyrénées, ayant pour titre lettres de grâce et de rémission accordée à Jean dePuyGuyon, prisonnier à Dax, par Philippe, archiduc d'Autriche, à son entrée dans le royaume, suivant le pou- voir qui luy avoit esté donné par le roi, 2 1 janvier 1 501 ^ » 1 Archives de Pau, E. 1 1 . CHAPITRE IX LES EAUX DES PYRENEES Antiquité des Bains des Pyrénées. — Les bains de Bagnères-de-Bigone déclarés lieux d'asile. - Un drame au xiye siècle. — Ordonnances pour les bains de Caiiterets et d'Ossaii an moyen âge. — Henri II et Marguerite à Cauterets. — Aventures d'une excursion à Barîges. — Eloge des eaux Olhagaray, du Bartas. — Satire d'Auger Gaillard. — Les frotteurs ; médecine et sortilège. — Catherine de Médicis et Elisabeth d'Espagne. — De Thon et les buveurs d' Eaux- Bonnes. — Le marquis de Gontaut à Barèges. Là merveilleuse vertu des sources minérales était connue dés la plus haute antiquité Hippocrate l'a pronéc et Pline a parlé des eaux chaudes des Pyré- nées. Les Romains ont laissé des monuments de leur pas- sage à Bagnéres-de-Bigorre, des témoignages de leur reconnaissance envers les Nymphes de la montagne qui leur donnaient la santé Nxniphis pro salulc. Les thermes qu'ils avaient construits disparurent du- rant la période barbare ; mais le malade est trop dési- reux de revenir ;\ la santé perdue pour négliger ce qui 206 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. peut la rendre. Aussi le moyen âge ne dédaigna pas Bagnères et Cauierets. M. le docteur Dejeanne s'est occupé, avec beaucoup de zèle ei; de talent, des antiquités des établissements thermaux de Bagnères il a publié le texte d'un règle- ment de 13 17 sur la police des bains, accompagnant le texte d'une traduction. Alais pour bien interpréter les chartes bigorraises, il flmt connaître à fond la vieille langue et les vieilles mœurs du pays. M. Dejeanne a commis peu de fautes dans sa traduction, mais il en a commis au moins une il a traduit que les bains sien sau- bedat par que les bains soient bien gardés. Le docteur Honnorat dans son Dictionnaire provençal français, tra- duit sauvetat, salvedat, par lieu de santé, lieu d'asile. Les mots salvitas, saubedat, dans la langue locale, sont sou- vent employés dans les Fors de Bigorre et dans plusieurs chartes de nos contrées que Ducange et Carpentier ont citées dans leur Glossaire. Or, le droit d^isile était évi- demment accordé aux bains de Bagnères, puisque le docteur Dejeanne traduit lui-même un peu plus loin que tout homme ou femme, pauvre ou riche, de la ville ou étranger, soit sauf et en sûreté, en entrant ou en sortant, dans l'eau ou hors de l'eau, à côté ou aux alen- tours des dits bains ». Des peines sévères étaient édic- tées contre ceux qui commettaient des crimes contre les baigneurs ou qui altéraient la pureté de l'eau des bains. Dans ces temps de violences et de vengeances, il était commode d'aller attaquer dans la baignoire son ennemi désarmé et sans défense. Le docteur Dejeanne et M. Fr. Soutras ont à ce sujet publié un très eu- LKS EAUX DES PYRÉNÉES. 207 ricLix document intitulé Un Procès criminel à Bagnèrcs en ij2. Raymond deus Frais, condamne à mort pour avoir assassiné un individu dans le bain, fut conduit d'abord près du bain où il avait commis le crime ; là fut proclamée la sentence rendue contre lui ; puis il fut mené de rue en rue et dans tous les carrefours ; au son de la cornj qui attirait la foule, publication était faite que celui qui agirait comme le patient serait puni comme lui, et, après avoir été trainé jusqu'à la potence, le meurtrier}' fut pendu. Les eaux de Bagnères n'étaient pas les seules fré- quentées dans les Pyrénées. On a dit que les moines du moyen-âge n'aimaient pas les bains parce que les païens les aimaient trop, et qu'il préféraient comme moyen curatif l'exercice que procuraient les pèlerinages. Sans doute les chrétiens, à la ditîérence des Romains ou des Musulmans d'Espagne, ne regardaient pas les bains comme une des voluptés de la vie ; mais l'Eglise, en soulageant les souffrances de l'âme, n'a jamais dé- daigné les moyens que la Providence et la science met- taient à la disposition de l'homme pour le soulagement des souffrances physiques. L'origine antique de Cauterets est prouvée ' ; maintes lois, des bulles pontificales furent accordées à Vbopital de ce lieu, et les rèi^lcs cl ordonnances per los buinos cl Cabanes de Caiilares sont connues. Un moine de Saint-Savin était, de temps immémorial, obligé de ' Voir nuU-c Moiio^i;rjyliic Je \\ 120 et suivantes. 208 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉaRN. résider dans la maison des bains, ainsi qu'un maître chirurgien ; les cabanes étaient louées aux enchères ; si les cabaniers faisaient des distinctions entre les riches et les pauvres, les cabanes leur étaient retirées ; tous les comestibles devaient être publiquement vendus sur la place, on ne pouvait aller les vendre dans les mai- sons, à cause, est-il dit, de certains abus qui se commet- taient ordinairement au préjudice des pauvres et des étran- gers et pour d'' autres considérations. De notre temps, où l'égalité est inscrite partout, sans être pratiquée nulle part, elles seraient bien venues les ordonnances qui, dans les stations balnéaires, prescri- raient de ne faire aucune distinction entre les indigents et ceux qui ont beaucoup d'argent à dépenser ! Les rois d'Aragon et de Navarre allaient jadis cher- cher aux eaux thermales de Cauterets la guérison de leurs maux. Mais il y avait des eaux plus voisines de Pau les Eaux- Bonnes et les Eaux- Chaudes que Jeanne d'Albret, Henri IV et Catherine de Navarre protégeaient et prirent en prédilection. Les jurats de Laruns ne négligèrent rien pour attirer leurs souverains dans ses sauvages montagnes et pour leur en rendre le séjour agréable. La première chose était d'approvisionner de vivres ces lieux stériles, de difficile accès. Comme à Cauterets, les maisons des- tinées aux baigneurs s'appelaient Cabanes. Les jurats de Laruns louaient aux enchères le monopole de la vente des vivres pendant les saisons thermales ^ * Archives des Basses-Pyrénées, E. 1861. LES EAUX DiS PYRENEES. 209 Maigre la modicité du prix il paraît que les ma- lades s'endettaient souvent en allant aux eaux. Dans un registre de notaire de 1523 à 1525 ', se trouve le testament d'Augustin Tahon qui déclare devoir cinq sols à Noël de Bcudat pour dépenses aux Eaux de Cau- tère ts. Henri II ramena d'Italie des soldats blessés par les arquebuses, armes nouvelles alors. Les eaux sulfureuses les guérirent, et le roi de Navarre appela les Eaux- Bonnes, eaux d'arquehusade. Des femmes longtemps stériles trouvèrent aux Eaux-Chaudes la réalisation de leurs vœux ; on appela ces eaux ciuprcgnadcres . Dans une lettre à François P"", Marguerite s'ex- prime ainsi Encore que l'air chault de ce pays de- voit ayder au roi de Navarre, il ne laisse pas de se ressentir de la chute qu'il prist ; par le conseil des médecins à ce mois de may s'en va mettre aux baings de Cautercts, ou il se fait tous les jours des choses merveil- leuses. Je me deslibére^ après m'estrerepouséececaresme, d'aller avec luy pour le garder d'ennuy et foire pour lui ses affaires ; car tant que l'on est aux baings, il fault vivre comme ung enfant sans nul soucy. » Et voici le commencement de VHeplaniérou f. 68 1. - Archives, l"^. 187J. 214 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. empêchait les personnes i^morantes et crédules d'ap- procher des montagnes fréquentées par les fées, Bor- deu ajoute que, sous Jeanne d'Albret,les Eaux-Chaudes étaient déjà très célèbres. Montaigne, dit-il, les prati- quait et les aimait, et les appelait Gramontoises K » Parmi les baigneurs et les visiteurs, il ne faut pas oublier les auteurs et les poètes du temps de Henri IV, qui les mirent en faveur en célébrant leurs vertus. Olhagaray ^ vante les Aiguë s-Bonnes . Qui pouvait assez louer, dit-il^ les Aigues-Caudes, sujet assez^ ample, pour quelque brave médecin^ d'une œuvre admirable pour la postérité. » Du Bartas a écrit ces vers très connus Or, comme ma Gascogne heureusement abonde En soldats, bleds et vins, plus qu'autre part du monde. Elle abonde de même en bains non achetés, Où le peuple estranger accottrt de tons côtés. Où la femme brehaigne, où le paralytique, L'ulcéré, le goutteux, le sourd, le sciatique. Quittant du blond soleil l'une et l'autre maison, Trouve sans déhoiirser sa prompte guérison. Encausse en est témoin, et les eaux salutaires De Cauderets, Barège, Aigues-Chaudes, Baignères, Baignères la beauté, l'honneur, le paradis De ces monts sourcilleux Elle n'a pas maison qui ne semble être neuve ; L'ardoise luit partout, chaque rue a son fleuve Qui clair comme cristal par la ville ondoyant, Va toute heure qu'on veut le pavé balayant. . . . ;.. Henri II, dit-on, aimait certaine dame à laquelle il aurait donné une chaîne d^'or faisant trente fois le tour du cou, si Jeanne d'Albret ne l'eut pas gagnée en chantant au moment où elle mettait au monde Henri IV. Marguerite aimait tant à écouter et à conter les. anecdotes grivoises qu'on l'a accusée de s'être permis elle-même beaucoup de grivoiseries. — Elle admirait beaucoup, et elle a bien pu aimer un peu, son valet de chambre, Clément Marot, qui, à travers des images poétiques^ laissa percer pour la reine de Navarre un sentiment plus tendre que le respect. On peut voir,, disait-il Que je suis serf d'un monstre fort étrange, Monstre, je dis, car pour tout vrai, elle a Corps féminin, cœur d'homme et tête d'ange. Quant à Antoine de Bourbon^ le désordre de sts> mœurs était un scandale qu'il ne se donnait même pas la peine de cacher. En tête des pensionnés de la reine Jeanne figure M. de Comminge, bâtard de son époux. Les ennemis du mari n'avaient, du reste, pas man- qué d'avertir la femme. Des lettres violentes lui disaient qu'Antoine se laisse mener par un tas de gens desquels la dépravation ne peut apporter avec soi aucun de bon fruit, si ce n'est de toute dissolut ion , paillardise^ ido- lâtrie ». MŒURS BEARNAISES SOUS LES ROIS. 233 D'après L'Estoile, Antoine de Bourbon était sifacile, si indolent, si voluptueux, qu'une intrigue d'amour lui faisait abandonner les plus grandes affaires du monde. Ses amours avec Iseult de la Béraudière sont trop connues pour les rappeler. Jeanne d'Albret, si vénérée des calvinistes, passa pour avoir eu une austérité de mœurs qu'on a souvent mise en contraste avec les désordres de son mari. Ce- pendant, les pamphlets de l'époque lui ont reproché ses amours avec le ministre Merlin qui vint s'établir près d'elle, à Pau, dès qu'elle fut veuve. Elle contracta ensuite un mariage, fait à petit bruit, avec un de ses gentilshommes, M. de Goyon, qui la rendit mère. Les ministres protestants les plus dévoués regardèrent ce mariage secret comme entaché d'irrégularités qui ne furent jamais rectifiées '. Les catholiques n'ont pas épargné Henri IV avant sa conversion, ni les huguenots^ depuis qu'il eût abjuré. C'est à Pau que le bon roi trouva les premiers com- pagnons de sa valeur, et sa correspondance révèle sa prédilection constante en fiiveur de ses premiers sujets. Cependant, voici ce qu'on lit dans une brochure du temps intitulée V Advcrlissemcnt des catholiques de Bcarn aux catholiques français Connaissant de longue main à nostre dam le poil du loup qui tâche de vous charmer pour après vous égorger, nous avons estimé être de nostre devoir de vous descrire le naturel de la bcstc, afui que, vous ' Ih'uri IV, vie priv.'c. ch. xxiv, y. 272. 234 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. tenant sur vos gardes, elle n'ait moyen de vous endom- mager. Depuis vingt ans, il a appelé un million d'étran- gers pour butiner et partager votre royaume... C'est lui qui a pillé et démoli 20,000 temples et 2,000 mo- nastères, c'est lui qui a fliit mourir, tant en guerre que par divers supplices, jusqu'à 1^600,000 hommes; c'est lui qui a fait abattre 900 hôpitaux; qui depuis Taver- tissement flùt à la noblesse en 1580, avec les protesta- tions qu'il réitère, a tait vendre les prêtres l\ l'encan et les délivra au plus offrant, afin que les huguenots eussent sur qui exercer tout à loisir leur diabolique fureur. — Il se croit roi de France ; c'est une maladie de ceux qui sont estropiés du cerveau de se dire rois du premier pays qu'ils avisent et de se fiuitastiquer des seigneuries en l'air... Gardez-vous de confier vos poules à ce renard » . Ils y allaient bien, certains insulteurs de ce temps- là!... Les amours de Henri IV sont une longue histoire qui a de tristes chapitres. Lisez^ dans les Mémoires de Marguerite, ce qu'elle dit de Fosseuse, que son mari avait conduite sans elle à Eaux-Chaudes. Quelle in- constance ! Et Corisande, comme il l'abandonna quand elle fut devenue grosse, grasse et rouge de visage ! Les désordres de sa femme Marguerite peuvent seuls soutenir le parallèle avec le scandale de ses mœurs ! Les chroniqueurs et les romanciers du temps en sont pleins. Ils sont entrés dans le détail des raffinements inouis de luxure qu'elle mettait à recevoir des amants. Après avoir prodigué ses fîiveurs aux personnages les MŒURS Br,ARXAlSI-S SOUS LI-S ROIS. 235 plus illustres, clic descendit jusqu'au iils d'un chaudron- nier, le musicien Villars; et elle afficha tellement cette passion qu'on baptisa l'amant du surnom de roi Mivxot ! Heureusement, à cette cour de Navarre^ il est d'autres tableaux. Les historiens sont tous d'accord à reconnaître les mœurs irréprochables de Jean d'Albret. Jean était heu- reux à Pau où les mœurs béarnaises lui permettaient de vivre comme en flimille avec ses sujets, d'avoir avec eux une familiarité que les mœurs espagnoles, n'eussent pas autorisée. Comme roi, la fermeté lui eut, certes ! plus servi que la bonté pour garder sa couronne ; mais comme seigneur de Péarn sa bonté suffit pour le taire adorer. Henri II admirait et respectait Marguerite. Il l'en- tourait d'hommages, à cause de François P'' son frère et à cause d'elle-même. S'il y eût entre eux quelque divergence d'idées, il exista toujours entre eux une grande communauté de sentiments et une affection réciproque. Henri II fut inconsolable de la mort de sa femme. La chasteté de Marguerite avait été mise en doute, mais les travaux de la critique moderne ont démontré la fausseté des soupçons jetés sur sa vertu. Sa vie fut chaste, pieuse, exemplaire. C'est chose aujourd'hui ju- gée par l'histoire. Du reste, Marot a pu dire d'elle liî chasteté, elle excède Lucrèce. Les expressions qui nous choquent et qui ne sont plus admises dans la bonne compagnie, étaient jadis. 236 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. étalées partout sans choquer la pudeur publique. Le fond des contes de la reine de Navarre a toujours une certaine moralité. Et depuis quand juge-t-on exclusi- vement de la moralité des auteurs par celle de leurs- romans ? Antoine de Bourbon eut sans doute une conduite qui ne fut pas toujours exempte de reproches; mais avant de mourir il montra son repentir et sa grandeur d'âme. Il fut frappé d'un coup de feu dans une posi- tion ridicule, mais c'était au moment où il allait mon- ter à l'assaut. Il n'était pas seulement le plus aimable des hommes, il était aussi l'un des plus vaillants. Car, dit Brantôme, de cette race de Bourbon, il n'y en a pas d'autres ». Jeanne d'Albret éprouva de sa perte une vive dou- leur que Palma Cayet, alors auprès d'elle, raconta ainsi La royiie Jeanne tstoit pour lors à Pau, Qui entendant ce désastre nouveau Devint en soy de faict toute éperdue Et à peu près en eust l'ame perdue. Elle se mist de grand zèle en prière ; Qj-i'ainsi en fut sa façon coutumière C'étoit de faire oraison au Seigneur, Qu'il la gardât de mal et déshonneur. Jeanne était austère dans ses principes et sa manière de vivre. Si elle n'a jamais paru désapprouver les cruautés commises par son farouche lieutenant Mont- gonmery, il ne faut pas oublier à quel point les pas- sions religieuses, mêlées aux passions politiques, étaient surexcitées en Béarn, au xvi*^ siècle. L'adversaire de MŒURS BEARNAISES SOUS LES ROIS. 237 Montgonmery, Montluc, n'ctait pas tendre, lui non plus. Qi-iant au mariage secret de Jeanne avec M. de Goyon, les ministres protestants les plus éclairés qu'elle avait consultés avaient répondu, en 1571, que cette union devait être régularisée. Mais, au moment où Jeanne s'occupait du mariage de son fils, elle ne pou- vait s'occuper du sien elle mourut en 1572, et le comte de Goyon périt pendant la Saint-Barthélémy. La reine Margot avait été élevée dans une cour où la vertu ne brillait pas. Ses aventures galantes ont été nombreuses ; mais, de son temps et de nos jours, on lui en a prêté beaucoup. Oiielle imagination que celle de certains romanciers ! Qui pourrait, par exemple, croire à cette historiette de Tallemant des Réaux Elle pendait tous les soirs à un crochet, qui fermait à cadenas, derrière le dossier de son lit, un grand vertugadin qui avait des pochettes tout autour, en chacune desquelles elle mettait une boëte où était le cœur d'un de ses amants trépassés; -car elle était soigneuse à mesure qu'ils mouraient d'en faire embaumer le cœur. » Une librairie pornographique de Bruxelles a fait réim- primer le Divorce salyriqiie. On ne doit pas s'arrêter à des accusations d'une grossièreté repoussante. Marguerite reprochait à son mari de sentir l'ail ; mais Henri avait été élevé parmi les paysans de Coar- raze. Et, sans atténuer ce qu'il y a eu de scandaleux, au point de vue moral, dans les amours du vert-galant, il faut bien reconnaître que la galanterie du bon Henri 238 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. a contribué, tout autant que ses victoires, à sa popu- larité. Les rois de ce temps -là pouvaient donner de mau- vais exemples ; mais, il fliut bien le dire, on les imitait beaucoup plus que l'on ne s'en scandalisait. LIVRE TROISIÈME LA SOCIÉTÉ BÉARNAISE SOUS L'ANCIEN RÉGIME CHAPITRIi PREMIER LA COUR A B A N D O X \ H P A U Epanoiiissi'iih'iit de J'i'spn'l hcaniais. — Lutte contre le roi. — Que- relles religieuses pamphlets et satires. — Les queues de renard. — Voyacre héroïque de Bordeaux à Pau. — Conversion générale des huguenots de Pau. E départ de Catherine de Navarre fut une révolution pour Pau déshérité de son titre de capitale. Subitement, tout changea d'aspect. Le salon du château n'a- vait pas de rival il dominait, il dirigeait, il absorbait tous les autres. Dès qu'il fut fermé, plusieurs autres s'ouvrirent. La société, 240 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. une jusque-là, s'éparpilla, se divisa en plusieurs petites sociétés ou coteries. L'autorité royale n'avait pas de contradicteurs ; elle faisait taire toutes les petites riva- lités de famille ou d'influence qui surgirent aussitôt avec une violence d'autant plus grande que le feu des querelles religieuses se ranima tout à coup. Mais rien de violent ne dure^ en Béarn et à Pau sur- tout. L'esprit français avait envahi la cour de Marguerite, importé en Béarn des idées et des modes nouvelles. L'ancien régime fut, au contraire, l'ère de l'épanouisse- ment de l'esprit béarnais. Pau, petite ville parlementaire, aristocratique, gar- dant des traditions de courtoisie et d'élégance, était trop loin de Versailles pour trop ressentir l'influence de la cour des rois de France. Pau eut donc sa vie propre, sans beaucoup d'éclat, mais avec un cachet spécial d'originalité et de pittoresque. Sous la reine Jeanne, les huguenots s'étaient empa- rés des biens ecclésiastiques. On en réclama la restitu- tion, dès que la persécution eut cessé. Henri IV cher- cha à calmer les impatiences, à réconcilier les esprits ; Louis XIII voulut parler en maître, et ne fut pas écouté malgré tous les édits et tous les ordres du roi, les huguenots trouvaient que ce qui avait été bon à prendre était bon à garder. La lutte fut ardente entre les cathoHques que sou- tenait le roi de France et les protestants qui avaient pour eux la possession et l' influence des autorités lo- cales. LA COUR ABANDONNE PAU. 24 1 Le Béarn se trouva donc divisé en deux camps, où Ton se battit, heureusement ! à coups d'épigrammes beaucoup plus qu'à coups d'épée. Jamais on ne fit à Pau plus grande dépense d'esprit et de malice. Chaque jour voyait éclore quelque nouveau pamphlet^ auquel succédait une réponse immédiate. A peine le Moine avait-il paru, qu'on voyait paraître V Anti-moine. Les habitants de Pau, en ce temps-là, devaient être fort instruits, car on leur servait autant d'épigrammes en vers grecs et latins qu'en vers français et béarnais. Il yaurait quelque attrait à exhumer ces écrits éphémères qui, après avoir fait un jour beaucoup de bruit, sem- blent tombés dans l'éternel oubli, si l'on pouvait fiire comprendre les traits piquants de l'esprit d'autrefois, sans recourir à des longs commentaires sur des per- sonnes et des faits dont il reste peu de souvenirs. Bor- nons-nous à donner une idée de la poésie de Pau à cette époque. Un des pamphlets, qui lit le plus grand tapage, avait pour titre la Mouche. Un arrêt du 25 avril 161 5 ordonna qu'il serait brûlé par la main du bourreau. Ce fut alors une pluie d'épigrammes. Hn voici une qui parut en français avec sa traduction en béarnais Moiisqiie casti^iulii quoin luil Per goardàa que hissa no ponsqiies, Bc couiiilàii piiloiit qiioiii à Pau Eutciicn à biras las nioiisqiifs. C'est-à-dire 242 LA SOCÉITE ET LES MŒURS EN BEARN. Mouche punie comme il faut A cette fin que rien ne touches, Va-t-en pubHer tout haut Qu'à Pau on chasse bien les mouches. Louis XIII, voyant son autorité méconnue, expédia en Béarn un commissaire cliargé de faire exécuter ses ordres. C'était un conseiller d'Etat, nommé Renard. Les huguenots résolurent de s'en débarrasser, en lui faisant peur sans lui faire de mal. Ils l'accueillirent à coups de fusils chargés à poudre. Ces détonations per- pétuelles étaient désagréables aux oreilles du commis- saire il fut fort effrayé de voir sa maison assiégée par des hommes armés, portant des queues de renard atta- chées à leurs bonnets, et vociférant Au renard ! à la chasse au renard, forçons le renard dans sa tanière ! » L'envoyé du roi se trouva très heureux de pouvoir fuir; on ne demandait pas mieux. Les catholiques répondirent aux huguenots, fiers du succès de leur équipée Béarn, un prudent commissaire, Ne t'a pu réduire au devoir ; Il sera doncque nécessaires Que le roi conquérant t'aille voir. Sa présence qui tant étonne Apprendra la rébellion. Qu'où la peau du renard n'est bonne On y coud celle du lion. En effet, pour pacifier le pays, il fallut que le roi de France s'y rendit avec une petite armée. Un prince qui^ de nos jours, traverserait le grand dé LA COUR ABANDONNF- PAU. 243 sert du Sahara n'obtiendrait pas le quart des éloges que l'on décerna à Louis XIII pour avoir traversé les sables des Landes. Le voyage de Bordeaux à Pau cinq heures à peine de train express, maintenant exigea plusieurs jours de marches pénibles *. L'enthousiasme des historiographes ne connaît pas de bornes pour célé- brer l'héroïsme du jeune monarque passant à travers des routes impraticables et des lieux inaccessibles, via- rum asperitaleSf loca avia et inaccessa, dans l'immensité et la stérilité des déserts, vastilatein, steriliîatemet solitii- dinem, avec le danger de mourir de faim, pahuli et co- mcaliis penuriain. Lorsque Louis XIII eut fiit triompher sa volonté, et que la restitution des biens ecclésiastiques fut opérée, les huguenots se virent vaincus. Ils sentirent la nécessité de se tourner du côté d'où venaient toutes les faveurs. Les questions d'intérêt une fois résolues, les questions de conscience furent promptement tranchées. Il y eut encore quelques querelles théologiques et quelques hommes indomptables dans leurs convictions. Ce fut tout. Ln cherchant à soulever les protestants de Mon- tauban et de la Rochelle, Lescun fut pris les armes à la main, condamné par le parlement de Bordeaux, et exé- cuté. Mais les Béarnais se laissent facilement entramer par le parti le plus fort. Pour plaire i\ la reine Jeanne, ils avaient plus facilement abandonné la foi de leurs pères que les Basques et les Bigorrais. Il ne fiillut pas ' Voir notre relation complète du voyage de Louis XIII, d'après les documcnls contemporains conservés ù la Bibliothèque Maza- rine. — {Mcmorial Jes Pyrénées, iSjy, 244 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. plus d'efforts ni de temps pour expulser le calvinisme qu'il n'en avait fallu pour l'introduire. Au bout de quelques années, il ne restait plus à Pau une seule fli- mille protestante. Louis XIII, entrant en conquérant, fut mal reçu dans cette ville où son père n'avait jamais paru qu'en ami et entouré des sympathies populaires. Néan- moins, il ne garda pas rancune à la capitale de ses aïeux, et, avant de la quitter, il la dota de plusieurs institutions utiles et la choisit comme siège du parle- ment de Navarre. I CHAPITRE II LES GOUVERNEURS DU BEARX, VICE-ROIS DE NAVARRE Caumoul La Force. — Mariage âcRoquclaurc. — La Foire el Granioiil épigriiiiiiiies cl coups }\'pi'e. — Coiiiinetil Granionl se débarrasse de sa femme. — Le chevalier de Gramont, son èdiicalion, ses aven- tures. — Le duc de Gramont, vice-roi. — Antoine III de Gra- mont anecdotes et lettres inédites. — Querelles avec le parlement, réconciliation officielle in articulo m rtis. — Antoine IV de Gra- mont, fêtes à son arrivée, cadeaux des Etats de Béarn et des jurais de Pau. Les gouverneurs du pays avaient le droit d'habiter le chf\teau royal ; mais ils étaient trop grands seigneurs pour se résigner à demeurer dans une petite ville comme Pau. La lutte fut souvent très vive entre le gouverneur et le parlement. Caumont de la Force était déjà gouverneur du Béarn lorsque Catherine quitta Pau. Il avait rendu de grands services ;\ Henri IV ; mais ses ennemis étaient puis- sants et il ne sut pas toujours plaire à la cour de Louis XIII. Pourtant, après des disgrâces répétées, se relevant tout à fait, il devint maréchal de France, duc 246 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. et pair. Il a laissé des Mémoires que le marquis de La- grange a publiés ; de plus, les documents historiques sur son compte abondent. Il avait dix-huit ans, lorsqu'il épousa Charlotte de Gontaut^ fille du maréchal de Biron, âgée seulement de quinze ou seize ans. La première nuit de noces^ l'épousée lui fit une telle résistance qu'il jura d'attendre qu'elle le suppliât d'être tout à fait son mari. La jeune femme ne tarda pas, en effet, à se repentir de sa rigueur. Mais comment oserait-elle faire le premier pas ? Elle demanda conseil à une amie, qui lui suggéra de dire à son mari Moussu, donnât de la cibada à la caballe. Cette phrase, rapportée par Tallemant des Réaux, n'étonne pas ; en Béarn, à cette époque, on parlait le béarnais. On raconte que, consulté par deux gentils- hommes qui se disputaient un riche parti, Roquelaure les mit d'accord en gagnant le cœur de la belle et en la prenant pour femme. Mais il ne se hâta pas de la produire à la cour où l'on ne tenait pas précisément école de morale. Henri IV, un jour, lui demandant pourquoi il ne la produisait pas dans le monde, il ré- pondit N*a pas sabattoiis, elle n'a pas de souliers. Le mariage de La Force avec Charlotte de Gontaut fut d'ailleurs des plus heureux ils eurent douze en- fants. Le maréchal de la Force se remaria à quatre- vingt-deux ans, et, devenu veuf une seconde fois, il contracta une troisième union et il se préparait à une quatrième à quatre-vingt-douze ans, lorsque le bruit se répandit que le vieillard épouserait encore deux femmes avant de mourir ; or, parmi les jeunes femmes LH GOUVERNEUR DU BEARN, VICE-ROI DE NAVARRE. 247 que séduisait l'ambition d'avoir un tabouret à la cour, plusieurs auraient brigué l'honneur d'être la dernière, mais aucune n'osa courir le risque d'être l'avant-der- nière. Lorsque la majorité de la population de Pau et du conseil souverain résistait à la restauration du culte catholique, La Force favorisait secrètement les hugue- nots malgré les colères de la cour il suivait le courant. Il avait deux puissants ennemis le comte de Gramont, gouverneur de Rayonne et le marquis de Poyanne, gouverneur de Dax. Dans ses Mémoires il ne flatte pas Antoine II, comte de Gramont; il lui reproche d'avoir épousé les griefs du parti cathoHque et les récriminations de ses enne- mis. La Force, paraît-il, s'était exercé aux courses de taureaux que les rois de Navarre avaient mises à la mode. Un jour, un taureau furieux se jette sur le roi qui allait à lâchasse ; d'un coup d'épée, La Force abat- tit le taureau. Cet acte de courage fit beaucoup de bruit. Gramont, impatienté d'entendre l'éloge de son ennemi, fit le couplet suivant sur un air alors en vogue Le marquis de la Force A tué par sa force, La grand' vaclic ;\ Colas, La, la, déridera. La Force, irrité, s'en fut au devant de Gramont, qu'il rencontra dans l'antichambre du roi Vous êtes poète, lui dit-il, je le suis aussi. J'ai fait un couplet sur le même air que le vôtre 248 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. Des cornes de la vache Je fais faire un panache Pour Gramont que voilà, La, la, déridera. L'injure était sanglante. Malherbe^ raconte, en effet, que le comte de Gramont, gouverneur de Bayonne, ayant trouvé son écuyer Marfissan en quelque action deshonné te avec sa femme, commença par le tuer. Quant à sa femme, fille de Roquelaure, la meilleure opinion est qu'il ne l'a pas tuée. S'il ne l'a pas immédiatement et ostensiblement frappée, il ne l'épargna pas ; il l'a fit entrer, un jour, dans une chambre où le plancher vermoulu céda sous ses pas et la fit tomber dans un trou profond. La chute fut terrible. La malheureuse femme se rompit une cuisse et en mourut. Quelle est la vérité ? J'ai fait rechercher à Bidache ce qui pouvait encore rester de la tradition populaire. La tradition rapporte que Louise de Roquelaure eut une intrigue galante, et que son mari, Antoine de Gramont, ayant acquis la certitude de son infidélité, la fit pour- suivre et juger par la cour de Bidache qui la condamna à mort ^ Mais le roi de France aurait envoyé M. de Gourgues pour arrêter les poursuites. Gramont alla l'attendre au pont de Garruich, sur la Bidouze, limite de la France et de la souveraineté de Bidache, et il lui déclara que s'il se présentait comme investi de quelque autorité, il ne le laisserait pas entrer dans un pays où il * Lettre du i^' avril 1610. 2 Voir Tabbé Haristoy Recherches historiques sur le pays basque, p. 541. LH GOUVERNEUR DU liHARX, VlCi-ROI DH NAVARRE. 249 était le seul souverain ;miis que, s'il se présentait comme ami, il recevrait bon accueil. Gourgues déclara qu'il se contentait du titre d'ami. Quoi qu'il en soit, Gramont eut ensuite d'intermi- nables queielles avec Roquelaure. QjLiant à l'affaire des couplets, un combat singulier devait la vider ; mais, pour empêcher de se battre deux grands seigneurs qu'il aimait^ le roi les fit garder à vue dans leur maison, jusqu'à ce que l'affaire fut arrangée. Elle s'arrangea de la seule manière possible ils se battirent, et la ren- contre eut lieu sans que les exempts qui les surveillaient se fussent aperçus de leur sortie ni de leur rentrée. Parmi les noms historiques de la France, celui de Gramont est un de ceux qui ont jeté le plus d'éclat à la cour des descendants d'Henri IV. Après Antoine II, on ne saurait oublier l'un de ses fils, Philibert, le fa- meux chevalier de Gramont, dont le comte de Hamilton a écrit, sous sa dictée, les mémoires. c On me mit, dit il, au collège de Pau, dans la vue de me faire d'église; mais comme j'avais bien d'autres vues, je n'avais garde d'y profiter. J'avais tellement le jeu dans la tète que le précepteur et les régens perdi- rent leur lalin à me le vouloir apprendre. Le vieux Bri- non qui me servait de valet de chambre et de gouver- neur avait beau me menacer de ma mère, je n'étudiais que quand il me plaisait, c'est-à-dire jamais. » Le frère aîné avait demandé pour lui une abbaye au cardinal Mazarin dont il avait épousé la nièce. Il le fit appeler et lui tint ce langage Or ça notre petit ca- det, il faut opter. \'oyez donc si, tenant à Téglise, vous 250 LA SOCIÈTF ET LES MŒURS EN BFARN. voulez posséder de grands biens et ne rien faire, ou avec une petite légitime, vous faire casser bras ei jambes pour être le fructus helli d'une cour insensible et parvenir sur la fin de vos jours à la dignité de maré- chal de camp avec un œil en verre et une jambe de bois. » Le chevalier n'hésita pas. Il se sentait porté aux guerrières et galantes aventures. Il brilla d'abord sur les champs de bataille; puis, dans un intervalle de paix, il jugea qu'au milieu d'une cour florissante en beautés et abondante en argent, il ne devait s'occuper que du soin de plaire, de faire valoir les avantages que la nature lui avait donnés pour le jeu et de mettre en usage de nou- veaux stratagèmes en amour. » Il fut heureux au jeu et malheureux dans une entreprise amoureuse. Il vit que le grand roi portait son attention sur La Motte- Houdancourt, une des filles d'honneur de la reine, et il voulut être le rival de son maître. Cela lui valut d'être banni de la cour. Retiré à Londres, on le rechercha tout particulièrement à la cour de Saint- James et il y fit la conquête d'Elisabeth Hamilton, l'une des femmes les plus renommées par l'esprit et la beauté. Il lui pro- mit mariage. Rappelé en France, il quitta Londres précipitamment, les frères d'Elisabeth coururent après lui et le rejoignirent à Douvres. Chevalier , lui crient- ils du plus loin qu'ils l'aperçoivent , chevaUer , n'avez-vous rien oublié à Londres ? — Pardonnez- moi, j'ai oublié d'épouser votre sœur. » Il rebrousse chemin avec eux et le mariage se fait. Philibert de Gramont ne garda pas longtemps la lieutenance générale de Béarn. Il la céda cà un de ses LE GOUVERNEUR DU BI-ARX, VîCR-ROI DE NAVARRE. 25 I neveux et revint à la cour qu'il charmait par son esprit, dont il abusait parfois. Le roi riait de ses mots piquants, mais les courtisans les redoutaient. Devenu vieux, le beau chevalier cherchait à se rajeunir. Un jour, Louis XIV demanda son âge, à l'éveque de Senlis^ qui répondit Il ne peut pas cacher son âge; il doit être aussi vieux que moi, nous avons cliidié dans la même classe. » Le roi répéta la conversation Cet évéque, sire, répondit Gramont, n'accuse pas juste, car ni lui, ni moi n'avons jamais étudié. » Antoine III, duc de Gramont, maréchal de France, fut l'epiilé le plus galant seigneur de France et l'ornement de la cour. Il naquit à Hagetmau en 1604 et mourut à Bayonne en 1678. Il a publié des mémoires; son his- toire anecdotique fourmille de curieux détails. Il était d'une exquise distinction. C'est lui qui fut chargé d'al- ler, pour le roi de France, demander la main de l'in- fante Marie-Thérèse. Sa politesse était parHiite ; mais il ne pouvait rester en plein air la tête nue, et lorsqu'il rencontrait une dame dehors, il n'attendait pas qu'elle le priât de remettre son chapeau; il se couvrait aussi- tôt, mais en disant avec une bonne grâce charmante Ah! madame, puisque vous l'ordonnez donc I » Il aimait à parler de ses terres du Béarn où il voulait aller planter tout doucement ses choux. Un jour, dans un salon de Paris, il se mit à suren- chérir sur des gens qui s'amusaient // dire des menterics. Il raconta qu'il avait établi dans une de ses terres un moulin à rasoirs. Les pavsans, en y approchant les joues, avaient la barbe faite en deux tours de roue. 252 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. Au passage du Rhin, au moment où un officier se disposait à se jeter dans le fleuve, le maréchal de Gra- mont courut à lui le pistolet au poing. Halte-là ! lui dit-il, vous ne passerez pas que vous ne m'ayez payé les 50 louis que vous me devez. — Etes-vous fou, répond l'officier. — Moi! non, réplique Gramont. Je sais que vous n'avez pas peur de mourir; noyé de dettes, c'est peut-être ce qui pourrait vous arriver de plus heureux; mais, quand vous serez mort, sur quoi prendrai-je mes 50 louis ? Payez-moi, vous dis-je, ou vous ne passerez pas. » On a beaucoup écrit, et il reste beaucoup à écrire sur le duc Antoine III de Gramont. Toutes les lettres qu'il a laissées ne sont pas publiées. Il était en corres- pondance avec les plus grands personnages de son temps. M. Tamisey de Larroque a publié des lettres adressées au maréchal par Richelieu, Lamoignon, Bourdaloue, Voiture et Balzac. J'en possède plusieurs écrites de la main d'Antoine III. En voici une tex- tuelle du 2 décembre 1603, adressée à M. le marquis de Poyanne, conseiller de Sa Majesté en son conseil d'Etat et son lieutenant général au gouvernement de Navarre et de Béarn. Monsieur^ jay receu la lettre qu'il vous a plu de m'escrire depuy vostre arrivée à Pau, qui m'a apprins touts les ordres que vous y aves donnes, lesquels ne peuvent estre meilleurs. à l'affaire du parle- ment estant generalle, il semble qu'on ne peust sépa- rer aucun des particuliers qui se sont trouves comprins dans la désobéissance et dans l'orgueil le plus mal LE GOUVERNEUR DU BÉARN, VICE-ROI DE NAVARRE. 23 tonde et de plus accompagne de hi dernière foiblesse dont on ait inmais ouy parler, car enlln il est inouy que des personnes, dont les noms et les usages ne furent iamais cognus exposes aux outrages des moindres pai- sans de Bearn, ayent voulu donner la loy au Roy dans une province ou son autorite est Dieu merci assez establie par moy, je les prens a témoins si je veux mal a pas un d'eux et toute la province sait ce que jay fait trois ans de suitte pour les empescher de tomber dans l'inconvénient où ils sont plongés. Mais ce qu'il y a de plus plaisant est le crédit qu'ils se sont imagi- nes avoir à la cour, car sur ce suiet on peut dire que ceux qui sont dans les petits maisons, et qui y sont enfermés pour croire estre Dieu le père, ne sont pas touches d'une plus grande folie. » J'ai copié exactement l'orthographe du duc qui avait une jolie écriture, mais complètement dépourvue d'ac- cents. Le reste de la lettre est relatif à d'autres affaires, et contient des phrases gracieuses pour M. de Poyanne Sa Majesté n'acceptera pas d'ciuircs expéd l'en l s que ceux qui lui seront proposés par le marquis. Il ajoute ' Cet Antoine IV était rentré d'Espagne où il était ambassadeur en 1705. Il y a de curieuses choses dans sa correspondance avec le roi et les ministres ^ Par i 1 B. 4^8. Archives de Pau. 2 Trois volumes in-folio inédits. LU gouvirxiur DU bkarx, vich-koi du 25 exemple, le 30 septembre 1704, il écrivait au roi que la reine d'Espagne l'avait fait appeler dans son quarto secreto pour jouer de la guitare. M. de Torcy, secrétaire d'Etat, répondit en comparant le grave ambassadeur jouant de la guitare à Orphée jouant de la lyre. Dans une lettre adressée de Madrid au même marquis de Torcy^ le 30 octobre 1704, Gramont écrit Ne pré- tendés-vous pas vous moquer avec vos lyres d'Am- phion et d'Orphée ? Je ne sçais si elles eussent produit un meilleur effet que ma guittare, avec une chaconnc soutenue d'algiinas signidillas espariolas qu'il me fal- lait chanter et qui ne laissèrent pas d'avoir leur mé- rite tant auprès de la reine que de las duerias que esse- ran incanladas y deîan a todos que desde el tieinpo de Pbelipe quarto no havian oydo cosa tal, uy fan Ihida vo^. Si l'abbé d'Estrées revient jamais en Espagne faites lui apprendre à chanter et à jouer de la guittare. Cehi vaudra mieux que le sérieux en el quarto secreto. Pour moy je m'en suis très mal trouvé lorsque je l'ay voulu arborer et j'ay connu, qu'ayant à vivre avec des jeu- nes gens il fallait avoir Tesprit jeune comme eux pour parvenir à leur plaire dans le courant de la vie. Il n'en est pas tout à fait de mesme avec messieurs les grands d'Espagne, aux quels les castagnettes dans la conver- sation ne conviendraient pas, aussi puys-je vous assurer que je ne les mets pas en pratique et que je ne chemine devant eux que la sonde à la main... » M. Communay * cite encore deux lettres inédites I Revue de Gascogne. 256 LA SOCIÉTÉ ET LFS MŒURS EN BÉARN. du duc de Gramont. L'une est écrite de Bayonne à la fille du maréchal de Grancey, surnommée VEspagnole parce qu'elle avait été dame d'atours de Marie-Louise d'Orléans, reine d'Espagne Mon espagnole, vous êtes juste et délicate dans vos expressions; ce que vous dites, lorsqu'il sort de votre bouche est plein de charme et d'agrément, mais, mon espagnole, je suis forcé de vous dire qu'il n'en est pas de même de ce que vous couchez par écrit et qu'il n'y a ange ni démon qui puisse déchiffrer vos pieds de mouches. Je viens de recevoir de vous un fragment de lettre dans celle de madame de Gramont où je n'ai pu démêler si vous parliez de politique, de guerre ou d'amour. Voilà Tem- barras dans le quel vous m'avés jette qui me détermine à prendre la poste pour aller vous demander l'explica- tion de votre lettre et me mettre à portée que vous puissiez toujours me parler et ne m'écrire jamais. » Si le duc de Gramont venait rarement en Béarn, il ne cessait jamais de s'en occuper. Parmi les lettres que je possède, j'en trouve une écrite à Lons, en date du 3 janvier 1758, et adressée aux jurats de Pau pour 1 eur annoncer qu'il ferait le 6 son entrée d'honneur à Pau. Il y eut, paraît-il, quelques désordres à réprimer^ témoin cette pièce Antoine Adrien Charles, comte de Gramont^ Bri- gadier des armées du Roy, commandant en chef dans le Royaume de Navarre, pays de Béarn et généralité d'Auch, Menin de Monseigneur le Dauphin, Vu le procès-verbal par les sieurs Defeschens et Lahitole, jurats de Pau, ordonnons qu'en conséquence LE GOUVERNEUR DU BliARN, VICE-ROI DE NAVARRE. 257 de la résistance faite par les nommés Dufau aîné, Du- boscq cadet, Canet Fougère aîné, d'obéir à l'ordre qui leur a été présenté par Paloque et Poye, soldats du guet, ils seront conduits et détenus dans les prisons de l'hôtel de ville, jusqu'à nouvel ordre. An-c française, t. I, p. j^q. 294 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. n'avaient pas la même prétention ; mais le moindre en- richi pouvait paraître noble. Le plus humble ouvrier prenait la particule, et cela voulait dire que Jean ou Pierre était de telle maison. L'héritière d'une maison imposait son nom à son mari. En 1669, l'intendant d'Aguesseau fut chargé de rechercher en Béarn les usurpateurs de noblesse. Ce ne fut qu'une panique. Tout s'arrangea moyennant finance. Il paraît que les titres de noblesse se payaient 30 livres, et le nombre des nobles alla toujours gros- sissant. Au xvi siècle, on comptait aux États de Béarn 20 députés de la noblesse; en 1788, on en comp- tait 500. Chose curieuse! chaque fois qu'on a voulu pour- suivre les faux nobles^ on n'a fait qu'en augmenter le nombre. Ainsi, durant le second empire, les gens qui s'étaient parés de noms qui ne leur appartenaient pas, profitèrent du moment où on voulut réprimer les abus de cette nature pour faire régulariser, à l'aide de protections de toute sorte, la fausse position où ils se •trouvaient. Sous l'ancien régime, on pouvait être anobli par l'achat de certaines charges de finance ; on en comptait 4,070 conférant la noblesse. M. de Pontchartrain sur- tout abusa de la création d'offices honorifiques dans le but d'enrichir le Trésor. Il disait au roi Chaque fois que Votre Majesté crée un office, Dieu crée un sot pour l'occuper. » La fortune immobihère, aujourd'hui détrônée par la fortune mobilière, menait droit à l'anoblissement. On LA NOBLHSSl- 15l'; AKXAISI- . 295 n'a plus besoin de réfuter Boulainvilliers et Montes- quieu qui voulaient trouver l'origine de la noblesse dans l'invasion germanique et dans l'inégalité de la race. La vraie origine de la noblesse féodale, c'était la puissance résultant de la richesse foncière, de la pos- session ancienne de la richesse territoriale. Le roturier enrichi acquérait un bien noble; il cher- chait à enter sa famille sur celle des anciens posses- seurs de la terre dont il prenait le nom; il dissimulait le nom obscur des aïeux sous celui d'une seigneurie, grande ou petite. Ces abus remontaient loin et gran- dissaient chaque jour, malgré d'énergiques protesta- tions. Comme il se récrie le seigneur des Accords contre ceux ipii estant yssis de bonnes et honnestes familles changent le nom de leurs pères connue- s' il s dédaignaient de le dire et faire remarquer ; enfants oublieux de leur origine prenoient plaisir par une insigne fausseté de s'élever par dessus leurs ancestres et vouloient par ce moyen fouler aux pieds leur mémoire.. . Ce que Molière résumait ainsi Qiiel abus de quitter le vrai nom de ses pères Pour en vouloir prendre un bâti sur des chimè'res ! Aujourd'hui que l'usurpation des faux noms ne mène plus à rien qu'au ridicule, combien de gens, cependant, s'aflublent de titres auxquels ils n'ont aucun droit! La distinction, si martluée en France, entre la noblesse d'épécet celle dérobe existait aussi en Béarn; mais les gentilhommcs de haute noblesse, comme les Gramont, habitaicni Paris plutôt que la cité béarnaise. 296 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. A Pau, les nobles qui auraient dédaigné de porter la robe étaient peu nombreux. Les douze barons de Béarn, au moyen âge, tenaient en main le glaive de la guerre et celui de la justice. Ils étaient chevaliers, guerriers et juges. Dans une vicomte^ le plus haut titre ne pouvait être que celui de baron. Le titre était attaché à la terre, et la terre pouvait changer de maître. Voici quel était, à la fin du dernier siècle, l'état des possesseurs des douze baronnies Andouins . le duc de Gramont. Navailles. de Mesplès. Arros. . d'Espalungue. Miocens . . de Navailles Poeyferré Lescun . . . de Laur. Gabaston. . . de Faget. Coarraze . , . de Boeilh. Domy. . . de Courrèges. Gayrosse . . . de Laborie. Gerderest . de Noguès. Les deux baronnies de Miramon et de Vidouze avaient été distraites du Béarn au xiv^ siècle. Aux douze grandes baronnies^ quatre petites furent ajoutées Monein . . . comte de Montréal. Lons .... marquis de Lons Mirepeix. . , vicomte de Navailles. Làas. . . . baron de Lataulade. De nos jours, on s'occupe beaucoup d'écrire le nobi- liaire de chaque province. Ces publications ne sont LA NOBLESSE BÉARNAISE. 297 malheureusement trop souvent que des spéculations. LeChesnaic des Bois serait fort étonné de voir l'édition nouvelle de son livre enrichie de tant de généalogies fantaisistes. De tout temps, il y a eu des généalogistes complaisants moyennant salaire. Saint-Paul a dit Genealogias devita, siint enim inutiles et varice; et Cha- teaubriand On compte ses aïeux quand on ne compte plus. Parmi les généalogies anciennes des familles de Béarn, plusieurs excitèrent le sourire des contempo- rains. Tallemant des lléauxdit, en parlant des Gassion Ils font des efforts pour fiiire passer leur maison pour une maison d'ancienne noblesse, et se font une généa- logie telle qu'il leur plaist. » Lorsque le frère du maré- chal de Gassion obtint, par lettres patentes de février 1661, l'érection en marquisat de la terre de Camou, il arrangea sa généalogie. Je ne sais quels noms il y ajouta; mais je connais ceux qu'il en a retranchés, notamment celui d'un oncle Jacob, médecin. 0\\ est allé récemment jusqu'à nier l'existence de ce Gassion, médecin; mais je possède imprimés des vers fiiits par lui et contre lui. Un de ses autographes existe aux archives de Pau; c'est une quittance, datée du 4 juin 1623, d'une somme de 3 livres, 4 sols, 6 deniers pour avoir fait, par ordre du parlement, la visite corporelle de trois sorcières, afin de rechercher si elles n'a- vaient pas sur elles quelque signe annonçant le contact du démon. Les Gassion étaient dévoués aux rois, mais ils appar- 298 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. tenaient à une famille pauvre, originaire d'Oloron. Jean de Gassion fut élevé aux frais de Jeanne d'Albret et le père du maréchal aux frais d'Henri IV. Le maréchal disait à M""^ de Motteville que, lorsqu'il quitta Pau, il n'emporta que 30 sols dans sa poche, et que, pour économiser ses souliers, il les portait au bout d'un bâton. On raconte qu'en partant pour la campagne, de Savoie, son père lui donna pour tous chevaux un vieux courtaut qui pouvait bien avoir trente ans et qui ne put aller plus loin qu'à quatre ou cinq lieues de Pau. Il fallait être bien pauvre gentilhomme pour savoir marcher pieds nus, et n'avoir pas un cheval pour faire un long voyage. Le maréchal fut tué le 15 septembre 1647. Il laissa à sa famille 900,000 livres vaillant ; et son frère Bergeret mourut peu de temps après. Aussi disait-on qu'en voyant arriver si vite dans l'autre monde celui qui, dans celui- ci, venait toujours après lui, le maréchal avait dû s'é- crier 4 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. celui des autres ; si elle en a beaucoup, elle en commu- nique à ceux qui en ont peu. La présence d'une femme de haute compagnie dégage une atmosphère de poli- tesse et de bon ton qui agit sur tous les hommes comme il faut. Parmi les jeunes Béarnaises, on en trouve peu qui soient parfaitement belles ; on en trouve moins encore qui soient complètement laides. Elles ont, en général, quelque chose d'agréable et de piquant. Dans le monde aristocratique il régnait un ton particulier de politesse. On y trouvait bien parfois une teinte d'orgueil et de fatuité, mais on n'y admettait jamais rien qui sentit la trivialité et le pédantisme. L'art de plaire dans la société s'enseignait à toutes les grandes dames. L'esprit de salon est, en effet, un esprit à part que donne seul l'usage du monde. Il brille surtout par l'exquise délicatesse de l'expression, par la mobihté de l'imagination, par la finesse du sen- timent, la soudaineté, l'a propos et l'imprévu. Les Béarnais avaient de la grâce et du trait. La pu- reté de l'accent et du langage était chez eux une marque de distinction et de noblesse ; car les gens du peuple avaient conservé l'idiome local, l'accent du terroir; ils pensaient en béarnais, et, quand il leur arrivait de se traduire en français, ils étonnaient par des tournures de phrases et des expressions inconnues à Vaugelas. Les traditions de la cour de Navarre avaient été trop profondes pour ne pas laisser de traces dans le monde élégant. Mais, après le départ de Catherine, on parla moins des affaires étrangères que de celles du pays. Les SALONS DI- 1>AU. }2^ sujets les plus futiles étaient souvent ceux qui passion- naient le plus. L'épigramme se répandait plus vite que le madrigal. Mais c'est un mauvais métier que celui de médire. Un madrigal, une chansonnette s'avouait facilement et va- lait bien des sourires dans les salons. Le gazetier vivant qui récoltait le plus de nouvelles du Parlement et du pays et qui savait les raconter d'une manière spirituelle était fort recherché. Au conteur habile, le causeur ai- mable était souvent préféré. Je voudrais en quelques coups de pinceau faire le por- trait des nobles dames de Pau sous l'ancien régime. Ce n'est pas, d'ailleurs, une galerie de tableaux, mais des esquisses d'après des documents épars, échappés à l'histoire, conservés dans des papiers de flimilles, et notamment dans un livre du baron de Laussat la Sociélc béarnaise dit dernier siècle. Voici d'abord la marquise de Lons. Elle a plus de cent mille livres de rente. Elle tenait maison ouverte et recevait le meilleur monde. Brune, d'une beauté piquante, elle cherchait à plaire, et les mauvaises langues disaient qu'elle y avait trop bien réussi. On l'accusait d'avoir fait la conquête de M. de Faget de Pomps, qui passait pour le gentilhomme le plus ac- compli. Augustine de Lons avait les plus exquises qualités de l'esprit et du cœur; elle aurait eu les moyens de plaire, mais elle n'en avait pas le désir. Elle repoussa tous les prétendants, et ne se maria pas. Deux filles du marquis de Lons furent mariées, l'une 326 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. à M. de Camou Blachon, l'autre à M. de Borda. Elles méritèrent des éloges sans réserves. Au commencement delà Restauration, la douairière de Lons laissa à Pau le souvenir de la vieille crrâce béarnaise de l'ancien régime. La maison de Gassion fut longtemps l'une des prin- cipales de la ville. Le maréchal Jean de Gassion fut brave comme Henri IV, mais il n'aspira jamais à être un vert galant ; il avait pour le beau sexe une antipathie profonde, inouiC;, inexplicable. On dit qu'il était laid et que sa laideur lui avait fait prendre en haine la beauté. D'après des portraits de famille, il avait un air intelligent et martial qui plaisait. Son histoire nous apprend qu'il aurait pu faire des con- quêtes s'il eût voulu. Sa renommée de héros était grande. Compagnon de gloire du roi de Suède Gustave Adolphe, il devint maréchal de France très jeune. Le cardinal Mazarin, sachant son étrange aversion pour le mariage, essaya de la vaincre sans pouvoir y parvenir. Gassion disait qu'il estimait trop peu la vie pour en faire part à qui que ce fût. Quant à la beauté, il répé- tait que la beauté d'un cheval lui plaisait plus que celle d'une femme. Cette réputation d' anti-galanterie et d'in- sensibilité pour l'amour fut un motif pour qu'on lui fît des avances. Moins il faisait de frais pour les jolies femmes, plus celles-ci en firent pour lui. Devenir maré- chale et prendre d'assaut un cœur déclaré invulnérable,, cela valait la peine de quelques vives tentatives. Les plus ravissantes bouches avec les plus séduisants sou- rires murmuraient sans cesse les plus doux propos aux LES SALONS DE PAU. 327 oreilles du jeune maréchal, il restait inflexible, et les instances redoublaient Oh ! monsieur, vous avez fait vraiment les plus belles choses du monde ! » Le jeune héros ne répondait pas et n'avait pas l'air de com- prendre le but de ces éloges. Une noble et ravissante jeune fille, voulant un jour le pousser à bout, dit très clairement Je voudrais bien avoir un mari comme M. de Gassion. — Je le crois bien, mordioux! » répondit celui-ci^ et il lui tourna brusquement le dos. Une dame, indignée d'entendre que le maréchal disait Femme et vache, c'est tout un pour moi, mor- dioux ! — répondit avec malice Bœuf et Gassion, c'est tout un ». Gassion n'avait pas obtenu sans difficulté le bâton à cayse de sa naissance. Il avait de nobles et illustres concurrents, notamment Turenne. Il lutta contre lui, et l'emporta; il disait M. de Turenne honorerait cette charge et, si on me l'accorde, j'en serai honoré ». La nouvelle de sa promotion à la dignité de maréchal fut un événement à Pau. Sa mère occupait un rang modeste. Toute la haute noblesse s'empressa d'aller lui offrir des hommages, auxquelles elle n'avait pas été accoutumée. Chaque fois qu'elle recevait un personnage ou une grande dame, elle allait faire la révérence devant le portrait du maréchal en disant Mon fils, c'est à vous que je dois l'honneur de cette visite ». Cette anec- dote n'est pas puisée à des sources très sûres ; mais ce que l'on sait du caractère de M'"' de Gassion la rend fort vraisemblable. Hlle était bonne et avait de l'esprit, 328 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. mais surtout de cet esprit goguenard, un peu trop de mode à Pau. Tallemant des Réaux rapporte qu'un jour elle ren- contra une femme qui boitait des deux côtés Holà ! lui dit-elle^ ma commère, vous qui allez de côté et d'autre — et cela disant, elle la contrefaisait — don- nez-moi des nouvelles ». — La boiteuse répondit C'est vous qui devriez m'en donner, puisque vous portez le paquet ». La boîte du facteur n'était pas encore inventée, et le sac aux lettres se portait sur le dos. La gloire du Maréchal, mort sans postérité, profita à ses neveux. Les aînés devinrent marquis et présidents à mortier ; les cadets acquirent de hauts grades dans l'armée. Enfin de riches alliances attirèrent dans cette maison la fortune et l'éclat. La marquise de Gassion, dont Renaud d'Elissagaray fut le page, avait un grand train en son château d'Ar- bus et en son hôtel de Pau. Les Béarnais, fidèles au vieil usage national de ne donner le titre de Madame qu'à la femme de leur seigneur, hésitèrent longtemps à le donner, comme cela se pratiquait ailleurs, aux grandes dames. Ils commencèrent par appeler la mar- quise de Gassion Madametie. La fortune des Gassion alla toujours grossissant. D'après Tallemant des Réaux, un président de Gassion s'était brouillé avec sa mère pour une rente de 4 livres, et il possédait 800,000 livres de biens. L'horreur que le Maréchal manifestait pour les femmes ne fut pas héréditaire dans la fiimille. Si les LES SALONS DE PAU. 329 premiers Gassion furent des savants ou dos braves, les derniers furent surtout des hommes aimables. Je retrouve dans mes papiers une lettre du marquis de Gassion à la marquise de Poyanne, sa sœur. Elle est datée de Bagnères-de-J3igorre, le 3 octobre I7>2. Le marquis annonce d'abord à sa sœur que sa femme est attendue, puis il ajoute Je profite, pour vous écrire, du plus aimable courrier du monde^ Madame de Jonca. Tout le monde veut que j'en sois amoureux, et cela du premier jour que nous nous sommes vus à la fon- taine. On me l'a tant dit, que je commence à me le per- suader. Dieu veuille que je le lui aie persuadé aussi. Mais elle s'en va... Je lui ai donné un bal, mais mon fils a dansé à ma place. C'est là le sort des pères qui ont de grands enfants. On dit aussi que mon fils était un peu plus amoureux que moi. Je crois même qu'il a été un peu jaloux » Si la correspondance intime et secrète de Messieurs du Parlement pouvait être retrou- vée, elle offrirait des pages spirituelles et charmantes à l'histoire de la galanterie béarnaise. Les archives de Pau contiennent une correspondance de Daniel de Tristan, curé de Gan, qui avait été secré- taire du cardinal Dubois. Je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais. Il ne dit rien du cardinal et parle peu de la société de Pau. Il se montre très obligeant, très disposé à faire des cadeaux aux personnages qui peuvent le ser- vir; il a dépensé des sommes fabuleuses en présents de jambons et de cuisses d'oie, et aussi en présents de bon tabac il en expédie à un de ses amis comme étrennes à Monsieur son nc;^. On s'adressait à lui pour 330 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. avoir du tabac d'excellente qualité. Le 12 janvier 173 1, l'évêque de Lescar lui écrit x 11 n'y a que le tabac d'Espagne qui me tient à cœur. Nous en avons de si mauvais ici que je ne puis en prendre et je souhaiterais fort que le directeur de Paris pût m'en avoir, à quelque prix qu'il coûte ; du vieux havane bien noir, qui fût moelleux sous les doigts serait fort de rnon goût ». Au commencement du xviii* siècle, un jésuite, le P. Buffier, disait que tout ecclésiastique, magistrat ou homme du monde qui s'avisait de priser était montré au doigt comme des gens sans pudeur ou livrés au li- bertinage. Fumer, ajoute-t-il, était le comble de l'éva- poration et du ridicule, ce n'était permis qu'aux marins et aux grenadiers. » L'extravagante guerre faite au tabac et au café finit vite à Pau. Le béarnais Hourcastremé * raconte que ^nie jg *** ^^ gg contentait pas de priser, qu'elle ava- lait six tasses de café et fumait dix pipes par jour. Les élégantes marquises ne firent sans doute pas grand usage de la pipe, mais elles ne dédaignèrent pas de prendre le café dans une tasse de Sèvres, ni de priser au tabac dans une coquette boîte d'or ornée de quel- que ravissante miniature et encadrée de perles ou de brillants. Un intendant, qui n'aimait pas le procureur général M. de Cazaux, l'accusa de ne venir au palais que pour troubler le service en allant de chambre en chambre dis- traire les juges par des discours frivoles et en leur of- ' Œuvres, t. I, p. 78. LES SALONS DH PAU. 33 I franl du tabac. Ce tabac provenait sans doute de l'abbé de Tristan, car ce procureur général était un de ses amis. Il lui écrivait en 1729 qu'il allait s'abinicr dans les horreurs de l'instruction d'un procès, chose capable de le faire mourir d'ennui. M. de Cazaux figure mieux parmi les hommes du monde remarquables par l'amabilité et l'esprit que parmi les grands magistrats dont le savoir fut l'honneur du Parlement. Entre temps, M. de Cazaux recommandait à l'abbé de Tristan de mettre les lettres qu'il lui écrivait sous r enveloppe de quelque ministère^ non pour épargner le port, mais parce que cela donne un air d'importance qui quelque- fois nest pas trop indiférent. La première présidente de Courbons ne savait pas modérer sa langue. Sa parole toujours abondante était tantôt piquante jusqu'à la malice, tantôt caressante jusqu'à la flagornerie. Elle eut avec son mari des que- relles bruyantes qui finirent par une réconciliation sincère. Devenue veuve, la marquise de Courbons con- tinua à tenir maison, quoiqu'elle n'eût que 14,000 livres de rente. Ses intempérances de langage ne rendirent son salon que plus amusant. Elle avait deux filles. L'aînée épousa le président de Mcsplès d'Esquinle. Sans être jolie, elle était très bien faite ; et, sans avoir beaucoup de jugement, elle avait beaucoup d'esprit. Elle voulut tout diriger, et elle avait besoin de direc- tion. Elle avait la manie de se mêler de tout et n'aurait dû se mêler de rien. Son caractère était pkis propre à tout gâter qu'à raccommoder les choses. Sa fille, la présidente de \'erthamoii, mourut sans postérité 332 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. laissant pour héritière sa cousine germaine M""^ de Gramont-Caulet. La seconde fille de la marquise de Courbons^ M"'^ de Gaubert, grande et bien faite, n'était pas, d'après M. de Laussat, ingrate envers la nature de tout ce qu'on peut faire de ses dons. La famille de Mesplès joua un grand rôle dans la so- ciété béarnaise. Dominique de Mesplès, ayant perdu sa femme, entra dans les ordres et devint évoque de Lescar. Son fils et son petit-fils furent successivement présidents au Parlement. L'un des derniers barons de Mesplès, capitaine de dragons, fit assez de folies pour être enfermé à Charen- ton, et il eut assez d'esprit pour s'en échapper. Sa violence de caractère était telle qu'un jour, il cassa la tête d'un coup de pistolet à un postillon qui, le con- duisant^ lui avait, disait-il, manqué de respect. Sa plus grande folie fut sa passion pour M""^ de Labaudauge, veuve, mère de cinq enfants, et ayant passé la quaran- taine. Son amour brisa tous les obstacles pour arriver au mariage, mais s'éteignit tout à coup dès qu'il eût touché le but. Le souvenir delà rare beauté de la dernière baronne de Mesplès vit encore. Jetons un voile sur sa vie. Cette famille est éteinte comme celle de Livron. M""^ de Livron, sœur du marquis de la Case, pre- mier président, était petite, mais très jolie. On ne lui reprochait pas de ne point faire des frais pour plaire, mais d'en fiiire souvent trop. C'est un défaut assez rare chez les jeunes femmes dont la conduite échappe à LhS SALONS DK FAU. 333 toute critique. M""" de fut admise à l'honneur d'une présentation à la cour. Elle avait une fortune énorme, et faisait les charmes de la société de Pau. Le chevalier de Livron, qui avait servi dans les guerres du roi Stanislas en Lorraine, brillait à Pau et devint fort épris de M"'*^ de Breteuil, qui passa une année chez le premier président de la Case. Le cheva- lier suivit à Paris M'"^ de Breteuil dont il reçut agréa- blement le congé. Cet adverbe n'est pas de moi, et je ne me charge pas de l'expliquer. J'ai vu dans mon enfimce le baron de Boyrie, pres- que centenaire dans son hôtel aujourd'hui reconstruit '. Je vois encore les vieilles tentures de soie aux vives couleurs représentant diverses scènes de la vie des Chinois. Je n'aurais certes pas pris le baron Je Boyrie, dont le frère avait épousé une Livron, pour le type de l'an- cien gentilhomme de Pau. Sa voix féminine, flûtée, son visage imberbe, son intelligence bornée l'exposaient aux railleries de sa famille où l'esprit abondait. Le baron aimait le monde et s'y montrait beau joueur. Sa mère, fille d'un avocat distingué, M. de Lafargue, avait laissé une réputation de joueuse. Un jour, qu'elle était tombée en syncope, on cherchait vainement à la faire revenir. Tout d'un coup, le médecin s'écrie duinte et quatorze ! » La malade se redresse aussitôt et réplique Avez-vous le point, docteur ? » Une des sœurs du baron épousa W. de Ségure ' Rue du Lyccc, n ii. 334 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BEARN. dont le fils, un brave colonel, a épousé la dernière des Boyrie, mère de la marquise actuelle de Nolivos. M""^ de Ségure, mère du colonel, avait brillé dans les salons de l'ancien régime par sa beauté, son esprit et ses manières. Même parvenue à un âge très avancé, elle avait conservé un charme extrême dans sa physio- nomie. Ses yeux qui avaient été très admirés, étaient restés caressants et d'une douceur exquise. Les Nolivos, attachés jadis au service des rois de Navarre, brillèrent à la cour de Henri IV et au Parlement. Ce fut un mar- quis de Nolivos qui épousa l'héritière du baron d'Holbach. J'ai vu s'éteindre les marquis d'Esquille, présidents à mortier de père en fils pendant toute la durée du Parlement. Longtemps, ils eurent plus d'honneurs que de richesses, mais un d'Esquille épousa M'^^ de Lezons,. qui lui apporta 400,000 écus de dot. La jeune marquise, admirablement élevée par une femme supérieure, M"'^ de Sorberio, fille du marquis d'Ossun, avait de l'instruction sans pédanterie, beau- coup d'esprit et autant de bonté. Son fils, le président d'Esquille, se maria deux fois, sa seconde femme était très jolie. J'ai connu le dernier descendant de cette noble race. C'était un très bel homme, la loyauté personnifiée. Un jour, je lui expri- mai mon regret de voir son nom s'éteindre. Il me ré- pondit /w/r6'que la langue espagnole est trop fasi lieuse, l'italienne trop lascive, la française trop molle et si pauvre que sans les viols mendiés à la noire elle ne serait — je copie — jn* Il ne poêle sans queue, un mignon sans maîtresse, lin marchand sans cabale, un orfèvre sans or, une doublure sans dessus, un enfant sans nourrice, une femme sans mari, une vigne sans èchalas, une plume sans être taillée. Les auteurs ont prétendu que les langues des diffé- rent^ peuples ne sont qu'une sorte d'imitation des cris des animaux qui fréquentent leur pays. Bernardin de Saint-Pierre remarquait que la langue des Anglais sifflait comme celle des oiseaux qui se trouvent sur le 348 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉaRN. rivage de leur île_, que celle des Hollandais a quelque chose du coassement des grenouilles dont leurs marais abondent, que le hottentot glousse comme l'autruche, et^ pour ce qui est du patagon, il semble imiter la mer dans ses mugissements. Le béarnais n'avait-il pas quelque chose du chant des rossignols jadis si nombreux dans les bosquets des bords du Gave ! Il y avait dans l'accent béarnais quel- que chose de mélodieux qui allait très mal avec le fran- çais, mais qui était en harmonie avec les mœurs locales. Le béarnais rivalise de douceur avec l'italien; il se prête merveilleusement au chant et, comme il brille surtout par le pittoresque, l'expression, il perd beau- coup à être traduit. Dans mon Essai sur la langue et la littérature du Béarn, j'ai montré que le béarnais, dialecte de la langue romane, offrait dans nos contrées des variantes à l'in- fini. La diversité de ces nuances, dans l'accent et dans l'expression, est sensible d'un canton à l'autre ; on ne parle pas dans la plaine comme à la montagne^ au vil- lage comme à Pau où l'on avait la prétention de par- ler le plus doux^ le plus pur béarnais. Aujourd'hui on ne sait guère lire le béarnais, et qu'a-t-on à lire ? Les monuments écrits de l'idiome national ne remon- tent pas bien haut^ excepté les fors et quelques chartes. Parmi les petits poèmes regardés comme de petits chefs-d'oeuvre, on discute souvent pour savoir si l'idée appartient à l'auteur qui l'a revêtue de toute la grâce de l'idiome natal, ou bien si ce n'est qu'une simple imi- tation. LA LANGUK BliARXAISH. 349 Ainsi le chnnt si gracieux, si renommé de Gas- ton Phébus aquères moitntagnes^ exprime, d'après plu- sieurs savants, une idée que l'on retrouve dans un chant populaire de la Grèce moderne et dans une vieille chanson de la Corrèze. Le plus fameux sonnet écrit en béarnais serait imité d'une pièce du cardinal Bembo. Sous l'ancien régime, dans les salons où l'esprit re- cevait bon accueil, des hommes du monde qui auraient reculé devant un travail sérieux, aimaient à composer une chansonnette ou une épigramme chansonnette ou épigramme plaisait d'autant plus qu'elle avait une saveur de terroir. Parmi les poètes de cette époque, plusieurs noms brillèrent Gassion , Fondeville, d'Espourrin, Théo- phile de Bordeu, Cazalet, Hourcastrémé, Cazaux, l'abbé de Puyo, Bonnccase et Bitaubé. Une des plus charmantes pièces qui ont été publiées, est connue sous le nom de Sonnet de Gassion. J'ai démontré ailleurs* qu'il y a eu tant de Gassion, poètes qu'il est bien difficile de savoir lequel fut l'au- teur du sonnet. Henri de Fondeville, de Lcscar, né en 1633 et mort en 1705, occupe un des premiers rangs parmi les écri- vains béarnais. Un juge compétent du dernier siècle disait de lui Il était vraiment poète et le seul à verve que nous ayons eu ». 0\\ a imprimé de lui en 1767 ^ Revue d\\ qui ta. ne ^ 1862, p. ir2. 350 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. la PasloiiraJe du Paysàa et, en 1880, Calvinisme en Bèarn, divisât en sept eclogues\ Ronsard, persuadé que les richesses de la langue grecque provenaient de la fusion des dialectes des di- verses républiques helléniques, avait imaginé un sin- gulier art poétique Tu sauras, dit-il, dextrement choisir et approprier à ton œuvre les vocables les plus signiticatlfs des dialectes de notre France, quand ceux de ta nation ne seront pas assez propres ni signifiants. Ne se £iut soucier s'ils sont Gascons, Poitevins, Nor- mans, Lyonnais, ou d'un autre pays, pourvu qu'ils Aux Bohèmes , i 10 s, Aux valets et aux servantes o 6 s. Un relevé pour le pourteur ,0 3 s. 31 Arresté par moy, pour la somme de trente et une livres, 7 sols, 6 deniers, ;\ Toulouse, le 7 mai 1669. Dr. Marca. Comment le caliicr tenu à Pau avec un ^rand désor- dre avait-il suivi l'archevêque à Toulouse ? Le prix de la volaille avait doublé du temps de mon enfance une paire de poulets coûtait i6 sous. Aujourd'hui, combien se payerait-il, le beau chapon tout lardé qui coûtait 14 sols à Marca ? CHAPITRE XIII DIVERTISSEMENTS POPULAIRES Les hais masqués au château. — Les clercs de la Basoche. — L'asouade. — Plaisirs du dimanche. — Promenades . — La fontaine aux cent écus. — L'exécution du carnaval à Bianos. Les divertissements varient selon les temps., les âges, les conditions. Les nobles béarnais avaient avec le peuple des habi- tudes de familiarité qui, ailleurs, auraient fort étonné. La ville capitale était si petite que, dans les grandes occasions, le désir de s'amuser abaissait toutes les bar- rières tout le monde voulait participer à la fête. Le roi permettait l'usage des grands appartements du château pour les bals d'hiver. Ces bals masqués étaient fort suivis. Les conseillers du Parlement, les avocats et jus- qu'aux clercs de Bazoche en faisaient alternativement les frais. Les clercs de la Bazoche étaient fort aimés du peuple qu'ils amusaient de leurs folies *. » ' Dugenne. — de Pau. DIV] POPULAIKHS. 367 Dans une pièce du dernier siècle, je lis que le corps des procureurs était composé de très houuêtes gens. Il soldait ce que les clercs de la Bazoche dépensaient. Il riait de leur divertissements, même quand ils s'amusaient aux dé- pens des procureurs, pourvu que ceux de Pau fussent respectés. Un jour, quelle joie dans la ville! que de bruit et d'éclats de rire I Tout le monde riait, excepté celui qui était l'objet de la risée générale. C'était un procureur de la sénéchaussée de Morlaàs qu'on promenait dans les rues, assis à rebours sur un âne dont il tenait la queue en guise de bride. Son cortège burlesque était composé de clercs de la Bazoche, et précédé d'une musique charivarique de cornes, de chaudrons, de clefs forées, et autres instruments discordants. A cette musique infernale s'entremêlaient des chants patois composés pour la circonstance et fort épicés de gri- voiseries. Qli 'avait-il fait ce procureur pour mériter ainsi le supplice de Vasoiiade 1 Le peuple aimait à s'amuser bruyamment ; il ne comprenait pas que le gros rire fût de mauvais ton et qu'il y eût du plaisir à se gêner par respect pour l'éti- quette. Lorsque le vin de Juran*;on échauffait un peu les tètes et qu'un feu roulant d'épigrammes finissait par une querelle, il ne fallait pas dégainer ; le Jurançon, qui avait fait tout le mal, suflisait à tout réparer on buvait ensemble et la réconciliation était scellée. Ce n'était pas tous les jours fètcs. Les Béarnais n'é- taient pas riches; ils avaient besoin de travailler. Mais 368 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉaRN. aussi, quand venait le dimanche^ quel bonheur de se reposer tout le jour. Saint-Martin était la seule paroisse de la ville. On allait à grand'messe et aux vêpres. C'était une occa- sion de se rencontrer, de faire exhibition de toilettes et d'organiser quelques parties pour la soirée. Les jours de grand' fête s'appelaient hestes en naii, parce qu'on s'habillait de neuf ces jours-là. L'église était vraiment le lieu de l'égalité un pre- mier président, s'approchant de la sainte table, vit le bourreau qui, par respect, s'éloignait de lui ; le prési- dent exigea qu'il restât à son côté, disant Devant Dieu, nous sommes tous frères ! » Chaque quartier delà ville, parfois chaque rue, avait des usages à part et ne formait qu'une seule famille. Le titre de voisin ressemblait à celui de parent. Les voisins se rendaient des services réciproques ; ils se réunissaient par le beau temps devant la porte, dans la rue et les femmes y faisaient de belles parties de loto; j les hommes allaient au jeu de paume ou au jeu de quilles. Les bals champêtres étaient fort en vogue, et le noble, sans crainte de déroger, y dansait volon- tiers avec une jolie fille. On se promenait à la place Royale ornée d'une belle statue; au quinconce de la Haute-Plante, sous des arbres superbes ; à la Basse-Plante, fière de sa magni- fique allée de maronniers ; au parc de Henri IV qui, par la beauté et la variété de son site, sera toujoui's une des plus jolies promenades du monde. Les jeunes gens aimaient à gravir les coteaux, à y DIVERTISSEMENTS POPULAIRES. 369 boire du vin sous des treilles. Plusieurs fontaines renom- mées des environs attiraient aussi les promeneurs. C'é- taient la fontaine des Fées, celle des Marnières, celle de Trespoey, celle des Cent-écus ». Au pied du parc, enfouie sous d'épais ombrages, coulait une fontaine. Un soir, en y venant puiser de l'eau, une jeune fille^ assise sur le gazon, pleurait en racontant à son amie ses chagrins d'amour le jeune homme qu'elle aimait ne pouvait obtenir le consente- ment de son père, qui refusait de recevoir en sa maison toute fille qui n'apporterait pas au n'oins une dot de cent écus. Et la jeune fille ne savait où trouver cette dot; elle demandait si quelque bonne fée ne pourrait venir à son secours. Mais où découvrir une fée ? Le lendemain, la jeune fille revint à la fontaine. Elle avait cherché toute la nuit sans dormir les moyens d'avoir une dot et n'était pas plus avancée. O surprise ! Elle aperçoit une bourse \wec cette étiquette .]iie phraseuse et ecrivassière, on a entassé lin tas prodii^icux de papiers qui ne sont pas classes, ni cataloj»ués. 392 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BÉAKN. nées par l'éducation et l'expérience des affaires. La basse classe pouvait avoir de la bravoure sur les champs de bataille, de l'élan, du patriotisme; mais le talent naturel ne peut se passer d'instruction. Les sans-culottes remplaçant les aristocrates ne cher- chèrent point à imiter leurs bonnes façons ni leurs élégances ; ils affectèrent, au contraire, une grossièreté de langage et de forme, heureusement passées de mode. Le peuple parlait béarnais plus que français. Les ad- ministrateurs improvisés, élus dans la dernière classe, furent obligés de parler français et s'imaginèrent tout savoir sans avoir rien appris. Aussi ne devra-t-on pas s'étonner de ce que les orateurs des clubs eussent à Pau une éloquence peu française. Ce n'était pas, non plus, dans les écrits du temps, le style de Messieurs de l'Académie béarnaise. Voici un exemple inédit tiré des archives nationales J'ai l'honneur de vous adresser la délibération de l'assemblée électorale du district d'Oloron. Veuillez, Monsieur le président, présenter cet acte à vos dignes coopérateurs les législateurs immortels de V Empire français, en démonstration du zèle et du dévouement que le district d'Oloron porte à notre heureuse Cons- titution. Puissiez-vous y voir l'observation littérale, quoique informe^ de décrets d'autant plus sages qu'ils ont pour base la liberté, le plus précieux apanage du chef-d'œuvre de la Déité. » Cet échantillon suffit pour donner un avant-goût du style des orateurs clubistes. CLUBS RHVOLUriOWAIRES. 393 En Béarn, comme partout, les salons se fermèrent, les clubs s'ouvrirent. C'étaient les salons du peuple. Les plaisirs, la galanterie, les doux propos firent place aux discours farouches que la permanence de la guillo- tine rendait plus sombres. La tragédie remplaçait l'idylle au château, et Florian, si longtemps à la mode, périssait sous le couperet du bourreau. Je voudrais faire revivre avec sa physionomie vraie un club de Pau. J'espère y parvenir en donnant l'ana- lyse exacte d'un document inexploré des archives des Basses-Pyrénées, intitulé Registre des délibérations de la société populaire et montagnarde de Pau, commencé le i8 germinal, an II. Le fondateur de ce club n'était autre que le sangui- naire Monestier. En ouvrant ce registre où, à côté de la signature de Monestier se trouve celle de plusieurs Béarnais, j'ai craint de rencontrer quelques taches de sang sur les noms aujourd'hui les plus honorés. Si j'ai bien su lire à travers la féroce phraséologie du temps, les Béar- nais avaient plus de peur du proconsul révolution- naire qu'il n'avaient de sympathie pour lui. Parlait- il ? On l'applaudissait, car on n'aurait pas osé lui ré- sister en tace ; mais il est facile de voir qu'on cher- chait des moyens détournés de lui dérober quelque victime. On ne s'oppose point, c'est vrai ! aux me- sures de sang qu'il propose, mais on cherche ;\ les rendre illusoires; on admet la règle, mais on l'étoutlc sous les exceptions. Ouvrons le registre. Monestier préside. De sa bouche 394 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BEARN. ne sortent que des menaces terribles. Sans cesse, il parle du glaive de la loi qui doit frapper les coupables. Et l'on sait quelle extension il donnait à ce dernier mot. Monestier est trop habile pour ne pas voir que, si son auditoire frémit, il n'est pas charmé. Pour plaire là ceux qui r écoutent, il organise une ït\.Q avec déjeunes citoyennes vêtues de blanc et une musique bruyante. La séance était ouverte au chant de L'hymne de la Liberté ; on la terminait par des chants patriotiques, et l'on se retirait en dansant de joyeuses farandoles au sinistre chant du Ça ira. Les buveurs de sang avaient toujours le mot d'hu- manité sur les lèvres, sans que leur cœur eût aucun sen- timent de pitié; ils parlaient toujours de liberté en organisant la terreur. La monarchie absolue était tem- pérée par les chansons ; la République supprima les chansons. Lombez, de Pau, fut accusé d'avoir copié quelques couplets contre- révolutionnaires . Monestier décida que ce crime, plus ou moins prouvé, méritait la mort. Lombez monta sur l'échafaud. Cette exécution cruelle d'un pauvre artisan, soutien d'une nombreuse famille, produisit une sensation si pénible que le vertueux Mones- tier_, — cette épithète lui était donnée dans les actes publics, — crut devoir en parler au club révolution- naire. Le proconsul monte à la tribune. Il fait un tableau touchant de la famille de la victime le frère de Lombez est un bon citoyen ; le défunt laisse huit ou dix enfants sans ressource ; la mère est souffrante et dans les angoisses CLUBS RKVOLUriONNAIRKS. 39 de la détresse. Soyons, dit-il, leur pcrc, leur appui, cherchons leur des secours efficaces et montrons en même temps que les lois ne sont pas violées en vain, et que le mérite est honoré sans être flétri par le vice d'autrui quelconque. » — Après ce pathos d'étrange sensibilité envers ceux que sa cruauté venait de rendre des orphelins, il prend l'initiative d'une mesure adop- tée ;\ l'unanimité quatre commissaires sont délégués pour porter à la flimille désolée les consolalions de la bienfaisance et les embrassements de l'amitié. Séance du 2 floréal. Ainsi le proconsul altéré de sang versait des larmes de crocodile. Et quelle bizarre consolation pour ceux qui allaient mourir, de songer que le meur- trier plaindrait les veuves et les orphelins et leur en- verrait les embrassements de Va mi tic ! Dès les premières séances du club, on flt la proposi- tion de prendre des mesures contre les reclus et les sus- pects. Pour plaire à Monestier, on ne les ménagea pas liùs citoyens flétris par les mandats de réclusion. On les attaquait terriblement, d'une manière générale Ils sont, disait-on, durs par caractère j malfaisants par prin- cipes, méchants et cruels par état et par préjugés. . . ils sont trop encroûtés pour ne pas tout entraver ». Mais, parmi CCS reclus, dépaysés dans les prisons éloi- gnées, se trouvaient des magistrats, des avocats, des amis dont on avait reçu des services, et ceux qui les maudissaient tous en bloc les auraient volontiers tous sauvés un par un. La question des suspects était souvent posée. Un orateur les divisait en trois classes les traîtres à la 396 LA SOCIÉTÉ ET LES MŒURS EN BÉARN. patrie, et il réclama contre eux la mort ; ceux qui, loin de rajfermir la liberté, ont la lâcheté de ne pas concourir à sa conquête; et il réclama contre ceux-là la déportation ; il réclame enfin la surveillance contre les faibles qui, égarés par la perfidie, nont pas été méchants. Il était facile de tout faire entrer dans la dernière ca- tégorie qu'on pouvait, en pratique, rendre très élas- tique. Le comité de surveillance annonçait à la société qu'il allait prendre des mesures pour ramener les esprits hypo- crites et si, contre toute attente, ils ne réussissaient pas, ils emploiront tous les moyens que la loi met à leur disposition ». Comment ne pas réussir avec un argument aussi persuasif que la guillotine ? Après quelques tirades trop vives, inspirées par la terreur de Monestier, un Béarnais hasarde une proposition Pour radoucir les esprits, dit-il, pour calmer les âmes fiêres et généreuses, il faut chanter des airs patriotiques et aller danser le soir à la salle du théâtre ». La proposition est acceptée sans contradiction. Les déclamations contre le despotisme qui avait inventé V antre de la Bastille n'eurent pas grands succès. Les diatribes furibondes contre le fanatisme et les prêtres plaisaient davantage à Monestier. Le registre ne nomme pas les orateurs, mais quel langage ! Si le style c'est Thomme, c'étaient des hommes qui ne va- laient pas grand'chose. Voici comme s'exprime le procès-verbal Un orateur dévoile les vieux secrets des prêtres qui par principes canoniques greuchaient sic les CLLBS riOXNAIM-S. 397 hommes et mettaient en parade les femmes au son de leurs flageolets magiques ». Séance du 26 messidor an III. Lorsque Monestier présidait, il était souvent obligé de tonner contre l'apathie, le vice qu'il regardait comme l'une des causes des malheurs publics. Mais, lorsque les Béarnais étaient débarrassés de sa présence, les orateurs qui criaient encore contre la fanatisme n'avaient pas beau jeu. Tantôt on leur répondait par un poème sur l'Être Suprême qui n'était pas encore détrôné et tan- tôt par des murmures. Un orateur, dit le procès-ver- bal, se plaint que, pendant l'instruction sur le fanatisme, divers jeunes gens se sont introduits dans les galeries, dans d'autres vues que celle de l'écouter et que les mus- cadins trouvaient mauvais qu'on ra'ienne sur ces matières. Un orateur répond qu'il est temps de cesser les discours sur ce sujet, qu'il ne faut plus s'occuper du fiuiatisme sacerdotal, mais uniquement du fanatisme de la li- berté. Ces paroles sont vivement applaudies. Une autre fois, un orateur remarque avec regret que les' patriotes ne sont plus assidus aux séances. Il pa- raît, dit-il, que ce n est pas aujourd'hui la fête de la ci-de- vant Notre-Dame, car les galeries sont désertes. » Ces gale- ries de l'église Saint-Martin où s'assemblait le club, étaient naguère combles, lorsqu'on célébrait la fête de l'Assomption. On fut bientôt las des diatribes contre tout ce qui était vénérable ; le tempérament béarnais ne pouvait se fixire aux surexcitations violentes. Plus l'orateur s'en- llammait, plus l'auditoire restait froid. Les procès-ver- baux constatent souvent le bruit qui se lait au tond de 398 L'^^ SOCIÉTÉ ET LES MŒURS E\ BÉARN. la salle, les plaintes de l'orateur non écouté qui re- proche aux censeurs Vindulgence qui retarde le calme dans lequel seul la voix majestueuse de la vérité se fait en- tendre. La liberté du désordre était difficile à comprimer. On proposa de prendre des mesures sévères et de veiller à ce que la lumière du vestibule fût toujours allumée. Quand les violentes déclamations qui blessaient la conscience et réclamaient du sang cessèrent après le départ de Monestier, les séances devinrent plus calmes. On y fliisait la lecture des journaux ; on applaudissait j avec patriotisme aux victoires de nos armées ; on dis- f cutait des questions d'intérêt local ; on finissait la séance par la musique guerrière et sentimentale dirigée par le citoyen Furtz^. Ce Furtz était un brave homme; sa fille, M""^ Colalto, fiit, sous la Restauration, organiste de Saint-Martin et maîtresse de piano. La lecture des journaux charmait toute l'assemblée. Un orateur fiit fort applaudi en disant quil ny avait pas de meilleur moyen que les journaux pour dissiper les ombres de Vignorance. Rome, s'écria-t-il, n'aurait jamais péri, d'après un grand homme révolutionnaire, si elle eût eu des journaux et des sociétés populaires. » Il proposa, en conséquence, de fonder un journal dans les Basses-Pyrénées. Parmi les projets d'intérêt local présentés à la société montagnarde, on n'en trouve guère qui aient abouti. En face de la place Royale, lorsque la révolution éclata, se construisait l'église Saint-Louis; l'édifice restait inachevée et ressemblait à des ruines. Un ora- CLUBS KHVOLUTIONNAIRES. 399 tcur proposa d'en faire un temple dédié à l'Être Suprême mœurs béarnaises ont-elles perdu \ hi Révolu- tion qui brisa brusquement les traditions du passé ? Le parallèle serait curieux à établir entre les mœurs l'affinées de l'ancien régime et les mœurs nouvelles violemment introduites par la Terreur. Le vertueux Monestier avait uncvertit dans une signi- fication que ce mot ne comporte guère au cynisme des paroles^ il joignait le cynisme des actes. Il imitait les Romains qui, après l'orgie, aimaient à arroser de liba- tions de vin et du sang des gladiateurs la table des fes- tins il était cruel siu'tout quand il était ivre, et il l'était très souvent. Longtemps sa cruauté resta légendaire. ToutesMes horreurs qu'il commit ne sont pas écrites ; la mémoire populaire a gardé les détails de beaucoup d'inédites. 422 LA SOCIETE ET LES MŒURS EN BÉARN. Voici ce que, bien des fois, j'ai entendu raconter par mon père Un brave gentilhomme de Vic-Bigorre, M. de la Salle, avait été trouvé caché dans un champ de blé. On le conduisit devant Monestier, qui achevait de souper; celui-ci donna l'ordre de fusiller immédiatement le fugitif et l'exécution eut lieu aux flambeaux. Le lendemain matin, les vapeurs de l'ivresse s'étant dissipées, Monestier n'avait qu'une idée confuse de la scène de la veille, et il se mit à dire en riant . Il faut convenir que ce pauvre la Salle a eu hier soir une fu- rieuse peur ; eh bien ! il en sera quitte pour la peur. Qu'on le mette en liberté ! — Mais, lui répHqua-t-on, par ton ordre il a été exécuté. — Il répliqua Puisque c'est fait_, autant vaut. » , La pudeur publique n'était pas mieux respectée que la vie humaine. Le vice se transformait en déesse. Ce n'est point par la décence du costume, ni par la pureté de la vie que brillait la jolie fille qui représentait la déesse de la Rai- son. La relation du temps^ racontant la promenade de cette Raison portée sur le pavois civique, dit que ses yeux étaient des sources où chaque orateur puisait des idées révolutionnaires qui embrasaient les cœurs. On a sou- vent parlé des sources de larmes, et comparé les beaux yeux à des astres Astres dont nul soleil ne peut flétrir la flamme, mais les comparer à des sources qui allument le feu au lieu de l'éteindre, c'était du style nouveau. MŒURS BÛARNAISES SOUS LA 423 Dans les clubs et les grandes assemblées populaires où se trouvaient des femmes, on ne manquait pas de voter le baiser fraternel. En théorie, le vote était accueilli avec enthousiasme; mais, dans la pratique, il surgis- sait des difficultés; certains pères, certains maris sus- ceptibles se plaignaient de façons trop sans-culottidcs avec lesquelles on embrassait leurs filles et leurs femmes. Des gens délicats ne cachaient pas leur répugnance pour certaines accolades trop fraternelles. Et Monestier devait se dire que les Béarnais étaient plus terrorisés que partisans de la Terreur. Voici comment il s'expri- mait dans une proclamation adressée aux citoyens du district et communauté de Pau, le 14 messidor an II Si je n'avais eu à franchir que les menées des aristo- crates, ce n'eût pas été là un obstacle qui m'aurait K soumis à l'étude et aux méditations les plus réfléchies, • mcler à cet incident la politique qui n'y avait que faire. Parmi les avocats qui plaidèrent, je me souviens de Dulaut, l'ancien ami de Robespierre, et de Moc- quard, le futur ami de Napoléon III. Dulaut était bon époux ; sa femme était parfaite, elle avait sauvé beaucoup de victimes; sa plus grande ambition était de sauver l'âme de son mari. Ses efforts pour réveiller dans la conscience du vieux Béarnais une étincelle de foi furent longs, persévérants et, enfin, couronnés de succès. Elle l'envoya un jour auprès d'un ancien révolutionnaire qui écartait le prêtre de son lit de mort Ami^ lui dit Dulaut, si je me mettais en //r modérer réUvation des prix des subsistances. L'esprit de conciliation et de réconci- liation vivait encore dans la petite cité d'Henri IV. En relisant le Mémorial de 18 17, je trouve ces vers qui peignent bien les idées en circulation à Pau Ne vous contentez pas de les avoir soumis, Sire, défaites-vous de tous vos ennemis. Disait au Béarnais un homme sanguinaire. Tu vois, lui répondit ce prince débonnaire Qjiie je défère à ton avis Car de ses ennemis n'est-ce pas se défaire Que de s'en faire des amis ! FÊTES PUBLia'HS. 47 C'est à Louis-Philippe que Ton doit la restauration du château d'Henri IV. Meublé d'une manière splcn- dide, on y donna plusieurs fêtes. Le duc d'Orléans, le plus populaire des princes, et la duchesse d'Orléans y séjournèrent au retour d'Afrique où le duc avait si bril- lamment montré qu'il était du sang de Henri I\'. Le duc de Nemours et le duc de Montpensicr se reposèrent plusieurs fois à Pau, en se rendant aux eaux des Pyré- nées. C'est alors que furent ouvertes les rues Mont- pcnsier, d'Orléans et d'autres encore. Des fêtes données par les princes ou en leur hon- neur, je ne citerai qu'une seule. Jamais peut-être, depuis Marguerite de Valois, le château n'avait vu d'aussi magnifiques réjouissances. LoLiis-Philii-jpe avait fait don à la ville de Pau de la statue en marbre blanc d'Henri IV^, œuvre de Raggi avec les bas-reliefs d'Ltex, qui décore aujour- d'hui la place Royale. Le dimanche 27 août Tinauguration de la sta- tue fut célébrée avec une royale magnificence. Les fêtes durèrent trois jours. Le duc de Montpensier les présidait, en costume de capitaine d'artillerie. Le cortège était splcndide quand il se rendit à la place Royale pour la cérémonie de l'inauguration. La cour royale en robes rouges, tous les fonctionnaires du département en grand costume, une foule de géné- raux et d'olliciers venus de tous les pa\s escortaient le jeune prince. Des nuiltiiudes de izuirlandes et de fleurs décorjient 458 LA SOCIÉTÉ liT LES MŒURS EN BÉARN. la place entière; six cents dames rivalisant d'élégance occupaient des places réservées. Dès l'arrivée du cortège des chœurs exécutaient à grand orchestre la cantate suivante du poète béarnais Liadières Jour d'orgueil et d'ivresse Un monarque chéri Revient aux bords heureux qu'habitait sa jeunesse, Le voilà, c'est Henri, C'est le grand, c'est le bon Henri. Henri, reconnais-tu ta cité souveraine, Les pics qu'elle regarde, et ton château natal, Et ce Gave azuré qui, sillonnant la plaine, Baigne en passant ton parc royal ? Le temps peut imprimer sa trace irréparable Sur le granit des monts comme au front des palais, Mais ce qui reste inaltérable C'est le cœur de tes Béarnais. Jour d'orgueil, etc.. Durant ta longue absence un immense naufrage Engloutit les débris des trônes et des lois. Et la sourde rumeur qui succède à l'orage Loin de nous gronde quelquefois. Mais, Henri, ton génie, en planant sur nos villes, Y confond les partis dans un même faisceau. Le souffle des haines civiles Expire au pied de ton berceau. Henri, sois fier de nous ! Si plus d'une victoire A signalé les fils de tes preux triomphants. Le siècle où tu reviens réservait plus de gloire Aux petits-fils de leurs enfants. 1-HTES PUIiLIQLiS. 459 Sous le drapeau d'Arcole, en ces courses lointaines, Ils furent conquérants et justes à la fois. La l'rance en fit des capitaines, Ht le Nord en a fait des rois. Depuis longtemps, Henri, dans une douce extase, Nos champs et nos cités attendaient ton retour, Des créneaux de Moncade au donjon de Coarraze Nos coteaux frémissaient d'amour. Le vieux château d'Albret, lavé de ses souillures, Et dont l'herbe cent ans déshonora le seuil, Sous les pompes de ses dorures Souriait pour te faire accueil. QjLii te rend à nos vœux? Qiii relève le faîte Du manoir paternel où tu reviens en roi ? C'est ton fils, comme toi battu de la tempête. Il sut pardonner comme toi. Henri de notre siècle est digne de sa race. Il préfère pour nous, sans craindre les combats, Au bruit de la gloire qui passe La liberté qui ne meurt pas. Des enfiints du Béarn accourus pour l'entendre, Reconnais-tu celui qui marche au premier rang? Nos cœurs, en le voyant, ne peuvent s'y méprendre, C'est ton image, c'est ton sang. C'est ta jeunesse, Henri, laborieuse et forte Et les nobles travaux dont Vincenne a fait foi Plus que le nom roval qu'il porte Prouvent qu'il est issu de toi. Salut, salut, Henri ! Devant ta face auguste. Inclinons, Béarnais, nos fronts reconnaissants Aux pieds d'un roi clément, aux autels d'un roi juste On ne peut brûler trop d'
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Rencontrésur manifestation de chien par exemple, nous avons plébiscité ce chien pour sa représentativité du standard édité par le club de race du bleu de gascogne : club du bleu de gascogne, gascon saintongeois et ariegeois. Malgré son nom, il ne proviendrait pas de Gascogne. Arrosez avec le Floc de Gascogne, puis ajoutez le romarin. Le tout accompagné

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jevois que certain on de l humour quand on parle mulet on parle de croisement de ramier( palombe) avec bleu de gascogne. quelqu un en a t il elevés ou eleve des palombes . 21 juin 2013 à 9 h 48 min #4805868. Alexis43. Postes : 5536; Salut, Et bien, on a tous tout faux, nous sommes des grosses mules et on s’est fait pigeonner! En fait, il voulait des mulets de pigeons! 296 669 475 banque de photos, images 360° panoramiques, vecteurs et vidéosEntrepriseSélectionsPanierBonjour!Créer un compteSélectionsNous contacterSélectionsPartagez des images Alamy avec votre équipe et vos clientsCréer une sélection ›EntrepriseTrouvez le contenu adapté pour votre marché. Découvrez comment vous pouvez collaborer avec EntrepriseÉducationJeuxMuséesLivres spécialisésVoyagesTélévision et cinémaRéservez une démonstrationRechercher des imagesRechercher des banques d’images, vecteurs et vidéosFiltresPortrait de pigeon ramier Photos Stock & Des Images0

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Les principales races de pigeon exploitées en France sont Le mondain, qui doit probablement son nom à son caractère sociable. Les aptitudes du pigeon mondain à pattes lisses en font le type parfait du pigeon de rapport. Il est rustique et peu difficile pour la nourriture. Il est prolifique sa production annuelle est de 7 à 9 couvées. C’est un vrai producteur de chair ses pigeonneaux pèsent de 500 à 600 g à quatre semaines. Le plumage du mondain offre toutes les nuances, ses ailes ne sont pas barrées, il est trapu, large de poitrine, bas sur pattes. L’adulte peut peser 900 g, c’est un pigeon lourd, son vol ne dépasse pas une hauteur de 5 à 6 m. Il faut le loger en volière ou en colombier peu élevé. Le cauchois ou maillé de Caux, qui est voisin du mondain par ses aptitudes, mais d’un port plus élégant. Le carneau, pigeon rouge, qui est très répandu dans le nord de la France. Il provient probablement d’un croisement du biset avec le mondain. Il aime la liberté, supporte le froid c’est le vrai pigeon de ferme. Il peut donner 10 couvées par an. Ses pigeonneaux pèsent de 350 à 400 g à quatre semaines. Le lynx de Pologne, très gros, très prolifique, et qui est très répandu. Le Montauban, beau pigeon, de très grande taille, qui a l’arrière de la tête orné d’une coquille de plumes. Le Romain, qui est le plus gros des pigeons. Il atteint 1 m d’envergure et pèse jusqu’à 1,300 kg. Le romain existe en huit coloris. Il est peu prolifique. Il est élevé en vue de croisements avec les races SEB AUTHENTIQUE 10L Cocotte-minute Inox Induction Autocuiseur Fabriqué en France P0531600, fabriqué en France € 2 Seb ClipsoMinut'Easy + Bleu 6 L, Poignées Rabattables, Cocotte-Minute Induction, Livre de 100 Recettes, Facile à Utiliser, Autocuiseur Inox, Fabriqué ... € Pour les pigeons d’agrément, il en existe une multitude de races et dans chaque race de nombreuses variétés culbutants, hautvolants, boulants, capucins, cravatés, coquillés, caronculés, pigeons-paons, pigeons-poules, races naines, dont le bouvreuil archangel, etc. Imprimer la recette Pot-au-feu de pigeon Recette spéciale pour cocotte-minute InstructionsVerser le bouillon dans votre cocotte minute, ajouter les gousses d'ail, l'oignon piqué de 2 clous de girofleAssaisonner de sel et de vider et brider les ranger dans le panier placé en position haute avec les carottes, les navets, les et faire cuire 11 mn à partir du sifflement de la cocotte l'ensemble sur un plat chaud. Notes Recette spéciale pour cocotte-minute
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Élevage "Géants Hubbel XL Élites",Couples élites, gabarits À Le MANSFrancePigeons au potentiels de poids de jeunes très élevés, 850gr de moyennes pour la plupart des souches à 28 jours et de 900gr à 1kg pour quelques du double bréchet, de l'aspect compacte du pigeon à l'age variant de 14 à 16 jeunes à l'année selon les conditions d' le lien youtube ou des vidéos pourrons être visualisées

Voila 13 pigeons ramier (migrateurs) que l'on a pris. Mais ce ne sont pas les seul, mais c'est la seule photo que j'ai pris.
[Le génie retrouve la folle Julie sous un arbre au bord de la route]. Gravure de Daniel-Nikolaus Chodowiecki, Berlin, 1780. Illustration pour l'ouvrage "Histoire d'un génie", Leipzig, Weygandschen Buchhandlung, 1780. Rijksmuseum, Amsterdam, inv. n° Les yeux dans les Dieux décembre 2021 Lorsque Jeanne-Marie Dupuy se couche, elle sent qu'on lui prend le bout des pieds et qu'on lui grate le chevet du lit »1. Jusque-là, il n'y a pas à s'inquiéter, mais c'est qu'elle ne s'arrête pas là ; elle rajoute entendre aussi des voix par la cheminée, en particulier cet appel pressant Actuelement tu ez à moy, je te prens ! Et là, Jeanne-Marie est convaincue que c'est le Diable qui l'interpelle ; d'ailleurs, ajoute-t-elle, celui-ci lui jette même de l'eau bénite ! par la cheminée. Seul remède, et quoyque elle ne sache point lire elle prent tous les jours et à certaines heures un alphabet de Bordeaux et, en l'ouvrant, le Bon Dieu lui donne les lumières nécessaires pour lire ce qui est contenu dans l'alphabet, qu'elle répète tout haut. Elle ajoute encore qu'elle a conversé pleuzieurs fois avec le Bon Dieu tant dans sa chambre que dans la rue ». Nous n'en saurons pas plus des entretiens célestes ou des tourments infernaux de Jeanne-Marie, parce que les capitouls jugent plus prudent de clore là l'audition de la jeune femme 23 ans, veuve, un enfant pour s'en remettre à la décision des deux experts. Ceux-ci estimeront qu'elle n'est pas entièrement folle, mais qu'elle est toutefois prête à basculer dans la démence. Ce n'est là qu'un exemple parmi de nombreux autres de cas de folie – ou bien de ses prémices, où les capitouls se trouvent confrontés à des individus qui leur font état de considérations mystiques. Car, en cette fin de 18e siècle, les magistrats municipaux toulousains ont désormais à juger » sur les cas potentiels de démence qui leurs sont présentés. Ainsi, chaque affaire donne lieu à des dépositions de témoins, une audition de l'individu, et surtout une expertise médicale dont le résultat paraît sans appel2. Trouvé dément, l'individu est retranché de la société pour être envoyé au nouveau quartier des fous de l'hôpital de la Grave. À Dieu corps et âme Hélène de Valette n'est peut être pas folle, mais elle refuse de se laisser troubler pendant qu'elle s'adonne à ses dévotions dans sa chambre. Ce qui fait qu'elle entend parfaitement le voleur qui pénètre dans la pièce et qui lui prend sa montre en or, mais elle ne réagit pas, entièrement absorbée par sa prière. En revanche, une fois le signe de croix final effectué, elle revient à elle, carrément furieuse. Un peu tard, car le voleur est déjà reparti... Ite missa est3. Marianne Viguier est un peu religieuse postulante et surtout bonne à tout faire dans le couvent du Bon-Jésus. On la dit entièrement dans la démence, tenant des propos singuliers et contraires à la raison, disant qu'elle est la parente du Roi, de monsieur de Périgord, quelle est la supérieure du présent couvent, qu'elle voit Dieu, qu'elle l'entend parler, qu'elle le voit travailler, que tous les hommes qui viennent dans le présent couvent comme le médecin, le chirurgien et ouvriers sont des apôtres »4. Mais comme le témoignage ci-dessus vient d'une consœur et pourrait être taxé de partialité, rendons sa voix à Marianne et laissons-la s'expliquer elle-même Elle s'occupe à balayer toute la maison, qu'elle est la servante du Bon Dieu, qu'elle s'est adonnée entièrement à lui, qu'elle voit quelquefois le Bon Dieu en personne, vêtu d'un habit couleur d'olive, dans l'église du présent couvent et à sa main gauche, auquel elle adresse les prières pour toute l'Europe, pour les nègres, pour les esclaves, en un mot pour tout. Elle ajoute qu'elle est la ville de Jéruzalem, autrement dit l'arbre de vie ; que son intention est de sortir de ce couvent qui est actuellement bien en règle pour aller joindre le Sr Bichon, son confesseur, Trinitaire, qui est à cinq lieues au-delà de Bordeaux, pour se joindre à lui afin d'établir un autre couvent, que c'est le Bon Dieu qui lui a inspiré pareille chose et de se dépêcher vite pour cela ; qu'elle est de grande condition et parente de la famille royale et de monsieur de Périgord, à consulter les écritures. Elle ajoute que lorsqu'elle entra dans le présent couvent, le Bon Dieu la nomma supérieure, mais comme il est venu une autre supérieure et chanoinesse, les religieuses du présent couvent ne regardent en rien la répondante, ce qui fait que le Bon Dieu lui a dit de quiter cette maison pour aller joindre son confesseur au-delà de Bordeaux. La répondante dit de plus que saint Pierre, apôtre, est venu dans la présente maison et a seigné au bras droit la répondante ainsi que plusieurs autres religieuses ; saint Jean de Kirielison est venu aussi dans la présente maison pozer des vitres ». Devant ce flot de paroles d'une incohérence manifeste pour le magistrat, celui-ci met fin à l'audition, mais Marianne parvient toutefois à glisser une dernière phrase, saisie in-extremis par le greffier elle est le bon Lazare, qu'elle est ressuscitée ». De la couleur des habits de Dieu à la saignée mystique opérée sur elle par saint Pierre, les capitouls n'ont aucun doute Marianne a bien l'esprit aliéné, les experts vont le confirmer, et elle sera donc envoyée aux quartier des fous jusqu'à résipiscence – s'il plaît à Dieu. Quatre-vingt-sept, année mystique Qu'est-ce qui fait qu'en 1787 nous trouvions plus de cas de personnes tourmentées par le Ciel et/ou les enfers ? Nous n'en saurons jamais rien. En voici une sélection de quatre seulement, évidemment choisis pour la pertinence des citations. Tourmentée par une voisine, Marie Descazeaux s'en fut devant Dieu pour l'implorer de lui tracer la conduite quelle devoit tenir pour se mettre à l'abri des tracasseries qu'on lui fait. Et Dieu s'étant fait entendre à elle d'une manière très intelligible, elle suivit de point en point ce qu'il lui avoit dit ». C'est-à-dire qu'elle fut acheter un pistolet, le chargea, et le déchargea à bout portant sur sa voisine ! Ô miracle, cette dernière en sort quasiment indemne5. Magdeleine se confie à un voisin d'un ton et d'un air évaporé ; lui dit qu'elle venoit du fauxbourg St Michel où elle avoit vu dans une grange le Bon Dieu avec St Joseph et la Ste Vierge et toute la Ste Trinité ainsi que ses père et mère ». Peut-être est-elle effectivement l'Élue car, se rendant ensuite dans l'église de St Etienne pendant que M. le curé disoit la messe, elle lui avoit crié Papa, papa, tant elle étoit charmée de le voir »6. Quiterie passe son temps dans l'église des grands Carmes, elle n'en sort quasiment pas de la journée. De telles marques de dévotion indisposent grandement lors des offices car elle donne des marques de démence, tantôt chantant et riant, et pour ainsi dire dans le même moment, pleurant, tantôt se plaçant au milieu du chœur, fixant certains religieux auxquels elle fait des signes au moyen du doigt qu'elle met sur le nez, ce qui a troublé très souvent le service divin »7. Quant à Blanche Chapel, on la voit prendre avec les mains une poignée de braize du feu, qu'elle répendoit ensuite dans la chambre, voulant se jetter sur les personnes qui se présentent à elle pour les mordre, criant Alléluya, alléluya »8. On peut avancer sans crainte que le feu de Dieu l'habite – ou la dévore. Et nous réalisons maintenant qu'aucun homme ne figure dans cette petite sélection. Que l'on se rassure, ils peuvent eux aussi être atteints de folie, mais leur mysticisme semble moins se manifester dans leurs accès de démence ; peut-être sont-ils plus adeptes de dialogues intérieurs, noyés au fond d'une bouteille… Nous nous efforcerons toutefois de clore avec un cas masculin, car il y en a bien un, et qui de surcroît a certainement vu Dieu avant les autres. Certes, pour atteindre cette première place, Bernard Tesseyre a dû recourir à une méthode extrême – et pas très catholique en septembre 1775, fêlé par trop de dévotion »9, il se pend au plafond de son appartement10. ____________________________________ 1- FF 826/7, procédure 146, du 15 décembre 1782. 2- extrêmement concis, ce rapport d'expertise laisse portant quelquefois percevoir un réel intérêt pour le patient » et de touchantes notes de compassion. 3- FF 805/5, procédure, 135, du 29 août 1761. 4- FF 829/5, procédure 078, du 21 mai 1785. 5- FF 831/8, procédure 155, du 11 août 1787. Cette procédure est intégralement reproduite en fac-similé des Bas-Fonds n° 42 Le fer et le feu ». 6- FF 831/12, procédure 237, du 31 décembre 1787. 7- FF 831/8, procédure 150, du 6 août 1787 8- FF 831/4, procédure 069, du 26 avril 1787 9- Mémoires manuscrite de Pierre Barthès, 7e volume. Ms 705, p. 81-82. 10- FF 819/8, procédure 154, du 5 septembre 1775. Readthe publication. CACG Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne Chemin de Lalette – CS 50449 Tel : 05 62 51 71 49 Fax : 05 62 51 71 30 WWW.CACG.FR Communauté d’Agglomération du Grand Tarbes ZAC ECOPARC à Bordères sur l’Echez Dossier de Création Pièce 4 - Etude d’Impact Septembre 2015 Richement illustré, le livre Encyclopédie de la chasse » par Pascal Durantel décrit pour chaque espèce chassable en France son biotope, son comportement et ses différents modes de chasse envisageables qu’ils soient modernes ou traditionnels. Fiche de lecture Introduction Petits gibiers des plaines et des bois Le gibier d’eau Le grand gibier Le gibier de montagne Le gibier à réguler Introduction Rares sont les pays comme la France qui offrent, sur une si petite surface, une telle diversité en termes de milieux, de faune et de flore. Reflets d’identités régionales fortes, la chasse française s’exprime aussi bien dans les arts, la littérature que la gastronomie. Des défenseurs de la nature, des écrivains, des stars du petit écran ou du cinéma avouent désormais publiquement leur plaisir de chasser. Dans la culture, les exemples, souvent pathétiques, abondent de ces chasseurs qui ont mis de côté leur bonheur conjugal, leur vie de famille, leur réussite sociale ou même leur santé pour vivre pleinement leur passion. Notre littérature met en avant de nombreux personnages dévorés par la fièvre de la chasse L’homme de chasse, de Paul Vialar. Celle-ci peut aussi malheureusement conduire aux pires extrémités le braconnage et l’assassinat Montcharmont. Culpabilité et repentance sont dans l’air du temps le chien, la convivialité, le sport, les plaisirs de la table, la tradition et le poids électoral des chasseurs sont constamment évoqués pour légitimer sa pratique. Or, les chasseurs gagneraient à assumer ce qu’ils font laisser s’exprimer cette pulsion prédatrice qui vise à s’accaparer ce qui reste de sauvage dans notre espace de vie. En valorisant l’image des chasseurs, en œuvrant pour une meilleure connaissance des espèces et en contribuant aux travaux des fédérations, les associations de chasses spécialisées se positionnent en interlocuteur important du monde cynégétique. À une époque où la chasse subit des attaques de plus en plus virulentes, les ACS nous sont plus utiles que jamais. La grande diversité des chasses d’oiseaux migrateurs a profondément imprégné notre culture. L’affection portée au chien remonte aux racines de la civilisation, née dans la passion instinctive et commune de la chasse. Depuis Darwin, la domestication est considérée comme l’acte fondateur de la sélection artificielle permettant à l’homme de se substituer à la nature pour diriger l’évolution d’une espèce. Or, le chien fut la première espèce domestiquée. Dans les années 1850, la chasse s’organise autour des premières sociétés de chasse communales. Elle devient rapidement un loisir très populaire, à la portée de tous, y compris des paysans jusque-là plus ou moins tenus à l’écart des acquis révolutionnaires. Les effets pervers de cette libéralisation se font vite ressentir disparition progressive de nos grands prédateurs. Parallèlement, la littérature cynégétique prône une nouvelle éthique sportive propre à la chasse à tir. Petits gibiers des plaines et des bois Le lièvre brun Lepus europaeus. Le lièvre brun Originaire des steppes, le lièvre préfère les paysages ouverts. Dans les plaines, les développements de l’agriculture en plus de la déforestation lui sont favorables. Il se réfugie dans les bois pour se protéger des intempéries ou en cas de danger. Il apprécie les sols secs, filtrants et adopte un menu très varié plantes herbacées sauvages, céréales, tubercules, graines, fruits, bourgeons, légumineuses, feuilles de ronces, plantes maraîchères… Il se nourrit la nuit, commet peu de dégâts agricoles car un certain temps et une certaine distance séparent ses repas. Durant les hivers difficiles, il peut écorcer de jeunes arbustes ou en grignoter les bourgeons. Tout ce qui contribue à rompre l’uniformité du paysage jachère fleurie, petites parcelles cultivées, bordures enherbées est favorable au lièvre. Attention au brûlage des chaumes qui peut entraîner une forte mortalité chez les levrauts. Pour ne jamais manquer son lièvre, il faut garder son calme en laissant filer le gibier sur une quinzaine de mètres, tout en épaulant et en ajustant l’animal. Apprécier la vitesse réelle du gibier qui atteint 30 km/h sur les 20 premiers mètres. Quand un lièvre se présente par le travers, il faut viser la pointe du museau, en swinguant d’autant plus que le gibier s’éloigne et qu’il prend de la vitesse. Si le lièvre vient dans votre direction, il faut anticiper la course en visant dessous. Un lièvre chassé compte plus sur son ouïe très fine que sur la vue, c’est pourquoi il s’arrête souvent devant les chiens, prêtant une oreille attentive afin de diriger sa fuite d’après les cris de la meute. Parmi les bons chiens à lièvres, la plupart des gens optent pour l’anglo-français de petite vénerie qui cumule les qualités de nos vieilles races françaises et la vitesse et la rusticité des races anglaises. Les chiens tombent souvent en défaut sur la voie du lièvre la meute, immobile, se tait subitement, occupée à reprendre la voie de l’animal de chasse. En cas de défaut, laissez faire les chiens. Le Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus. Le lapin de garenne Il se rencontre aussi bien dans les bosquets touffus, le long des lisières de forêt, dans les plaines cultivées, les zones de remblai, sur les talus et les coteaux, dans la garrigue ou le maquis en région méditerranéenne ou sur les cordons dunaires qui bordent les façades maritimes. Il aime les sols légers, secs, meubles et filtrants pour y creuser facilement ses terriers. Il vit souvent en grandes colonies le long des fleuves. On le rencontre jusqu’à 1400 m d’altitude. Les indices de présence du lapin sont Les empreintes semblables à celle du lièvre, plus réduites. La voie les pattes postérieures, de plus grandes tailles, sont posées en avant des antérieures, qui se trouvent partiellement ou légèrement en oblique lorsque le lapin court vite. Les coulées s’entrecroisent pour déboucher sur les terriers. Les fientes de forme arrondie de moins de 1 cm de diamètre et déposées en petits tas. Les gîtes dehors, sur un talus au soleil, le long d’une haie, sous un petit roncier ou dans une prairie de hautes herbes. Les reliefs de repas jeunes arbres écorcés avec la marque des incisives, pommes sauvages rongées. Le terrier d’habitation talus sablo-argileux, terrains meubles recouverts de broussailles. La rabouillère terriers très courts qui s’enfoncent juste sous la surface du sol. Il est 10 fois plus difficile de chasser le lapin sans chien. Un chasseur lapinier doit disposer d’une arme parfaitement adaptée à votre morphologie, légère, bien équilibrée et qui monte vite à l’épaule. Les calibres 20, voire 28 sont adaptés puisqu’on tire souvent à courte ou moyenne distance. Sinon, des fusils en calibre 12 ou 16 à canon lisse ou peu chokés. Les cartouches à bourre grasse chargées de plomb numéro 7,5 ou 8 sont parfaites, en évitant les dispersantes, dangereuses pour les chiens et peu sportives. Ne tirez jamais un lapin serré de trop près par votre chien, et pour éviter de perdre votre gibier, n’oubliez pas de doubler systématiquement les lapins blessés. Comme la plupart des petits gibiers, le lapin peut être chassé à l’arc, avec un modèle de puissance moyenne de l’ordre de 55 livres. On utilise des pointes classiques à lame, toujours très affûtées, ou bien des blunts qui arrachent les chairs à l’emporte-pièce et causent des blessures très graves. Plusieurs modes de chasse sont envisageables devant soi à la billebaude, aux chiens courants, à l’affût près des terriers. Dans ce cas, les réflexes du lapin sont si aiguisés qu’il plonge dans son trou au simple bruit de la décoche. Il faut donc viser la gueule du terrier pour l’avoir au vol lorsqu’il s’engouffre dans la galerie. La Perdrix rouge Alectoris rufa. La perdrix rouge Elle est surtout présente au sud de la Loire. On l’observe cependant dans le bocage, en Normandie, en Bretagne ou dans les pays de la Loire. Elle est plus sensible aux fortes précipitations qu’au froid en lui-même, elle apprécie donc les climats où le soleil prédomine collines basses bien exposées plantées d’une végétation broussailleuse qui se développe sur un sol sec et caillouteux. La garrigue provençale est l’un de ses biotopes préférés, ce qui ne l’a pas empêchée de s’adapter au climat doux et humide de l’Angleterre. Cet oiseau a une aptitude extraordinaire à percevoir le danger, l’analyser puis à orchestrer une défense basée sur la fuite à pied et à toute allure loin devant le chasseur. C’est une chasse exigeante et difficile, le tir s’effectue souvent dans des conditions acrobatiques. La Perdrix grise Perdix perdix. La perdrix grise Elle a beaucoup souffert de la mécanisation et des pesticides. Elle apprécie un paysage agricole ouvert, diversifié, organisé en une mosaïque de cultures alternées par des haies et des boqueteaux. Les chemins ruraux et les zones de couvert offrent des sites de nidification intéressants, une source de nourriture composée d’insectes pour les poussins et un refuge contre les intempéries et les prédateurs. Elle habite également les grandes plaines céréalières. Elle craint les terres lourdes, argileuses, qui retiennent l’eau et, lors de printemps pluvieux, entretiennent une humidité propice au développement des infestations parasitaires. Pour la chasse devant soi, c’est une excellente chasse d’ouverture. Le chasseur doit bien connaître son territoire et les remises des oiseaux. Il ne doit pas craindre les longues marches, souvent pénibles quand la terre est lourde et collante. Le vent est l’ennemi du chasseur les perdrix prennent leur essor face au vent, avant de virer sur l’aile et d’effectuer une accélération foudroyante, portée par les courants d’air. La pluie est au contraire une alliée, des oiseaux mouillés ayant plus de difficultés à prendre leur envol. Les plombs généralement préconisés sont le numéro 8 à droite et le numéro 6 à gauche. De nombreux chasseurs utilisent uniquement le 7,5. En battue, l’une des fautes les plus couramment commises consiste à suivre le gibier qui apparaît dans la ligne de mire, en effectuant des balayages latéraux dangereux pour les voisins. Il faut aussi prendre garde aux rabatteurs à la traîne qui ne se trouvent plus dans l’alignement de la ligne marchante. La convention sonore qui indique la fin des tirs devant soi, n’autorisant que ceux en arrière de la ligne, n’est pas sonnée par hasard des plombs soudés peuvent rester dangereux sur plusieurs centaines de mètres. Des retrievers collants aux talons, ou des chiens chassant sous le fusil peuvent contribuer au succès de la battue, en recherchant le gibier mort ou blessé, et en levant les compagnies qui se rasent et se laissent dépasser par la ligne. Le Faisan de Colchide Phasianus colchicus. Le faisan de Colchide Rustique, le faisan a su tirer profit de toutes les opportunités offertes par les nouvelles techniques culturales. Tout ce qui peut lui fournir un couvert automnal et hivernal est favorable à l’espèce. Le faisan s’active le matin et en fin d’après-midi. Durant ces courtes périodes une à trois heures, il abandonne ses remises pour s’alimenter à découvert. Comme tous les gallinacés, le poussin se nourrit exclusivement de protéines animales durant les trois premières semaines de sa vie vers, mollusques, myriapodes, insectes petits coléoptères, fourmis, chenilles, papillons, sauterelles…. Cette part animale diminue au fil du temps pour atteindre 10 % du bol alimentaire, tout le reste étant composé de végétaux. 9 fois sur 10, la mortalité est due à un prédateur 3 cas sur 4 par le renard. Le matin à l’aube ou en fin de soirée, l’oiseau occupe ses zones de gagnage. Concentrez-vous sur les cultures de type betterave, maïs, luzerne, sorgho, moutarde et les couverts adjacents mais aussi les friches et les jeunes coupes. Parfois, les couverts sont si inextricables qu’un springer ou un labrador s’en sortira mieux qu’un chien d’arrêt qui contourne soigneusement tous les fourrés denses. Pour la battue anglaise, on peut attaquer directement le bois ou faire un rapproché plus large. Le but est de pousser les oiseaux, puis de les concentrer en bout de traque dans un secteur plus fourré nommé zones d’attente ». Le Faisan vénéré Syrmaticus reevesii. Le faisan vénéré Rustique, il possède cependant un mauvais taux de reproduction. Sa chasse consiste à bloquer un oiseau dont la principale défense est de fuir le danger en se dérobant à toute allure. Il embrouille sa piste en effectuant une infinité de détours, égarant l’auxiliaire sur de faux cheminements. Attendez que le faisan qui s’envole franchisse les gaulis branches d’un bois bien taillé que l’on a laissé pousser et qu’il soit parvenu au sommet des baliveaux jeunes arbres jugés par le sylviculteur assez droits et vigoureux pour devenir un bel arbre d’avenir pour tirer. À l’envole devant soi et particulièrement dans les sous-bois denses, effectuer un tir rapide voire instinctif durant la phase ascensionnelle. La Bécasse des bois Scolopax rusticola. La bécasse des bois Elle évite les sols pauvres en humus, trop sablonneux, calcaires ou argileux, ainsi que les terrains froids asphyxiants ou acides. Elle préfère les pentes exposées au nord, souvent plus riches en nourriture car plus humides. Lorsque pluie ou neige tombent en abondance ou qu’il y a une tempête, la bécasse trouve refuge dans les sapinières. Les périodes de froid intense chassent les bécasses vers le sud, même si elles peuvent supporter quelques temps ces conditions défavorables en se contenant à proximité d’un cours d’eau dont les berges ne sont pas prises par les glaces. Quant au brouillard, il la désoriente et elle rejoint souvent la lisière de forêt. Un chasseur bécassier doit avoir un fusil léger, bien équilibré, doté de canons adaptés. Le tir s’effectue souvent à courte distance, d’où l’intérêt de canons peu chockés lisse ou 1/4. L’emploi de canons très courts ou rayés, de même que les munitions dispersantes sont contraires à l’éthique sportive du vrai bécassier. De nombreux chasseurs préfèrent le calibre 20, plus léger et plus maniable que le 12. Une veste au tissu et le port de cuissards est fortement recommandé pour fouler les ronces ou la végétation mouillée sans se griffer ni se tremper. Le grelot renseigne le bécassier sur le rythme de la quête du chien, la forme quand celui-ci est à l’arrêt. Il est souvent remplacé par le sonnaillon électronique » qui émet son bip » caractéristique quand le chien se trouve à l’arrêt. Le bécassier utilise souvent des cartouches traditionnelles à bourre grasse qui confèrent à la gerbe une meilleure régularité. Les plombs les plus utilisés sont les numéros 8 ou 9 à droite, et le numéro 7,5 à gauche qui perce mieux un éventuel rideau de branchages. Il existe aussi des munitions dispersantes ou chargées en grenailles mélangées. Tout chien d’arrêt qui arrête et rapporte bien peut convenir mais certaines races semblent plus appréciées l’épagneul breton, le drahlthaar, le griffon korthals, le springer… Le Pigeon ramier Columba palumbus. Le pigeon ramier palombe Cette espèce forestière colonise tous les milieux, y compris urbains, le bocage et les espaces cultivés de grandes plaines. Il s’adapte aux ressources nourricières disponibles selon le lieu et l’époque. Seuls les secteurs montagneux ne lui conviennent pas, au-delà de 1800 m d’altitude, soit à la limite des étages boisés. Il est abondant, désormais présent et chassable quasiment en toute saison. L’affût au dortoir consiste à affûter les palombes dans un bois servant de dortoir aux palombes. L’endroit propice à l’installation d’un affût est facilement identifiable aux fientes qui souillent le sol et l’écorce de grands arbres ainsi qu’aux plumes de duvet blanc dispersées ici et là. Quand il prend son envol, l’oiseau décroche subitement avant d’effectuer une brusque ressource en projetant. Ce comportement oblige à tirer vite, dans le mouvement, en jetant son coup de fusil sans se laisser abuser par la longue queue portée en éventail qui attire le regard. Les chasses traditionnelles de la palombe exigent une logistique considérable, très prisée dans le sud-ouest. La chasse à tir dans les cols est pratiquée lorsque les oiseaux franchissent les grands cols pyrénéens à partir de cabanes ou de miradors disséminés sur les crêtes. La réussite dépend beaucoup des facteurs climatiques. La Tourterelle des bois Streptopelia turtur. La tourterelle des bois Elle affectionne les milieux semi-boisés propices à la nidification, entourés de cultures où elle trouve sa pitance. Elle adore le bocage avec ses haies épaisses et ses boqueteaux, mais aussi les vergers, la garrigue, le maquis, les pinèdes et les oliveraies en région méditerranéenne et les parcs urbains. La présence de points d’eau est indispensable à cette espèce qui boit quotidiennement. L’été, les tourterelles se perchent volontiers sur les fils électriques qui dominent les cultures nourricières. En raison des hautes cadences de tir, éviter les fusils allégés par exemple votre fidèle bécassier qui cognent trop. Utiliser une arme parfaitement adaptée à votre morphologie, plutôt de petit calibre 28,28 ou suffisamment lourde pour amortir le recul. Mieux vaut tirer des cartouches rapides, pas trop chargées 28,32 g en plomb numéro 7,5 ou 8. Il faudra d’abord s’habituer à la vélocité du vol et prendre en compte sa rapidité, de façon à acquérir une mécanique de tir qui est le gage du succès. Au début, la trajectoire des oiseaux surprend. La caille des blés Coturnix coturnix. La caille des blés Elle vit dans les milieux ouverts, prairies, jachères, cultures de céréales, de sorgho ou de tournesols. Les poussins s’y nourrissent d’insectes et d’invertébrés durant les trois premières semaines. Les adultes consomment des graines de céréales et graminées sauvages, quelques insectes et fruits sauvages. L’une de ses principales défenses consiste à se dérober à toute allure en adoptant un cheminement plus ou moins sinueux et aléatoire, avant de se motter, de se laisser dépasser puis de revenir sur ses pas. Son tir, pas facile, peut surprendre. L’oiselet est vif, imprévisible, capricieux. Mieux vaut la laisser filer une vingtaine de mètres avant de tirer. Si l’oiseau échappe au second coup, une nouvelle chance vous est presque toujours offerte car le vol est court, 200 à 300 m tout au juste. L’alouette des champs Alauda arvensis. L’alouette des champs De nombreuses alouettes nichent chez nous. Mais à ces populations locales plus ou moins sédentaires s’ajoutent les contingents migrateurs en provenance de Scandinavie, de Finlande et d’Europe centrale. Certains oiseaux hivernent chez nous, d’autres poursuivent leur route. Des mouvements erratiques se poursuivent durant toute la mauvaise saison, qui s’exprime avec plus ou moins de vigueur selon les aléas climatiques. C’est ainsi que des tombées spectaculaires et inattendues peuvent se produire au milieu de l’hiver lors d’une brusque vague de froid. Les premiers beaux passages débutent vers le 15 octobre pour atteindre un pic vers la Toussaint. Certains spécialistes élaborent des stratégies sophistiquées de rabat vers des tireurs postés à l’aplomb des lignes de vol les plus régulièrement empruntées. On peut plus simplement opérer seul ou à deux, en tachant de cueillir quelques oiseaux qui décollent. Il est conseillé de chasser par temps clair et vent du Sud. Le tir devant soi est compliqué car l’oiseau multiplie les crochets. La plupart des erreurs de tir sont dues à une mauvaise appréciation de la puissance et de la rapidité de ce vol ascensionnel qui nous oblige à corriger en conséquence, en couvrant bien l’oiseau. La Grive musicienne Turdus philomelos. Les grives Les quatre espèces de grives qui nichent ou transitent chez nous sont toutes chassables La grive musicienne La grive mauvis La grive litorne La grive draine À travers les différents modes de capture mais aussi les arts, la littérature ou la gastronomie, les chasses régionales de nos grives se revendiquent art de vivre ». Les spécialistes procèdent généralement par petits rabat successifs bénéficiant d’une organisation rigoureuse, chaque traque étant orientée de façon à regarnir en grives la battue suivante. Pour une efficacité optimum, le dispositif comporte une équipe mobile d’au moins six participants deux rabatteurs de chaque côté de la haie, deux autres embusqués à mi-chemin de la remise et les tireurs postés en plaine, en retrait des couverts. Toutes les chasses d’affût pratiquées sur les couloirs de vol comprennent régulièrement les turdidés entre leur lieu de repos et leur zone de gagnage vigne, oliveraie, verger… peuvent se révéler fructueuse. Le tir à la volée des grives à la faveur de leurs déplacements journaliers est pratiqué un peu partout en France. Le merle noir Turdus merula. Le merle Faute de grives, on mange et on chasse le merle. Le merle figure parmi les premières victimes du jeune chasseur qui lui permettent d’affûter son coup de fusil sur un gibier difficile et d’apprendre les règles essentielles de sécurité à la chasse. Les haies de pruneliers et d’églantier constituent d’excellents garde-manger, d’autant plus prisées si elles comportent aussi des sorbiers, des alisiers, des cornouillers, des sureaux et de vieux chênes têtards parasités par le lierre. Mais les haies les plus épaisses sont les meilleures car elles offrent à la fois le gîte et le couvert. Le gibier d’eau Le Canard colvert Anas platyrhynchos. Les canards Très sociable, le colvert se regroupe volontiers en grandes bandes, se mêlant sans problème aux autres canards. Ses mouvements crépusculaires en quête de nourriture sont propices à la chasse à la passée. Mais il existe de nombreuses autres façons de le chasser à la botte, en foulant les herbes ou en longeant les berges des étangs et des cours d’eau, en bateau ou encore en gabion. Pour tromper la méfiance des canards, le camouflage est de rigueur. Après une brusque montée des niveaux, puis une décrue soudaine, toutes les cuvettes remplies d’eau qui se forment dans les prairies attenantes à la rivière attirent les becs plats. Les sarcelles adorent. Dans un grand recul, n’hésitez pas à associer différentes formes en disposant celles de colverts au milieu de l’eau, et celles de sarcelles près des berges, le long de branches d’arbres retombantes. Un canard ou une sarcelle démontées sont pratiquement impossibles à retrouver en rivière, si vous ne disposez pas d’un bon retriever. Le colvert parcoure souvent de longues distances à l’intérieur des terres avant de se raser sous un buisson. La sarcelle plonge puis se dissimule parmi les roseaux, ne laissant dépasser que son bec. Seul un excellent retriever saura tirer son épingle du jeu dans un cours d’eau. Ne vous aventurez jamais sur une rivière en crue quand les courants charrient des troncs d’arbres susceptibles de heurter le bateau et de vous faire chavirer. Quoi qu’il arrive, il faut toujours porter une brassière de sécurité ou une combinaison de néoprène. Un seul tireur est admis par embarcation, positionné à l’avant, le second se contentant de diriger l’embarcation. Il existe deux modes dattaches principaux L’attache individuelle le canard est fixé à la patte par une corde lestée au moyen d’une bague reliée à un émerillon et à un clou tournant. L’installation fixe une corde en double est arrimée à un piquet planté au milieu de la mare, auquel est arrimée une poulie. Toutes les chasses d’affût sont souvent fructueuses en bord de rivière. Les meilleurs lieux de pause se trouvent dans les parties assagies et peu accessibles de la rivière. L’oie cendrée Anser anser. Les oies Seules les oies cendrées, rieuses et des moissons peuvent être chassées en France, ainsi que la bernache du Canada considérée comme invasive. Ce sont des espèces terrestres qui s’alimentent plutôt en plein champ. Vous devez donc opérer le jour, dans les parcelles cultivées ou les pâtures. Le timing idéal se situe entre 1 heure après le lever du soleil et 13 heures. L’appeau ou un affût couché aux oies peuvent s’avérer nécessaires pour attirer les oies. Quand les silhouettes des oiseaux convoités s’inscrivent dans le ciel, on les appelle à l’appeau. Les oies ne tardent pas à survoler les formes pour se poser c’est le moment de tirer. On reproche à la bernache du Canada des dégâts aux semis, aux herbages ou aux espaces de loisirs périurbains. Vous pouvez l’attirer lors d’une levée d’étang ou à l’affût aux formes. La Bécassine des marais Gallinago gallinago. La bécassine des marais Pour se nourrir, elle cherche une terre meuble et suffisamment humide dans laquelle elle pourra enfoncer plus aisément son bec effilé. Elle fréquente les zones humides marquant une préférence nette pour les secteurs à végétation basse. Les tourbières d’altitude, en particulier celles des hauts plateaux du Massif central ou de la vallée du drugeon figurent parmi les plus emblématiques. Les bords d’étangs peuvent être favorables lorsque les niveaux d’eau baissent pour une pêche. Par ailleurs, elle fréquente souvent des lieux surprenants comme des champs de betteraves, de choux fleurs ou d’artichauts. Les pâtures, les terres cultivées partiellement inondées ou gorgées d’eau après de fortes précipitations peuvent aussi en accueillir. Les jours de grand vent, les oiseaux ne tiennent pas et partent à toutes distances. Certains préfèrent faire face au vent, de manière à faciliter le travail du chien qui capte mieux les émanations, et vous bénéficiez d’un effet de surprise puisque la bécassine détecte plus tardivement votre présence. D’autres préfèrent chasser vent dans le dos car l’oiselle vire rapidement sur l’aile pour remonter au vent, offrant aux chasseurs un tir plus facile, par le travers. Enfin certains préconisent l’approche par le travers, une bécassine qui décolle perpendiculairement aux chasseurs offre une cible plus facile. Le gibier blanc La chasse au gibier blanc requiert de bonnes connaissances ornithologiques car de nombreux oiseaux sont protégés. Vérifiez bien la législation avant tout acte de chasse sur ces espèces. Parmi les espèces chassables, on trouve l’huitrier pie, le courlis cendré, le chevalier arlequin, le chevalier gambette, le chevalier aboyeur, le bécasseau maubèche, la barge à queue noire et la barge rousse. Durant leur halte migratoire, tout ce gibier marin se nourrit sur les bancs de sable découverts par le jusant, avant de retourner à la côte au moment du flot. On le chasse donc devant soi ou à l’affût, dissimulé dans un trou creusé dans le sable. Pour mieux leurrer les limicoles, les experts imitent leurs cris avec un appeau ou en les sifflant. Le gilet de néoprène protège votre chien du froid et l’aide à la flottaison, ce qui peut sauver sa vie lorsqu’il doit affronter de forts courants de marée. Le vanneau huppé Vanellus vanellus. Le vanneau Gibier difficile et méconnu, le vanneau est chassé avec passion par quelques spécialistes qui opèrent à la botte et à l’affût. L’oiseau fait même l’objet de chasses traditionnelles, notamment dans les Ardennes, pratiquée par les derniers experts en la matière les Vagnolis. Les hutteaux couchés sont des abris individuels dans lesquels vous vous tenez couchés, qui vous isolent du froid et des intempéries. Certains sont flottants. Ils comportent généralement un siège bas dont le dossier est inclinable en plusieurs positions. L’ensemble est protégé par une épaisse enveloppe en tissu camo plus ou moins épais. Le fonds en PVC, imperméable, vous isole de l’humidité. Ces affûts sont parfaits pour guetter les vanneaux. Vous installez votre abri au milieu d’un champ ou près d’une zone humide, après avoir disposé des formes autour de vous. Il vous suffit de tirer sur une corde pour ouvrir l’affût et vous trouver en position de tir. Le grand gibier Le sanglier d’Europe Sus scrofa. Le sanglier Son habitat est essentiellement forestier bien qu’il s’adapte lorsque les conditions de quiétude, de couvert et de nourriture sont respectées. On le rencontre aussi bien en montagne que dans les forêts de feuillus ou les boisements de chênes verts de la garrigue et du maquis ou dans les habitats marécageux. Le développement de l’agriculture intensive du maïs et du sorgho à profondément modifié les habitudes du sanglier qui devient parfois un animal de lisières et s’établit dans les petits boqueteaux de plaine. Grâce aux poussées et aux mini-rabats dans le bocage, vous gagnez en discrétion le gibier moins dérangé, vous limitez le stress tout en évitant la désorganisation des groupes matriarcaux. Les chiens de petits pieds dérangent beaucoup moins un territoire et permettent de reprendre très vite une traque quand un gibier a été manqué. Le choix des chiens dépend du terrain et des habitudes locales. La nécessité de réguler des populations qui s’installent désormais en plaine impliquent une augmentation de la pression de chasse. Les pratiques estivales d’approche et d’affût ainsi que les battues dans les cultures sont les nouveaux outils des gestionnaires. En milieu urbain ou périurbain, l’arc permet d’intervenir efficacement, en silence et en limitant les risques. C’est une vraie solution d’avenir pour les interventions ponctuelles en ville qui a déjà fait ses preuves. Un sanglier occupé à se nourrir est moins attentif au bruit qu’un animal poussé par des chiens, mais il bénéficie en revanche d’un odorat extrêmement développé. Malgré sa vue basse, il détecte infailliblement le moindre mouvement suspect. Les aménagements destinés aux sangliers n’ont plus pour vocation première d’attirer les animaux mais plutôt de les cantonner de façon à les empêcher de commettre leurs dégâts en plaine. Pour servir l’animal à l’épieu, on peut attendre la charge de telle sorte que le sanglier s’empale sur la lame ou aller au-devant de l’animal avant de le frapper brutalement de côté au niveau du cœur. La lame pointée au bon endroit, juste en arrière d’un pied antérieur et devant le sternum, là où la pilosité semble plus clairsemée et la peau moins épaisse, le simple poids du manche suffit à la faire pénétrer. Le cerf élaphe Cervus elaphus. Le cerfs élaphe La généralisation du plan de chasse mais aussi des introductions ponctuelles ont favorisé un redressement spectaculaire des effectifs. L’observation des animaux lors du brâme est importante pour le gestionnaire qui pourra évaluer la densité d’une population sur son territoire, mais aussi repérer les meilleurs reproducteurs et les animaux déficients. Lorsqu’un faon nait, durant les premiers jours de son existence, sa meilleure arme est l’immobilité il se tient dissimulé dans des fourrés. Si par hasard vous en rencontrez un, ne le touchez pas. Le cerf est un animal corpulent et puissant dont le tir requiert l’emploi de munitions adaptées. Les calibres destinés aux tirs en battue à l’aide de carabine express sont le 9,3 x 74 et le 8 x 57 JRS. Les meilleures munitions tirées dans les carabines à verrou sont le 7 x 64 à balles lourdes au moins 10 g, le 8 x 68 S, le 9,3 x 62 et le 300 Winchester magnum. On peut également utiliser un fusil lisse, dans la mesure où la distance de tir est raisonnable 30 à 50 m maximum. Tous les types de balles en calibre 12 conviennent. On tire prioritairement Les biches non suitées Les daguets dont les perches sont plus courtes que les oreilles Tous les cerfs coiffés qui sont encore en velours début octobre Les cerfs ne portant pas de bois, coiffés de bois anormaux, ou d’un trophée s’inscrivant dans un triangle lorsqu’on observe l’animal de profile. Les cerfs dépourvus d’empaumure à la quatrième tête. Les animaux muant anormalement au printemps. Les cerfs présentant un mauvais aspect. Les animaux blessés. En revanche, on respecte les cerfs coiffés de bois se développant en hauteur et favorisant la pousse d’empaumures puissantes, les animaux portant de grands trophées, largement ouvert, qui sont des cerfs dominants et les biches meneuses. Le cerf sika Cervus nippon. Le cerf Sika En France, on note une volonté de nos autorités d’éradiquer ou de stopper l’expansion de l’espèce en éliminant systématiquement les nouvelles entités et en gérant au mieux l’existant. Ceci pour éviter des croisements entre le Sika et le cerf élaphe qui donne des individus fertiles. La communauté scientifique estime d’ailleurs que l’hybridation est généralisée au Royaume-Uni sans qu’il soit possible de revenir en arrière car le tir sélectif est impossible. À la fois discret et méfiant, le cerf Sika aime les forêts profondes, ce qui ne facilite pas son repérage. Le soir, le Sika quitte son refuge forestier pour s’aventurer à découvert. Vous le guettez alors à l’affût en vous embusquant près d’une place de brâme. L’endroit est souvent signalé par une curieuse excavation circulaire et humide que l’animal a l’habitude de creuser dans la tourbe avant de se rouler dedans pour se signaler à ses congénères. En septembre, inutile de beaucoup vous couvrir. Coupe-vent respirant et imperméable et laine polaire pour le soir. La tenue camo est recommandée. Ne pas oublier de masquer le visage et les mains, pensez aux jumelles et au couteau pour vider l’animal avant le transport à dos d’homme dans la montagne. Parmi les bons calibres recommandés, le 270, 270 WSM, 7 x 64,7 RM. Bonne optique de rigueur, suffisamment lumineuse et étanche. Le chevreuil Capreolus capreolus. Le chevreuil Doté d’une grande faculté d’adaptation, le chevreuil est présent partout. Le seul facteur limitant parait être la neige dont l’épaisseur ne doit pas excéder 80 cm. C’est avant tout un animal de lisières et de paysages ouverts. On peut le chasser de nombreuses manières en petites poussées silencieuses, en battue à cor et à cri, à l’approche, à l’affût, à courre ou à l’arc, seul ou en groupe, en début ou en fin de saison, de juin à février, en plaine comme en forêt, dans le bocage, le maquis ou en montagne. Concernant l’équipement vestimentaire, la discrétion est de rigueur. Des matières silencieuses comme la laine, le velours ou les nouveaux tissus techniques sont bien adaptées. Le camo n’est pas forcément nécessaire. L’important est de déstructurer la silhouette. Vous pouvez porter des vêtements de différents tons mais il faut éviter une tenue vestimentaire uniforme qui souligne votre silhouette. Des espadrilles à semelles de corps sont bien pour l’été. Concernant l’arme, l’approche s’accommode de calibres moins puissants que la battue. Des calibres véloces comme le 243 Winchester, le 240 Weatherby, le 6,5 x 62, le 270 WSM conviennent parfaitement. Il faut savoir prendre son temps, s’arrêter, jumeler. L’approche est une longue course de fond. Ne sortez pas systématiquement aux mêmes heures. Grâce au mirador, on dérange peu les territoires, on bénéficie de conditions optimales pour juger sur pied un animal, on est plus à l’aise et moins stressé pour tirer. L’affût et l’approche qui permettent d’exercer des prélèvements qualitatifs nécessaires à une bonne gestion viennent en complément de la battue, qui répond plus à une nécessité de prélèvement quantitatif. Blessé à mort dans une battue, la dernière défense du chevreuil consiste à se raser sous un couvert. Il aura souvent au préalable puisé dans ses dernières forces pour effectuer un formidable bond de côté qui provoque un décrochement de la voie. Les chiens peuvent alors le perdre. Contrairement à la plupart des gibiers, la voie de l’animal, forte au départ, s’atténue au fil de la chasse, devient légère, fugace, facile à sur-aller, et finit par disparaître presque complètement. C’est pourquoi ce déduit plus que tout autre nécessite des chiens requérants, rapides, suffisamment légers pour s’engager dans la ronce et robustes pour chasser des heures durant, ayant une finesse donnée exceptionnelle, de la voix et des attitudes héréditaires de sagesse qui les aident à ne pas changer d’animal. Le daim européen Dama dama. Le daim Animal forestier qui apprécie les peuplements mixtes et les paysages ouverts. Un environnement de type bocager convient à cet animal rustique et opportuniste qui s’adapte à tous les climats et aux habitats les plus variés. Dans de nombreux départements, le daim fait aujourd’hui l’objet de plans de tirs généraux destinés à réguler, voire à éradiquer ces espèces jugées invasives. Sans cesse sur le qui-vive, le daim est doté d’une vue perçante. Il distingue parfaitement les couleurs, et paraît même développer une aversion pour les gilets fluorescents qu’il semble repérer à grande distance. La tenue camouflée, la cagoule et les gants ne sont pas un luxe. Le tir s’effectuant souvent au crépuscule, le choix d’une lunette très lumineuse, de grossissement 3,5-10 s’imposent. Les jumelles doivent aussi présenter un bon indice crépusculaire. Le daim est un robuste animal que vous tirerez avec une munition à trajectoire tendue les calibres 7 x 64,7 RM, 270 Winchester ou 270 WSM sont parfaitement adaptés à cette chasse. Le gibier de montagne Le chamois Rupicapra rupicapra. Le chamois Le chamois n’occupe pas les mêmes étages selon la saison. Hôte de la moyenne montagne, il regagne les hauts sommets dès l’arrivée des beaux jours par crainte de l’homme. On le rencontre entre 800 et 2800 mètres d’altitude bien que des hardes ai été aperçues à 4000 m. Il fréquente surtout les zones d’alpages pour s’alimenter. La disette et les mauvaises conditions atmosphériques l’incitent à regagner l’étage montagnard en période hivernale. La capacité d’accueil d’un territoire est liée à ses ressources alimentaires hivernales qui conditionnent la densité du cheptel. De bonnes jumelles et une longue-vue sont indispensables pour repérer puis identifier les animaux. Les armes utilisées pour ce type de chasse doivent être courtes, légères et maniables afin de ne pas gêner le chasseur dans ses mouvements et ne pas constituer un handicap par leur poids ou leur encombrement. Les calibres les mieux adaptés à ce tir de précision sont le 240 Weatherby, le 243 Winchester balles de 6,5 g, le 6,5 x 57 balles de Seagram et le 6,5 x 68 bal de Seagram, les 270 Chester ou 270 WSM. De nombreux spécialistes accordent leur préférence au kipplauf, carabine à un seul canon basculant, légère et très maniable. La nécessité de se trouver sur place avant le jour oblige à effectuer sa marche d’approche en pleine nuit, ce qui suppose une bonne connaissance des itinéraires. Dans bien des cas, le départ a lieu la veille il est suivi d’un bivouac en altitude. Le mouflon corse Ovis aries musimon. Le mouflon de Corse En France continentale, le mouflon méditerranéen évite une couche de neige supérieure à 30 cm qui l’empêche de se nourrir et rejoint les étages forestiers dès que l’hiver s’installe. C’est avant tout un animal de paysages ouverts où il se nourrit de plantes herbacées. La chasse doit débuter très tôt, un peu avant l’aube, de manière à se retrouver sur un point élevé qui domine la vallée au lever du jour. Les mouflons, qui se trouvent au gagnage en début de matinée, se méfient moins du danger venant des cimes, portant plutôt leur attention vers le bas. L’approche s’effectue donc à partir des crêtes, contre le vent de préférence. Tous les calibres conçus pour l’approche en montagne, tendus et rapides, peuvent convenir 270 Winchester ou encore 6,5 x 68. La lunette, à grossissements variables de préférence 3,5-10 par exemple doit être parfaitement réglée et très lumineuse. Préférez les modèles escamotables logés dans le sac. Le Lièvre variable Lepus timidus. Le lièvre variable Le gros des effectifs de l’espèce vit au-delà de 50° de latitude nord son aire de répartition s’étend des Alpes françaises et des îles britanniques à la Scandinavie, la Sibérie et l’Alaska, ceci jusqu’à l’archipel d’Hokkaido. Difficile à observer par corps » en raison de ses mœurs nocturnes, sa présence sur un territoire est en revanche facile à relever. Il abandonne de nombreuses traces sur son passage. Sa piste, typique en Y, est formée de quatre empreintes, dont les deux avant correspondent aux postérieures. L’animal se déplace par sauts dont la longueur varie de 50 cm à 2 m. Il égrène de nombreuses crottes sur son territoire, lisses et rondes, un peu granuleuses comme de la sciure agglomérée. Une coupure franche en biseau sur des ramilles lui sert aussi de signature. En forêt, il effectue un parcours en cercle qui le fait presque toujours revenir à son point de départ. Lancé à découvert, le lièvre se sait vulnérable. Il perd donc moins de temps à ruser et limite ses crochets. Le Lagopède alpin Lagopus muta. Le lagopède des Alpes Son plus grand défi consiste à survivre durant les hivers rigoureux de l’Arctique et de la haute montagne qui lui imposent des conditions d’existence précaires. Il a développé des adaptations extraordinaires. Dans les Alpes et les Pyrénées, il vit entre 1800 m et 3000 m, depuis les pâtures qui se trouvent au-dessus de la limite des arbres jusqu’au glacier. À l’époque de la nidification, il occupe la partie basse de son domaine, à une altitude comprise entre 2000 et 2500 mètres. Le lagopède est un gibier superbe surtout chassé au chien d’arrêt en France dans un environnement difficile. Ailleurs, notamment en Laponie suédoise, il est également tiré à l’approche dans la neige, à l’arme rayée. Son envol, souvent bruyant, crée un effet de surprise. L’oiseau adopte un vol généralement plane et silencieux, les ailes arquées. Ses distances de vol sont assez courtes. La perdrix bartavelle Alectoris graeca. La perdrix bartavelle Sa chasse est soumise à de sévères restrictions. Elle est présente en France uniquement dans les Alpes. Sédentaire, elle effectue toutefois des déplacements saisonniers liés à la recherche de nourriture. Dès la fin de l’automne, elles se rassemblent en groupes pour rejoindre les basses vallées. L’oiseau supporte mal le froid, pas plus que la neige, ses pattes n’étant pas emplumées comme celles des tétraonidés. Il est préférable de chasser la bartavelle aux heures chaudes de la journée. Elle se laisse alors mieux arrêter et offre des coups de fusil plus faciles. Il est important de tirer l’oiseau à l’instant précis de l’envol, quand la perdrix n’a pas encore atteint sa vitesse de pointe. Le chien doit être puissant, endurant et expérimenté. La Gélinotte des bois Tetrastes bonasia. La gélinotte des bois En France, la plupart des populations vivent en zone de montagne, à des altitudes comprises entre 900 et 1800 mètres. L’oiseau colonise des forêts hétérogènes comportant des peuplements jeunes et plus âgés répartis en mosaïques. La gélinotte fréquente plus particulièrement les lisières, les sentiers et les abords de chemins forestiers. En altitude, elle occupe les forêts de conifères où dominent l’épicéa et le sapin, de préférence mélangés à d’autres essences résineuses et feuillues. La silhouette de la gélinotte est massive, grosse comme une perdrix allongée, toujours inférieure à celle d’un tétras. Son vol n’excède pas une centaine de mètres. Perchée sur une grosse branche située souvent à mi-hauteur de l’arbre, plus ou moins collée au tronc où le mimétisme de son plumage la rend presque invisible, elle conserve une immobilité absolue. Elle est actuellement chassée dans trois départements l’Isère et les deux Savoie. Les populations françaises ont souffert des pratiques sylvicoles modernes qui appauvrissent les ressources alimentaires. Coupes à blanc, uniformisation, déboisement, enrésinements intensifs ont entraîné en moins de 40 ans un rétrécissement de l’aire de répartition originelle de 40 %. C’est un gibier difficile dont le tir nécessite des chiens d’exception. Le Tétras lyre Tetrao tetrix. Le tétras lyre En hiver, l’oiseau qui limite ses déplacements se cantonne dans des remises susceptibles de répondre à ses besoins vitaux en termes d’alimentation et de protection contre le froid. Il fréquente alors des boisements clairs de mélèze, de bouleau et de sorbiers auxquelles se mêlent des pins, plutôt exposés au nord car la neige est plus légère. À la belle saison, il rejoint les étages supérieurs à la limite des arbres. L’oiseau s’accommode d’une grande variété de milieux selon les pays, seules les pentes brûlées par le soleil ne lui conviennent pas. Le Grand Tétras Tetrao urogallus. Le grand tétras Il apprécie la forêt primaire, un mélange d’arbres de tous âges pas trop serrés favorisant un bon ensoleillement du sous-bois et le développement d’une strate herbacée et arbustive indispensable à l’espèce. Il fréquente les forêts de conifères vieilles futées de sapins, épicéa, pin sylvestre… entrecoupés d’éclaircies et de clairières ou encore les boisements mixtes. La forêt doit laisser filtrer la lumière de manière à permettre le développement d’arbustes à baies. Après les atteintes portées à son habitat forestier déboisement, sylviculture intensive, fermeture du milieu…, il faut retenir la prédation exercée sur les jeunes et les pontes notamment par le renard et la martre, le braconnage des coqs chanteurs ici et là, l’aménagement de la montagne à des fins récréatives qui morcellent l’habitat et le dérangement lié à ces activités. Sa chasse est seulement autorisée dans les Pyrénées. Seuls les coqs maillés peuvent être chassés, sur environ la moitié de leur aire de répartition. Le chien doit savoir mener sa quête tête haute, pour mieux capter les émanations à grande distance. Le défi est de déjouer la défense du gibier qui consiste à se dérober comme un bolide en utilisant la végétation pour masquer sa fuite. Le gibier à réguler Le renard roux Vulpes vulpes. Le renard Très opportuniste, sa capacité d’adaptation en fait l’un des carnivores sauvages les plus répandus dans l’hémisphère nord. Nocturne, il mène une existence discrète à l’abri des regards. Pour identifier la présence du renard, il faut savoir reconnaître ses indices de présence. Longues de 5 cm pour un diamètre de 4 ou 5 cm, les empreintes ne révèlent que quatre doigts terminés par des griffes parallèles. Quand le renard marche dans la neige, il pose ses pieds les uns derrière les autres sa voie adopte une trajectoire rectiligne. Longues d’environ 10 cm pour un diamètre de 2 cm, ses crottes sont souvent torsadées à une extrémité et colorées quand il a consommé des baies sauvages. Pour la vénerie du renard, les auxiliaires doivent être à la fois rapides et endurants, fins de nez pour relever une voie fugace mais aussi perçants dans la ronce. Certains équipages opèrent à pied, d’autres à cheval. Plusieurs calibres sont parfaits pour le tir à l’approche du renard le 22 Hornet, le 222 Remington, le 243 Winchester, le 5,6 x 57, ou encore le L’arme doit être équipée d’une lunette à bon indice crépusculaire, de grossissement 6 à 8 x 52 à 56. En rajoutant un point rouge, l’efficacité n’en est que meilleure. Pour les tirs lointains, un bi-pied télescopique s’avère bien pratique, ou une canne de pirsch. Pensez aux Trigger Sticks de chez Primos qui sont dotés d’une gâchette qui libèrent les pieds et les positionnent automatiquement au sol, selon le relief. Les armuriers proposent souvent des packs arme + lunette intéressants, dans diverses marques dont Browning ou Baïkal en version kipplauf. Il est important de porter des gants, une cagoule et une tenue de type camo feuillage ». Anglo-français de petite vénerie, harrier ou beagle-harrier sont appréciés en vénerie. Ces chiens, courageux au fort sont capables en même temps de soutenir un rythme très rapide sur de longues distances. Ariégeois, grand griffon vendéen ou nivernais, fox-hounds sont également appréciés en chasse à tir, ainsi que tous les chiens de taille moyenne de type briquet briquet fauve de Bretagne, griffon vendéen, petit bleu de Gascogne, Bruno du Jura… Le Geai des chênes Garrulus glandarius. Les becs droits La corneille noire est considérée comme le plus dangereux des becs droits elle fréquente les bords des étangs où elle détruit des couvées de canard et les zones dégagées pour y repérer levreaux ou lapereaux qu’elle assomme avant de les dévorer par les yeux. La pie bavarde est une gobeuse d’œufs, qui peut aussi assommer d’un seul coup de bec un lapereau ou un levreau. Le geai des chênes, à l’époque des couvées, pille les nids de passereaux. La régulation des becs droits est soumise à une réglementation très stricte qu’il convient de bien connaître pour opérer en toute légalité. Il faut d’abord obtenir l’autorisation écrite du propriétaire du droit de chasse puis adresser ce document accompagné de l’imprimé officiel de demande de destruction des nuisibles à la mairie de la commune concernée par les prélèvements. Vous pouvez vous procurer le livre sur Amazon La librairie Eyrolles Sommaire du livre Encyclopédie de la chasse » Introduction La France le plus beau pays de chasse au monde Vers un autre regard sur la chasse ? Chasser jusqu’au bout de la passion… et de la raison! Droit à chasser ces prétextes qui n’en sont pas Les associations de chasse spécialisées Les oiseaux migrateurs, au cœur de notre culture Le chien le plus vieil ami de l’homme Les vrais débuts de la chasse à tir En octobre un dimanche à la chasse! Gibiers prélevés en France la dernière enquête de l’Office national de la faune sauvage et de la Fédération nationale des chasseurs. Petits gibiers des plaines et des bois Le lièvre brun Le lapin de garenne La perdrix rouge. La perdrix grise Le faisan de Colchide Le faisan vénéré La bécasse des bois Le pigeon ramier La tourterelle des bois La caille des blés L’alouette des champs Les grives et le merle Le gibier d’eau Les canards Les oies La bécassine des marais Les limicoles Le grand gibier Le sanglier Le cerf élaphe Le cerf sika Le chevreuil Le daim Le gibier de montagne Le chamois Le mouflon de Corse Le lièvre variable Le lagopède des Alpes La perdrix bartavelle La gélinotte des bois Le tétras-lyre Le grand tétras Le gibier à réguler Le renard Les becs droits
Tournezau premier croisement sur la gauche et montez jusqu’au sommet de la colline. Tournez à nouveau à gauche pour ensuite aller tout droit et rejoindre à nouveau la D7. Traverserez la D7 pour arriver au pied du village de Marsolan. Montez au village. MARSOLAN Faites une pause sur le belvédère. Exemple typique et magistral d’un Bourg castral qui se développe entre le XII et
Originaired’Allemagne, l’Alouette de Cobourg a conquis de nombreux éleveurs français par sa rusticité et sa fécondité exceptionnelle. Ce pigeon adore la liberté : il est capable de trouver lui-même une grande partie de sa nourriture. Il faut donc le tenir en volière pendant la période de chasse, car sa grande ressemblance avec le ramier met ses jours en danger.
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  • croisement pigeon ramier et bleu de gascogne